L'Algérie se concentre sur le Sahel

Le Sahel est une zone de conflit où opèrent des bandes criminelles de différents types et des groupes terroristes extrémistes qui profitent de l'absence de contrôle et d'ordre dans les pays de la région pour circuler librement à travers les territoires et les frontières poreuses de la zone.
Les pays proches du Sahel, comme ceux du Maghreb, notamment le Maroc et l'Algérie, sont toujours attentifs à ce qui s'y passe et tentent de renforcer les liens de coopération en matière de sécurité avec d'autres nations.
Le Maroc, par l'intermédiaire du chef de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Abdellatif Hammouchi, a établi des contacts étroits avec de nombreux pays de la région et du monde pour renforcer les mécanismes de sécurité et les réseaux de contrôle et de surveillance afin de renforcer la sécurité nationale et de contrôler les points névralgiques tels que le Sahel.
L'Algérie tente également d'entretenir cette dynamique, comme en témoigne la présence en Mauritanie du général de corps d'armée Saïd Chengriha, chef d'État-major de l'armée algérienne, qui a rencontré son homologue mauritanien, le général de corps d'armée Mokhtar Bellah Chaabane, pour discuter du renforcement de la coopération et des dossiers sécuritaires communs que les deux pays ont mis en place.

Il s'agit de la première visite d'un responsable militaire algérien de ce niveau à Nouakchott, ce qui constitue un événement important, juste après quelques tensions diplomatiques entre l'Algérie et la Mauritanie.
Le ministère algérien de la Défense nationale a indiqué dans un communiqué officiel que la visite de M. Chengriha en Mauritanie a été effectuée à l'invitation du général de corps d'armée Mokhtar Bellah Chaabane, chef d'État-major général des forces armées mauritaniennes.
Cette visite a été l'occasion pour les deux parties de discuter de questions d'intérêt mutuel suite aux récents problèmes dans les relations diplomatiques entre les deux pays en raison des accusations de l'Algérie contre la Mauritanie d'établir des relations militaires avec l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), suite à des visites militaires mutuelles dans le cadre des politiques de coopération militaire.
Les analystes ont noté que cette visite est importante au regard des défis militaires et sécuritaires auxquels l'Algérie est confrontée, surtout après la rupture politique entre l'État algérien et les pays du Sahel tels que le Mali, le Niger et le Burkina Faso, dont les juntes militaires qui dirigent aujourd'hui ces pays après plusieurs coups d'État ont pris leurs distances par rapport à Alger.
Le Mali, par exemple, a déjà annoncé la fin de l'accord de réconciliation nationale que l'Algérie parrainait depuis 2015 et a inscrit la nation arabe sur la liste des pays avec lesquels la coopération n'est pas recommandée - comme c'est le cas avec la France et les États-Unis -, ce qui a entraîné une grave crise politique.
En revanche, un autre pays de la région, le Niger, a connu un important rapprochement politique avec l'Algérie cet été, qui s'est concrétisé par la visite à Alger du premier ministre nigérien, Mohamed Lamine Zeine, et du vice-président du Conseil national pour la sauvegarde du Mali, Salifou Modi.
L'Algérie, grande puissance militaire en Afrique, avec un budget de 23 milliards de dollars consacré aux forces armées et à la défense nationale, fait valoir ce statut, avec un œil sur les menaces dans ses zones frontalières bordant le Sahel chaud, une région qui englobe des zones de pays tels que le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l'Érythrée et l'Éthiopie.
Dans ce scénario, l'Algérie, suite aux opérations militaires de l'armée malienne, soutenue par le groupe russe Wagner, s'est approchée de la bande frontalière sous le prétexte de poursuivre des groupes armés séparatistes. De même, ces dernières semaines, les forces du maréchal libyen Khalifa Haftar se sont rapprochées des villes et des intérêts stratégiques algériens, générant des tensions. La ville de Ghadamès reste une préoccupation majeure après que Khalifa Haftar lui-même a lancé une opération pour contrôler la ville près de la frontière avec l'Algérie et la Tunisie.

Le Maroc entre en scène
D'autre part, des analystes comme Al Arab soulignent que les contacts entre l'Algérie et la Mauritanie n'ont rien à voir avec une stratégie de confrontation avec le Maroc, puisque Nouakchott refuse d'être manipulé par un autre pays, ce qu'il a démontré en refusant de participer à la réunion tripartite maghrébine qui incluait l'Algérie, la Tunisie et la Libye, la considérant comme un pas vers la destruction de l'Union du Maghreb Arabe.
La convocation de cette réunion a été perçue par plusieurs experts comme une formule algérienne pour mettre le Maroc mal à l'aise, alors que le royaume marocain gagne en importance sur la scène internationale mondiale, et sur la scène africaine en particulier, grâce à son intense activité diplomatique, Celle-ci a donné des résultats positifs, comme le soutien fort de plus de 100 pays au Plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental et l'appui à l'Initiative Afrique Atlantique, promue par le roi marocain Mohammed VI, qui vise à faciliter l'accès des pays africains, principalement du Sahel, à la façade atlantique afin de stimuler l'économie et le commerce de ces pays.
La Mauritanie reste neutre sur la question du Sahara occidental, qui est vitale pour le Maroc dans la défense de son intégrité territoriale.
Le Maroc propose une large autonomie pour le Sahara occidental sous souveraineté marocaine, dans le respect des résolutions de l'Organisation des nations unies (ONU) ; une proposition qui a le soutien de plus de 100 pays, dont des nations comme les États-Unis, la France, les Émirats arabes unis, l'Allemagne, Israël et l'Espagne, qui la considèrent comme la voie la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste pour résoudre le différend sahraoui.

D'autre part, il y a la proposition du Front Polisario, qui préconise l'organisation d'un référendum sur l'indépendance, mais qui se heurte à des problèmes, tels que la nécessité d'établir un recensement officiel des électeurs sahraouis, et qui bénéficie d'un soutien international moindre, y compris de la part de l'Algérie, le grand rival politique du Maroc au Maghreb.
Dans ce cas, l'Algérie chercherait également à compenser l'influence géopolitique croissante du Maroc en Afrique et dans le monde en général en essayant de tisser des contacts plus étroits, comme dans le cas du dernier mouvement politique de Said Chengriha en Mauritanie.