Erdogan annonce l'assassinat d'un haut dirigeant kurde dans le nord de l'Irak

Le président turc Recep Tayipp Erdogan a annoncé lundi l'assassinat de l'officier général du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Syrie voisine. Le haut commandant de l'organisation, dont le nom de code était Sofi Nurettin, a été "neutralisé" lors de l'opération Claw Lightning, lancée par l'armée ottomane le 8 mai dans le nord de l'Irak.
La manœuvre, exécutée conjointement par les services de renseignement turcs et les forces armées, s'inscrit dans le cadre des multiples offensives aériennes et attaques transfrontalières dirigées par la Turquie vers le nord de l'Irak pour en finir avec les bases arrière du PKK, organisation considérée comme "terroriste" par Ankara.
Halef El Muhammed, plus connu sous le nom de Sofi Nurettin, était l'un des meneurs de l'organisation et l'une des figures les plus importantes de l'organigramme du PKK. Toutefois, sa zone d'influence était concentrée en Syrie et non en Irak, où il aurait été exécuté. Nurettin était "l'homme qui a conçu le PKK en Syrie" et dirigeait toutes les opérations de l'organisation dans ce pays, selon les médias locaux.

"Les activités de Nurettin, tant dans la région du Kurdistan qu'en Syrie, confirment l'accusation de la Turquie selon laquelle les organisations kurdes du nord-est de la Syrie font partie du PKK", a déclaré Erdogan. "La situation de Sofi Nurettin (...) a révélé qu'il est impossible de nier le fait que le PKK/KCK [l'aile politique du PKK] et le PYD [Parti de l'union démocratique] / YPG [Unités de protection du peuple] sont la même organisation."
Le président turc a révélé l'assassinat du haut commandant du PKK lors d'une apparition télévisée après le Conseil des ministres. Lors de cette déclaration, Erdogan a accusé Nurettin d'être à l'origine de l'exécution de 13 otages turcs, dont des militaires et des policiers, lors d'une opération ratée en janvier pour les libérer dans la montagne de Gara, située à environ 50 kilomètres au nord-est de Duhok.
En avril dernier, les forces armées turques ont lancé les opérations Claw Lightning et Claw Thunderbolt contre le PKK, également dans la région de Duhok, à quelques kilomètres de la frontière irakienne avec la Turquie. L'objectif prioritaire d'Erdogan est l'établissement d'une base militaire turque afin de bloquer l'activité du PKK dans la région et de protéger la Turquie d'éventuelles incursions de l'organisation, ce qu'Ankara s'efforce de faire.
Les autorités ottomanes comptent la mort de neuf soldats depuis le début des opérations, tandis que le PKK affirme avoir perdu 18 combattants. Pour l'instant, l'organisation kurde n'a pas commenté l'assassinat de son officier général en Syrie, Sofi Nurettin.

Depuis le début des hostilités en 2015, lorsque le cessez-le-feu de deux ans et demi entre la Turquie et le PKK a été rompu, plus de 5 732 personnes ont été tuées, dont des soldats turcs, des militants du PKK et des civils, selon le dernier décompte de l'International Crisis Group. La grande majorité de ces victimes, environ 600, se trouvaient dans les rangs de l'organisation kurde.
Plongé dans une situation d'affrontements et d'insécurité permanents, le gouvernement régional du Kurdistan irakien (GRK) a qualifié d'inacceptable la présence du PKK à Sinjar, une ville située dans le nord-est de l'Irak, et a exhorté les militants à quitter la région.
Le harcèlement des Kurdes par le gouvernement turc n'a pas seulement lieu à l'extérieur du pays, mais aussi à l'intérieur, provoqué par le fait que les institutions ne cessent de pointer du doigt cette minorité. Ceci explique les nombreux épisodes violents contre la population kurde vivant en Irak.

L'ingérence de la Turquie sur le sol irakien a fait l'objet de tensions entre les deux pays. Début mai, le ministère irakien des affaires étrangères a envoyé une note de protestation contre les "violations de la souveraineté irakienne" résultant de la visite, le 1er mai, du ministre turc de la défense, Hulusi Akar, sur une base militaire turque au Kurdistan irakien, accompagné du chef de l'état-major général turc, le général Yasar Guler, et du commandant des forces terrestres, Umit Dundar.
La Turquie a répondu à cette lettre en déclarant qu'elle respectait pleinement la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Irak, tout en soulignant l'importance de mener à bien ces opérations, car elles s'inscrivent dans le cadre des efforts visant à éradiquer les rebelles du PKK. Les experts soulignent que la réaction de Bagdad vise à affirmer l'autorité du Premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi et qu'il est peu probable qu'elle freine les activités de la Turquie.
La Turquie a également lancé diverses opérations antiterroristes dans le nord de la Syrie, autre point central de sa lutte contre le PKK, dans le but d'empêcher la formation d'un corridor de terreur et de permettre l'installation pacifique des résidents.
Compte tenu de la faiblesse du PKK en Turquie et dans le nord de l'Irak, les groupes liés à l'organisation kurde ont choisi de concentrer leurs attaques sur les forces turques et leurs alliés de l'Armée nationale syrienne dans la vaste étendue de territoire occupée par la Turquie dans le nord de la Syrie, où elle transgresse également la souveraineté, notamment dans l'enclave d'Afrin à majorité kurde.