Le Kenya et le Maroc renforcent leur alliance : plus de commerce, d'infrastructures et une vision commune pour l'Afrique

Une visite qui marque un tournant dans les relations bilatérales
Musalia Mudavadi, primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, junto a Aziz Akhannouch, primer ministro de Marruecos el 27 de mayo de 2025  - PHOTO/MFA KENYA
Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, avec Aziz Akhannouch, Premier ministre du Maroc, le 27 mai 2025  ; - PHOTO/MFA KENYA

La récente visite d'État du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, Musalia Mudavadi, au Maroc n'a pas été une simple visite diplomatique, mais un signe clair que les deux pays s'engagent dans une relation à long terme, avec des implications qui transcendent le bilatéral, une coopération sincère et des attentes élevées en matière de commerce à court, moyen et long terme, en commémoration des 60 ans de relations bilatérales entre Rabat et Nairobi. 

  1. Sommet avec Akhannouch : des accords qui vont au-delà du protocole
  2. Plus d'investissements
  3. Tanger Med : le port qui transforme un pays 
  4. Africa Day : plus qu'un discours, une feuille de route

La rencontre, qui a débuté par une réunion préalable avec l'ambassadrice de la République du Kenya au Maroc, Jessica Gakinya, s'est poursuivie par l'inauguration de l'ambassade du Kenya à Rabat et s'est achevée par l'annonce officielle du soutien du Kenya au plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, promu par le roi du Maroc, Mohammed VI, en 2007, avec la signature de cinq accords de compréhension à tous les niveaux pour le développement des deux pays, faisant du Kenya la porte du Maroc vers les pays d'Afrique de l'Est, et avec le soutien à l'Initiative royale de la façade atlantique, également promue par Mohammed VI. 

Nasser Bourita, ministro de Asuntos Exteriores marroquí, junto al primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, Musalia Mudavadi durante la inauguración de la embajada de Kenia en Rabat - PHOTO/@Marocdiplomatie
Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, avec le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, Musalia Mudavadi, lors de l'inauguration de l'ambassade du Kenya à Rabat - PHOTO/@Marocdiplomatie

Au cours de ce voyage, la délégation kenyane a rendu visite à certaines des figures clés du développement et de la croissance économique et commerciale du pays, du Premier ministre Aziz Akhannouch aux directeurs généraux de Tanger Med et de l'Office national des chemins de fer marocains (ONCF). 

Mais tout n'était pas que business. Le voyage avait une forte composante sociale, avec plusieurs réunions de la délégation kenyane avec des membres de la diaspora dans plusieurs villes marocaines. Ces réunions ont mis en évidence les progrès importants réalisés dans les politiques publiques telles que le logement abordable et la couverture sanitaire universelle. 

Primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, Musalia Mudavadi, junto a su delegación examinando los acuerdos con la ONCF marroquí - PHOTO/MFA KENYA
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, Musalia Mudavadi, et sa délégation discutent des accords avec l'ONCF marocain - PHOTO/MFA KENYA

Sommet avec Akhannouch : des accords qui vont au-delà du protocole

L'une des rencontres les plus significatives a été celle avec le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch. Selon le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, Musalia Mudavadi, les discussions ont porté sur des secteurs clés pour les deux économies : l'agriculture, le commerce, le tourisme, l'industrie et l'éducation. 

Cependant, contrairement à d'autres rencontres, celle-ci n'a pas été superficielle, puisque des accords concrets ont été conclus. Le Maroc a proposé d'augmenter ses importations de thé et de café kenyans, un geste qui pourrait sembler symbolique, mais qui répond en réalité à la nécessité d'équilibrer une balance commerciale historiquement favorable à Rabat. Rappelons que le Kenya est l'un des principaux moteurs de l'agriculture du continent, qui dépend en grande partie des engrais, et donc des phosphates, dont le Maroc est l'un des plus grands producteurs mondiaux. 

