Pendant ce temps, d'anciens diplomates iraniens critiquent la politique étrangère de Téhéran

Des milliers de personnes demandent à l'UE de désigner les Gardiens de la révolution iraniens comme un groupe terroriste

AFP/FREDERICK FLORIN - Des milliers de personnes participent à un rassemblement contre le régime iranien devant le Parlement européen à Strasbourg

Des Iraniens vivant en Europe se sont rendus au cœur de l'UE pour demander que l'UE désigne les Gardiens de la révolution islamique d'Iran (IRGC) comme un groupe terroriste. Des milliers d'Iraniens et de militants de tout le continent se sont rassemblés à Strasbourg, siège du Parlement européen, pour demander aux responsables politiques de l'UE de suivre les États-Unis et le Royaume-Uni en inscrivant l'IRGC sur une liste noire à Bruxelles. 

Washington a désigné l'organisme iranien comme une organisation terroriste en 2019 sous Donald Trump. D'autre part, selon la presse britannique, Londres envisage de prendre la même décision.  

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Selon les chiffres de la police recueillis par l'AFP, quelque 12 000 personnes ont participé à la manifestation et à la marche qui a suivi vers le Parlement, où se tenait une session plénière mensuelle. La présidente du Parlement, Roberta Metsola, a assuré aux manifestants que l'UE soutenait les protestations en cours en Iran. Les manifestations ont commencé en septembre dernier après le meurtre de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans, par la police des mœurs parce qu'elle ne portait pas correctement le foulard islamique.  

Depuis lors, près de 500 personnes sont mortes à la suite d'une répression policière brutale. En outre, les autorités iraniennes ont déjà commencé les exécutions. Jusqu'à présent, le régime théocratique a tué quatre hommes : Mohsen Shekari (23 ans), Majidreza Rahnavard (23 ans), Mohammad Mehdi Karami (22 ans) et Seyed Mohammad Hosseini (39 ans). Le nombre de personnes exécutées est susceptible d'augmenter, car plusieurs autres sont condamnées à être pendues. 

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"Nous ferons pression sur la communauté internationale pour qu'elle réponde avec force à la terreur que le régime fait régner sur le peuple iranien. Il doit y avoir une réponse mondiale forte", a déclaré Metsola.  

Depuis le début des protestations, les Iraniens ont appelé la communauté internationale à prendre des mesures fortes et fermes contre le régime. Il s'agit notamment de sanctions contre l'élite militaro-politique, de la suspension des relations avec Téhéran et de l'expulsion des membres du régime du sol européen. L'inscription du Corps des gardiens de la révolution islamique sur la liste des organisations terroristes de l'UE "changerait énormément les choses, d'abord sur le plan économique et géopolitique", a déclaré à l'AFP Sahar Aghakhani, une étudiante franco-iranienne de 26 ans qui a participé à la manifestation à Strasbourg.  

Les Iraniens dénoncent le fait que, depuis des années, les Gardiens de la révolution terrorisent et tuent des civils iraniens à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Ils soulignent également que l'organisation joue un rôle clé dans la déstabilisation du Moyen-Orient. Comme le souligne l'association Jeunesse unie d'Iran dans un communiqué, l'IRGC viole les droits de l'homme, non seulement en Iran, mais aussi en Syrie et en Ukraine, pays qui subit des attaques majeures avec des drones iraniens fournis par Téhéran à la Russie. 

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L'alliance de jeunes Iraniens créée lors des manifestations actuelles fait également référence à la corruption au sein du corps, notamment à son implication présumée dans le trafic de drogue et d'armes et le blanchiment d'argent. "Les actions de l'IRGC n'apportent rien d'autre que la douleur, la mort et la corruption au Moyen-Orient et dans le monde", souligne la déclaration. C'est pourquoi des citoyens syriens et ukrainiens ont également soutenu cette initiative et demandent que le Corps des gardiens de la révolution islamique soit désigné comme un groupe terroriste. 

Des membres de l'Association des familles des victimes du vol PS752, qui a été abattu par l'IRGC avec deux missiles sol-air alors qu'il décollait de Téhéran le 8 janvier 2020, sont également venus dans la ville française de Strasbourg. "Les actes de terrorisme commis par l'IRGC sont innombrables", a déclaré l'association.

Des actrices iraniennes telles que Golshifteh Farahani, Nazanin Boniadi et la célèbre militante Masih Alinejad ont également appelé la communauté internationale à inscrire l'organisme iranien sur la liste des organisations terroristes.  

"Nous nous rassemblons pour faire entendre les femmes et les hommes iraniens en Europe et pour demander au Parlement européen de continuer à être du bon côté de l'histoire", a déclaré l'eurodéputé suédois Alireza Akhondi, l'un des organisateurs de la manifestation. "Sans l'aide de l'Europe, sans nous pour être leur voix, il n'y aura pas de révolution en Iran", a-t-il ajouté.

Sur ce point, de nombreux Iraniens de la diaspora sont d'accord et appellent les médias et les citoyens européens à continuer de donner une voix à leurs compatriotes dans le pays.  

Critique de la politique étrangère de Téhéran 

Alors que les Iraniens du monde entier appellent la communauté internationale à désigner le Corps des gardiens de la révolution islamique comme une organisation terroriste, d'anciens diplomates iraniens ont commencé à critiquer la politique étrangère actuelle menée par le régime de Téhéran.

Les diplomates mettent l'accent sur le blocage des discussions visant à relancer l'accord nucléaire, ainsi que sur la fourniture de drones à la Russie lors de son invasion de l'Ukraine. Les deux, préviennent-ils, pourraient isoler et affaiblir encore plus l'Iran sur le plan économique.  

Hamid Aboutalebi, un ancien conseiller politique de l'ancien président Hassan Rohani, a noté sur Twitter que "la politique étrangère de l'Iran a été "capturée par les extrémistes". D'autre part, Nosratollah Tajik, ancien ambassadeur en Jordanie, a déclaré que la position actuelle de l'Iran sur la guerre en Ukraine "conduira à l'effondrement économique de l'Iran, créera davantage de mécontentement public et remettra en question l'autorité du gouvernement pour résoudre les problèmes politiques, sociaux et financiers", selon The Guardian

Le journal britannique rapporte également les déclarations de Seyyid Mohammad Sadr, ancien chef de la division Europe du ministère des Affaires étrangères, et de Jalal Sadatian, ancien haut diplomate iranien au Royaume-Uni dans les années 1980. Selon Sadr, le gouvernement iranien a laissé passer "une occasion en or" de relancer l'accord nucléaire. 

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