Le président Tebboune prend cette décision après les pressions et les critiques des syndicats algériens, qui ont même demandé à l'OIT d'intervenir dans le pays

L'Algérie fait marche arrière et retarde l'approbation de la nouvelle loi controversée sur le travail

photo_camera PHOTO/AFP - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune

À la fin de l'année dernière, les travailleurs et les syndicats algériens ont mis en garde contre l'intention du gouvernement d'Abdelmajid Tebboune d'adopter un projet de loi sur les droits du travail qui affecterait les mécanismes de prévention des conflits au travail et le droit de grève.

En réponse, la confédération syndicale algérienne (CSA) a exprimé son rejet du projet de loi, affirmant que le gouvernement n'avait pas tenu compte de son avis lors de son élaboration. Boualem Amoura, vice-président du CSA, a défini le projet de loi comme "une attaque et une violation des droits acquis et reconnus par la constitution algérienne", selon L'Expression. Le CSA a également souligné qu'il "ne respecte pas les conventions internationales ratifiées par l'Algérie"

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Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Chorfa, a tenté de rassurer les travailleurs en affirmant que les projets du gouvernement visent à "organiser l'activité syndicale, définir les mécanismes de création des syndicats et les conditions d'adhésion à ces derniers". Cependant, les syndicats ont continué à critiquer le projet de loi et ont condamné le fait qu'Alger n'ait pas tenu compte de leur avis. Son absence dans la rédaction constitue, selon les syndicats, "une régression dangereuse et effrayante des libertés et pratiques syndicales".

"C'est la deuxième fois en moins d'un an que le gouvernement algérien modifie la législation affectant l'activité syndicale, sans aucune participation ni consultation des syndicats", déclare Raouf Mellal du SNATEG, le Syndicat national autonome des travailleurs de l'électricité et du gaz.

Outre le CSA, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ainsi que des partis politiques tels que le Front des forces socialistes (FFS), se sont joints aux critiques du projet de loi. Même la Confédération syndicale des forces productives (COSYFOP), la Confédération générale autonome des travailleurs algériens (CGATA) et le Syndicat national autonome des travailleurs de l'électricité et du gaz (SNATEG) ont appelé l'Organisation internationale du travail (OIT) à intervenir pour l'arrêter

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"L'OIT devrait encourager le gouvernement algérien à impliquer toutes les organisations syndicales dans un processus de consultation s'il est réellement déterminé à respecter ses engagements internationaux et à mettre en œuvre les recommandations et résolutions des organes de contrôle de l'OIT", ont-ils déclaré dans une lettre adressée à l'organisme.

Cependant, l'intervention de l'OIT n'a pas été nécessaire, car de fortes pressions et condamnations ont forcé Tebboune à reporter l'approbation du projet de loi controversé "jusqu'à ce que de larges consultations avec les travailleurs et les syndicats soient organisées", rapporte Al-Arab

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Alger dissout la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH)

Malgré la décision du président algérien de reporter la proposition du nouveau projet de loi au Parlement, Alger poursuit sa campagne d'oppression et de censure. À cet égard, les autorités judiciaires ont dissous la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), une ONG fondée en 1985 et proche du Hirak. Les dirigeants de l'association - pour la plupart en exil - ont appris la dissolution de la LADDH par les réseaux sociaux.

Grâce à Internet, ils ont également découvert que cette décision fait suite à un procès tenu en juin 2022 auquel ils n'ont pas participé et "n'ont pas reçu de notification du verdict", comme l'a déclaré le président de l'ONG, Said Salhi, à TV5Monde.

"Ils nous reprochent simplement de défendre les droits de l'homme", a-t-il ajouté. Le vice-président de la LADDH a également déclaré à la chaîne française que le gouvernement algérien leur reproche de faire "une mauvaise publicité pour le pays sur le plan international", puisque, selon Alger, les membres de l'ONG sont des "agents sionistes et marocains".

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