Aziz Akhannouch, primer ministro de Marruecos, estrecha la mano con el primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, Musalia Mudavadi, durante el recibimiento de la visita oficial con motivo de los 60 años de relaciones bilaterales, el 27 de mayo de 2025 - PHOTO/MFA KENYA
Aziz Akhannouch, Premier ministre du Maroc, serre la main du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, Musalia Mudavadi, lors de la réception de la visite officielle à l'occasion des 60 ans de relations bilatérales, le 27 mai 2025 - PHOTO/MFA KENYA

En outre, il a été convenu d'entamer immédiatement des négociations pour faciliter l'entrée des produits kenyans sur le marché marocain, ce qui ouvre de grandes opportunités pour les entreprises du secteur dans les deux pays et symbolise un changement d'attitude face à l'absence d'intermédiaires, en établissant un dialogue Afrique-Afrique. 

Comme si cela ne suffisait pas, Akhannouch a confirmé qu'il se rendrait prochainement au Kenya accompagné des plus importants hommes d'affaires du pays, en signe de bonne volonté et de coopération, qualifiée par Mudavadi et Akhannouch de « sincère et porteuse de grandes attentes », transformant ainsi la diplomatie en un pont pour les affaires, laissant entrevoir que cette visite sera une réelle opportunité pour tous ceux qui souhaitent entreprendre des activités commerciales au Kenya comme au Maroc. 

Musalia Mudavadi, primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, junto a Aziz Akhannouch, primer ministro de Marruecos el 27 de mayo de 2025  - PHOTO/MFA KENYA
Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, avec Aziz Akhannouch, Premier ministre du Maroc, le 27 mai 2025 - PHOTO/MFA KENYA

Plus d'investissements

Un autre point fort de la visite officielle au Kenya a été la rencontre avec le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour. Les engagements pris précédemment avec le Premier ministre Aziz Akhannouch d'importer davantage de produits agricoles kenyans ont été consolidés. 

L'annonce de la reprise des liaisons directes entre Nairobi et les principales villes du pays, telles que Rabat ou Casablanca, facilitera l'essor du secteur touristique, l'un des principaux objectifs du royaume marocain pour atteindre 20 millions de visiteurs cette année et 40 millions d'ici 2030. Mais ce n'est pas tout : cette reprise contribuera à réduire les coûts logistiques et favorisera les liens entre les populations des deux pays. 

Musalia Mudavadi, primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, junto a Ryad Mezzour, ministro de Industria y Comercio de Marruecos el 27 de mayo de 2025 - PHOTO/MFA KENYA
Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, avec Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce du Maroc, le 27 mai 2025 - PHOTO/MFA KENYA

Face à cela, Mudavadi a souligné que son pays observait attentivement le modèle touristique marocain, qu'il a qualifié de l'un des meilleurs au monde, car le secteur n'a cessé de croître depuis le coup d'arrêt qu'il a subi après la pandémie, doublant déjà les chiffres d'avant la pandémie en seulement 4 ans. 

Cela n'a rien d'étonnant, puisque le Maroc est passé de 12 millions de visiteurs à un objectif ambitieux de 20 millions d'ici 2025. « La collaboration dans ce domaine peut ouvrir de nouvelles sources de revenus et promouvoir une image plus forte du continent », a déclaré Musalia Mudavadi.

Au cours de son séjour avec le ministre de l'Industrie et du Commerce Ryad Mezzour, le ministre des Affaires étrangères du Kenya a également rencontré Mohamed Rabie Khlie, directeur général et PDG de l'Office national des chemins de fer (ONCF).

