L'économie algérienne reste dépendante de la question du Sahara

L'Algérie annonce des sanctions contre les EAU

El presidente de Argelia, Abdelmadjid Tebboune - PHOTO/FILE
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune - PHOTO/FILE

L'Algérie continue de baser son économie nationale sur la question du Sahara. Après avoir pris des mesures contre l'Espagne en raison du soutien de Madrid au plan marocain pour la région, Alger a décidé d'annoncer des sanctions économiques contre les Émirats arabes unis. Cette décision, comme celle prise à l'encontre de l'Espagne, nuira à l'économie algérienne, car ces sanctions entraveront les investissements émiratis en Algérie. 

Concrètement, les autorités algériennes ont sanctionné la Société des Tab acs Algéro-Émiratie (STAEM) et le distributeur exclusif de Philip Morris en Algérie, selon Maghreb Intelligence, qui note également que la question du Sahara continue de prendre l'économie algérienne "en otage".  

Ces mesures à l'encontre des Émirats sont des représailles au soutien d'Abou Dhabi à la propriété marocaine du Sahara, comme ce fut le cas avec Madrid. Suite au revirement politique de l'Espagne sur le Sahara, l'Algérie a interrompu la fourniture de gaz à l'Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) et a interdit toutes les importations en provenance du pays ibérique, déstabilisant ainsi un certain nombre d'entreprises algériennes qui dépendaient des matériaux en provenance d'Espagne.

Outre les deux entités sanctionnées, le ministère algérien de la justice a interdit la création d'actes notariés entre des sociétés algériennes et émiraties, comme cela a été annoncé à l'issue de la réunion du Haut Conseil de sécurité algérien (HCS). Cet organe, qui réunit le président et des personnalités de l'élite militaire et sécuritaire algérienne, a été convoqué plus de fois par Abdelmadjid Tebboune que par tous les présidents algériens réunis depuis l'indépendance.  

AFP/FAYEZ NURELDINE - Mohamed bin Rashid al-Maktoum, vicepresidente de Emiratos Árabes Unidos
Mohamed bin Rashid al-Maktoum, vice-président des Emirats arabes unis - AFP/FAYEZ NURELDINE

Il s'agit là, selon Maghreb Intelligence, d'une "preuve indéniable" de la militarisation croissante de l'Algérie, qui tend à la transformer en une junte quasi-militaire.

D'autre part, ces mesures économiques intempestives déstabilisent les rares investisseurs étrangers, contraints de se soumettre à des décisions administratives arbitraires en fonction de l'appréciation par l'Etat algérien de la position de chaque pays sur la question du Sahara. 

PHOTO/AFP - Esta fotografía de archivo muestra banderas de Estados Unidos y Marruecos junto a un mapa de Marruecos autorizado por el Departamento de Estado de EE. UU. que reconoce el territorio en disputa internacional del Sáhara Occidental (con la firma del embajador de Estados Unidos en Marruecos, David T. Fischer) como parte del reino norteafricano
Une carte du Maroc autorisée par le Département d'Etat américain reconnaissant le territoire internationalement contesté du Sahara occidental comme faisant partie du royaume nord-africain - PHOTO/AFP

De plus, cette décision à l'encontre des Émirats envenime encore plus les liens délicats entre Alger et Abou Dhabi. Fin décembre, les autorités émiraties ont dressé une liste de personnalités algériennes interdites de séjour sur le territoire national. Cette liste noire comprend des journalistes, des hommes politiques, des fonctionnaires et d'anciens hauts responsables du gouvernement algérien. 

Abou Dhabi prend cette mesure après une campagne médiatique algérienne contre les Émirats, qui ont même été accusés de mener "une politique hostile et manipulatrice contre les intérêts algériens".