Le premier ministre intérimaire et son cabinet ont prêté serment devant la Chambre des représentants à Tobrouk

Le gouvernement provisoire de la Libye entre en fonction

PHOTO/AFP - Le nouveau Premier ministre intérimaire de la Libye, Abdul Hamid Dbeiba, après avoir prêté serment le 15 mars 2021 dans la ville côtière orientale de Tobrouk

Le premier ministre intérimaire libyen, Abdul Hamid al-Dbeiba, et le reste de son cabinet ont prêté serment lundi au siège provisoire du Parlement libyen, dans la ville de Tobrouk, dans l'est du pays. Dbeiba prend ses fonctions pour diriger la transition politique jusqu'en décembre prochain, date à laquelle des élections législatives sont prévues, selon les bases du Forum de dialogue politique pour la Libye (FDPL) créé par l'ONU.

La prestation de serment de M. Dbeiba intervient une semaine après avoir reçu le soutien de 132 des 134 membres du parlement libyen. Divisée depuis 2015, la Chambre des représentants s'est réunie dans la ville symbolique de Syrte, qui abrite les principaux champs pétroliers et terminaux d'exportation de la Libye. Pendant un certain temps, elle a été un bastion de Daesh, mais la ville est maintenant contrôlée par les forces du commandant militaire Jalifa Haftar.

Malgré les soupçons de corruption projetés sur l'élection du Premier ministre Dbeiba, un chapitre de 7 ans de division politique en Libye a ainsi été clos. "C'est un jour historique", a déclaré le président du Parlement, Aguila Saleh, à la fin de la session. L'objectif du nouveau gouvernement sera de jeter des ponts pour la réconciliation politique et de donner une continuité au cessez-le-feu négocié entre la Russie et la Turquie. Elle devra également démanteler de nombreuses milices locales lourdement armées et la présence d'au moins 20 000 mercenaires et combattants étrangers impliqués dans le chaos du pays.

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Le gouvernement d'unité nationale, soutenu par le Parlement, comptera au total 26 ministres et 6 ministres d'État, ainsi que deux vice-premiers ministres, représentant les différentes régions du pays. En outre, jusqu'à 5 femmes occuperont des portefeuilles ministériels, ce qui constitue une avancée significative pour l'égalité en Libye. Deux des ministères confiés aux femmes seront la Justice et les Affaires étrangères.

La naissance du gouvernement d'union nationale n'est pas sans controverse. Dans la liste des ministères, le seul dont le titre est vacant est celui de la Défense, en principe, car l'intention de Dbeiba est de le diriger lui-même. Bien que le chef du Conseil de la présidence, Mohamed al-Menfi, ait exprimé son désaccord à cet égard. 

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Le nouveau gouvernement remplace à la fois le gouvernement d'entente nationale de Fayez al-Sarraj, installé en 2016 à l'ouest et reconnu par l'ONU, et l'armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, pourtant non reconnue par la communauté internationale. Il unifie ainsi les institutions du pays et promet d'être "représentatif de tous les Libyens".

Fayez Al-Sarraj s'est dit "tout à fait prêt" à remettre le pouvoir au gouvernement provisoire, tandis que le maréchal Haftar a offert en février dernier le "soutien des forces armées au processus de paix". Craignant une éventuelle ingérence dans le processus, l'Union européenne a prévenu la semaine dernière qu'elle pourrait sanctionner les "fauteurs de troubles" nationaux et étrangers qui sapent les efforts de paix.

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M. Dbeiba, un puissant homme d'affaires de la ville de Misrata, dans l'ouest du pays, qui a occupé de hautes fonctions sous Kadhafi, a été nommé par les Nations unies à la tête du gouvernement provisoire de la Libye. Il s'agit notamment d'un Conseil de présidence de trois membres présidé par Mohammad Younes Menfi, un diplomate libyen de l'est du pays ayant des liens avec la Turquie. Sa nomination est la cerise sur le gâteau de la feuille de route établie par l'ONU.

Depuis le renversement du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec l'intervention internationale soutenue par l'OTAN, et la guerre civile sanglante qui a débuté en 2014, le pouvoir en Libye était divisé sur plusieurs fronts. Toutefois, la séparation a officiellement pris fin après la prestation de serment d'Abdul Hamid al-Dbeiba et de son cabinet.