Washington veut garantir la sécurité de l'Algérie en échange du rétablissement des relations avec Rabat

Les Etats-Unis pressent l'Algérie de normaliser ses relations avec le Maroc

PHOTO/FILE - Frontera entre Marruecos y Argelia
PHOTO/FILE - Frontière entre le Maroc et l'Algérie

Le Maroc pourrait avoir une nouvelle opportunité de consolider son leadership régional avec l'aide des Etats-Unis. Maghreb Intelligence évoque de possibles pressions de Washington pour que l'Algérie reprenne la voie diplomatique avec le royaume alaouite. L'objectif est de rétablir la paix en Afrique du Nord et d'établir un réseau de relations bénéfiques pour toutes les parties, éloignées depuis la rupture entre Rabat et Alger à l'été 2021.

Ce qui ne semble pas si simple, c'est d'aborder la question du Sahara à un stade aussi précoce de ce mouvement orchestré depuis la Maison Blanche. S'il est vrai que c'est l'une des tâches marquées en rouge par les Américains, ils veulent d'abord remettre sur les rails ce que la cause sahraouie a séparé. Les Etats-Unis s'emploient donc à convaincre l'Algérie à travers le garant de la sécurité, précisément dans un contexte hostile au peuple d'Abdelmajdid Tebboune.

Presidente de Argelia, Abdelmajdid Tebboune
Président de l'Algérie, Abdelmajdid Tebboune

Le secrétaire d'Etat adjoint américain Joshua Harris s'est rendu mercredi en Algérie pour une visite motivée par "le conflit du Sahara occidental". Toutefois, selon les médias précités, l'intention n'est pas de s'engager dans cette voie, mais plutôt de "persuader l'Algérie" de reconsidérer sa position dans la crise diplomatique qu'elle traverse depuis plus de deux ans avec le Maroc.

L'idée de Washington est d'offrir la sécurité à Alger à un moment difficile pour l'administration Tebboune. Israël, le Maroc et même les Emirats Arabes Unis représentent une menace pour la position de l'Algérie, et c'est dans ce contexte que les Etats-Unis peuvent offrir des garanties qu'aucun de ces pays - tous proches alliés du pays de Joe Biden - ne menacerait la stabilité de l'Algérie. Washington opérerait ainsi un virage doublement bénéfique pour sa position dans la région.

PHOTO/AP - Banderas de Marruecos y Estados Unidos
PHOTO/AP - Drapeaux du Maroc et des Etats-Unis

En plus d'apporter la stabilité à l'Afrique du Nord elle-même, il s'imposerait comme la charnière qui rend possible la coexistence de tous ces pays. Il s'agirait de contrecarrer l'influence que la Chine a acquise en tant que pays médiateur dans des territoires compliqués, comme son rôle dans la normalisation des relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Aujourd'hui, ce sont les États-Unis qui peuvent avoir un impact clé sur la situation au Maghreb.

Ce qu'ils demandent de l'autre côté de l'Atlantique, c'est que l'Algérie mette de côté "le radicalisme de sa politique anti-marocaine", et accepte un retour progressif aux relations bilatérales avec le Maroc, selon des sources consultées par Maghreb Intelligence. Elles craignent qu'une éventuelle escalade des tensions ne mette la région en danger et ne conduise à une nouvelle confrontation. Les États-Unis accordent une grande importance à leur partenariat avec le Maroc et ne souhaitent pas prolonger une situation de crise qui pourrait compromettre leurs projets à long terme dans la région.

PHOTO/AFP/SAUL LOEB - El presidente de Estados Unidos, Joe Biden (Derecha), y el presidente de China, Xi Jinping (Izquierda), se reúnen al margen de la Cumbre del G20 en Nusa Dua, en la isla turística indonesia de Bali, el 14 de noviembre de 2022
PHOTO/AFP/SAUL LOEB - Le président américain Joe Biden (à droite) et le président chinois Xi Jinping (à gauche) se rencontrent en marge du sommet du G20 à Nusa Dua, sur l'île indonésienne de Bali, le 14 novembre 2022

La Maison Blanche craint que la Chine et la Russie ne gagnent en influence en Afrique du Nord. Leurs récentes actions au Moyen-Orient ont fait comprendre à Washington qu'il ne voulait pas perdre l'une de ses régions les plus influentes. Tous les acquis des accords d'Abraham, qui ont permis d'approfondir les relations avec tous les signataires qui ont reconnu Israël comme un État, sont menacés, en grande partie à cause des tensions qui divisent la partie nord du continent. C'est pourquoi la priorité des États-Unis est de réorienter ce que beaucoup considèrent encore comme une perspective lointaine, à savoir le rétablissement des relations entre le Maroc et l'Algérie.