Musalia Mudavadi, primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, junto a Mohamed Rabie Khlie, director general y CEO de la Oficina Nacional de Ferrocarriles (ONCF) -PHOTO/MFA KENYA
Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, avec Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l'Office national des chemins de fer (ONCF) - PHOTO/MFA KENYA

« Le Maroc continue de montrer la voie en matière de développement des infrastructures en Afrique, avec sa ligne ferroviaire à grande vitesse qui relie Tanger et Casablanca à une vitesse impressionnante de 320 km/h, la troisième plus rapide au monde », a souligné Mudavadi. Le réseau ferroviaire est en effet un symbole de la modernité africaine, et le Kenya a annoncé son intention de collaborer avec le Maroc dans ce domaine, car, selon le ministre kenyan, « les transports restent un goulot d'étranglement pour notre pays ». 

Tanger Med : le port qui transforme un pays 

L'une des visites incontournables du programme de la délégation kenyane était la visite du port de Tanger Med. 

Musalia Mudavadi, primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, junto al capitán Tarik Dourasse, director de la Estación de Practicaje y Centro de Simulación Marina de Tánger Med - PHOTO/MFA KENYA
Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, avec le capitaine Tarik Dourasse, directeur de la station de pilotage et du centre de simulation marine de Tanger Med - PHOTO/MFA KENYA

En moins de vingt ans, l'institution portuaire est passée d'une simple idée à un port parmi les plus importants du continent et l'un des 15 ports qui traitent le plus de conteneurs par an. Mais Tanger Med n'est pas seulement un lieu de transport, c'est aussi un site de production automobile, textile et technologique. 

Mais si quelque chose a retenu l'attention du Kenya, c'est bien le modèle de développement. Un modèle que la délégation kenyane a salué et, surtout, pour lequel elle a demandé l'aide des responsables marocains, non pas pour le copier, mais pour l'adapter aux besoins et aux infrastructures nationales afin que, à l'instar du Maroc sur l'Atlantique, le Kenya devienne le principal centre logistique de l'Afrique de l'Est. 

<p>Musalia Mudavadi, primer ministro y ministro de Asuntos Exteriores de Kenia, junto al capitán Tarik Dourasse, director de la Estación de Practicaje y Centro de Simulación Marina de Tánger Med - PHOTO/MFA KENYA</p>
Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, avec le capitaine Tarik Dourasse, directeur de la station de pilotage et du centre de simulation marine de Tanger Med - PHOTO/MFA KENYA

Africa Day : plus qu'un discours, une feuille de route

Outre les visites aux principales entités économiques du pays, la délégation kenyane et le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, ont prononcé, dans le cadre de la Journée de l'Afrique, un discours fort, sans euphémismes, qui a abordé les questions les plus urgentes pour les Africains : augmenter la valeur ajoutée de leurs produits. « Le Maroc ne théorise pas la solidarité, il la met en œuvre », a déclaré Nasser Bourita. 

Lors de cet événement, le message que l'on souhaitait transmettre était clair : l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale ne doit pas être considérée comme un luxe, mais comme un objectif auquel tous les pays du continent doivent s'engager. 

Nasser Bourita, ministro de Asuntos Exteriores de Marruecos, durante su discurso en Rabat por el Día de África el 27 de mayo de 2025 - PHOTO/MAROC DIPLOMATIE
Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, lors de son discours à Rabat à l'occasion de la Journée de l'Afrique, le 27 mai 2025 - PHOTO/MAROC DIPLOMATIE

L'Afrique est le continent le plus peuplé de jeunes au monde, et une augmentation des investissements dans l'éducation pourrait donc lui donner un véritable élan. Cependant, d'ici 2040, un jeune sur deux sera africain, d'où l'urgence d'améliorer et de stimuler le développement socio-économique du continent. Face à cette situation, le Maroc s'est présenté comme un partenaire prêt à apporter sa contribution dans tous les domaines et à tous. 

Enfin, le Kenya a profité de l'occasion pour insister sur la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU. Avec plus de 1,4 milliard d'habitants, l'Afrique n'a toujours pas de voix pour représenter ses intérêts au sein de l'organe de sécurité le plus important au monde. Cette question sera abordée lors du prochain sommet du C10 à Lusaka, qui sera l'occasion de renforcer une position commune.