La visite à Rabat de la ministre allemande des Affaires étrangères, la verte Annalena Baerbock, s'est achevée hier par la signature d'une déclaration commune en 58 points avec son homologue marocain, Nasser Bourita.
C'est la première visite de la chef de la diplomatie allemande au Maroc après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays il y a cinq mois. Le jeudi après-midi, Baerbock a tenu une longue réunion avec Bourita pour discuter des questions qui seraient ensuite détaillées dans un document signé par les deux parties.
Le Sahara occidental, le dialogue politique, la coopération en matière de sécurité, l'environnement, la coopération au développement, la coopération économique et la culture, l'éducation et la recherche sont les rubriques sous lesquelles se répartissent les 58 déclarations présentées par les ministres des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse à Rabat à l'issue de leur réunion.
Point de presse conjoint entre M. Nasser Bourita et son homologue allemande, Mme Annalena Baerbock, à l’issue de leur entretien bilatéral. pic.twitter.com/ezGoqHTdMb
— Maroc Diplomatie ?? (@MarocDiplomatie) August 25, 2022
Ils ont également discuté de l'impact de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire en Afrique. Avec la visite de Baerbock, le Maroc se confirme une fois de plus comme le pays du Maghreb qui soutient le plus l'Ukraine et qui est le plus éloigné de l'ombre russe, même s'il n'a pas condamné ouvertement l'invasion de février, une tendance commune aux pays arabes, que ce soit ouvertement ou aux Nations unies. Jeudi, le ministère marocain des Affaires étrangères a choisi d'aborder la question sous l'angle qui les touche le plus, à savoir l'approvisionnement en blé et en maïs, plutôt que sous l'angle de la condamnation. "Dans ce contexte, les ministres ont exprimé leur vive inquiétude quant aux répercussions de l'invasion russe en Ukraine, en termes d'aggravation de la crise alimentaire mondiale, aggravant la situation déjà grave de la sécurité alimentaire mondiale", peut-on lire dans la déclaration conjointe germano-marocaine.
Baerbock et Bourita ont également abordé la question de la sécurité régionale, se disant particulièrement préoccupés par la situation au Sahel. La ministre allemande a applaudi les efforts et les progrès du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et les groupes insurgés. Le Maroc préside et copréside des organismes internationaux tels que le Forum mondial de lutte contre le terrorisme et la Task Force Afrique de la Coalition mondiale anti-Daesh. Selon le rapport Global Terrorism Index 2022, signé par l'IEP, le Maroc est le pays d'Afrique du Nord où l'impact des groupes terroristes est le plus faible.
La Bundeswehr, l'armée allemande, a retiré toutes ses troupes du Mali il y a deux semaines, peu après que la France ait fait de même. Les relations de la junte militaire malienne avec les pays européens sont de plus en plus tendues, alors que la Russie est plus que jamais présente au Sahel. "Nous sommes d'accord pour dire que nous ne pouvons pas laisser le Mali seul entre les mains de la Russie", a déclaré Baerbock lors d'une conférence de presse avec Nasser Bourita.
Le partenariat de sécurité avec le Maroc est une garantie pour la stabilité régionale. Alors que les troupes de Barkhane se déplacent vers le Niger afin de contenir la menace insurrectionnelle depuis un flanc sud, le Maroc peut jouer un rôle clé en empêchant les mouvements armés de progresser vers le nord.
Bien que cela n'ait pas été explicité dans un communiqué ou une information officielle, Baerbock a probablement saisi l'occasion pour exprimer le souhait de l'Allemagne de voir la situation diplomatique entre l'Algérie et le Maroc s'améliorer. A plusieurs reprises dans la déclaration commune, les ministères confirment que leurs ministres ont parlé de "paix régionale" et de "stabilité régionale", un éventail qui aurait pu inclure ce sujet. Annalena Baerbock a eu une conversation téléphonique avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le 22 août, soit trois jours plus tôt.
