Erdogan augmente la pression sur l'opposition avec de nouvelles arrestations

Plus d'un millier de personnes, dont des journalistes et des opposants politiques, ont été arrêtées en Turquie depuis le début des manifestations la semaine dernière 
Un manifestante con ropas derviches y una máscara de gas durante una protesta contra el arresto del alcalde de Estambul, Ekrem Imamoglu - REUTERS/ MURAD SEZER
Un manifestant portant des vêtements de derviche et un masque à gaz lors d'une manifestation contre l'arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu - REUTERS/ MURAD SEZER

La tension continue de monter en Turquie après l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, la semaine dernière. Cet événement a déclenché les plus grandes manifestations dans le pays depuis plus d'une décennie, avec des manifestations dans différentes régions qui ont été fermement réprimées par les autorités. 

Manifestantes con banderas turcas participan en una protesta contra la detención del alcalde de Estambul, Ekrem Imamoglu - REUTERS/ CAGLA GURDOGANA
Des manifestants portant des drapeaux turcs participent à une manifestation contre l'arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu - REUTERS/ CAGLA GURDOGANA

Imamoglu, principal opposant politique du président Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté avec plus d'une centaine de personnes, dont des politiciens, des journalistes et des hommes d'affaires, pour corruption. Parmi les personnes arrêtées figurent également un conseiller clé et deux maires de district d'Istanbul, dont l'un a été remplacé par un fonctionnaire nommé par le gouvernement. 

Aujourd'hui détenu à la prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, Imamoglu a nié les accusations, assurant qu'il s'agissait d'une persécution politique. En outre, l'Université d'Istanbul a annoncé qu'elle révoquerait son diplôme universitaire en raison de prétendues irrégularités, ce qui pourrait remettre en question son éligibilité à la présidence, car la Constitution turque exige des études supérieures pour exercer cette fonction. Les avocats d'Imamoglu ont déjà annoncé qu'ils feraient appel de cette décision.

La situation se complique avec l'intention du parquet de l'accuser également d'avoir « aidé une organisation terroriste armée », bien que le tribunal turc ait déclaré qu'il ne jugeait pas nécessaire pour le moment de formuler cette accusation. 

El alcalde de Estambul, Ekrem Imamoglu, del principal partido de la oposición, el Partido Republicano del Pueblo (CHP) - REUTERS/ DILARA SENKAYA
Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition - REUTERS/ DILARA SENKAYA

Le Parti républicain du peuple (CHP), principale formation d'opposition, a fermement soutenu Imamoglu. Malgré son arrestation, le parti l'a confirmé comme candidat à la présidence pour les élections de 2028 lors d'un vote symbolique dimanche dernier, auquel près de 15 millions de personnes ont participé, selon son dirigeant, Ozgur Ozel. 

Ozel a également dénoncé la censure imposée par le gouvernement sur les réseaux sociaux. « Aujourd'hui, ils tentent de supprimer les réseaux sociaux. Acceptez-le, Monsieur Tayyip (le président Erdogan) : vous ne pouvez pas supprimer la voix du peuple », a-t-il écrit sur son compte X, où il a également remercié la plateforme « pour son attitude courageuse, démocratique et libérale ». 

 Ozgur Ozel, líder del principal partido de oposición de Turquía, el Partido Republicano del Pueblo (CHP), acompañado por el alcalde de Estambul, Ekrem Imamoglu - REUTERS/ DILARA SENKAYA
 Ozgur Ozel, leader du Parti républicain du peuple (CHP), accompagné du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu - REUTERS/ DILARA SENKAYA

Les manifestations se sont étendues à l'ensemble du pays. Depuis l'arrestation d'Imamoglu mercredi, des milliers de personnes sont descendues dans les rues dans au moins 55 des 81 provinces de Turquie, selon un décompte de l'agence de presse française AFP

Les manifestations, qui se sont poursuivies pendant cinq nuits consécutives, ont été réprimées à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc et ont donné lieu à de nombreuses arrestations. Selon les chiffres officiels du ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, plus de 1 133 personnes ont été arrêtées depuis le début des protestations. 

Una persona sostiene una flor ante los agentes de policía durante una protesta - REUTERS/ ALEXANDROS AVRAMIDIS
Une personne tient une fleur devant des policiers lors d'une manifestation - REUTERS/ ALEXANDROS AVRAMIDIS

Yerlikaya a défendu les actions du gouvernement, affirmant que les mobilisations « ont abusé du droit de manifester » et que les manifestants tentent « de troubler l'ordre public, d'inciter à des événements de rue et d'attaquer notre police ». Dans un long communiqué, il a averti que « la terreur dans nos rues et la menace pour la paix et la sécurité de notre nation ne seront pas tolérées ».

Parmi les personnes arrêtées figurent également neuf journalistes qui couvraient les manifestations, selon le Syndicat des journalistes de Turquie. L'un d'entre eux est un photographe de l'agence de presse française AFP

El presidente turco, Tayyip Erdogan, habla en el Foro Empresarial Malasia-Turquía durante su visita de trabajo a Malasia, en Putrajaya, Malasia, el 11 de febrero de 2025 - REUTERS/ HASNOOR HUSSAIN
Le président turc Tayyip Erdogan s'exprime lors du Forum commercial Malaisie-Turquie pendant sa visite de travail en Malaisie, à Putrajaya, Malaisie, le 11 février 2025 - REUTERS/ HASNOOR HUSSAIN

Alors que le pays vit des moments de grande tension, les voix critiques dénoncent le fait que le gouvernement d'Erdogan durcisse la répression pour affaiblir l'opposition en vue des prochaines élections. L'arrestation d'Imamoglu et le climat de protestation ont placé la Turquie sous les projecteurs internationaux, tandis que l'inquiétude grandit quant à l'avenir démocratique du pays.