Le prince héritier saoudien est reçu par le président Al-Sisi, un mois avant la tournée de Biden dans la région

L'Égypte, première destination de la tournée de Mohammed bin Salman au Moyen-Orient

PHOTO/BANDAR ALGALOUD - Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman

Mohammed bin Salman, prince héritier d'Arabie saoudite et dirigeant de facto de la monarchie du Golfe, entame une tournée de visites internationales dans la région du Moyen-Orient avec l'intention de consolider sa position de leader régional. 

La première destination est l'Égypte, où  bin Salman arrivera le lundi 20 juin pour rencontrer le président Al-Sisi et son cabinet. La tournée diplomatique du prince saoudien intervient un mois avant la visite du président américain Joe Biden dans la région. 

Selon des sources proches de la délégation saoudienne citées par Reuters, la visite de  Biden sera l'un des points importants que bin Salman abordera avec ses voisins. On s'attend à ce que Bin Salman réalise, ou du moins tente de réaliser, l'unité entre les pays arabes de la région qui sont organisés sous la direction de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis à l'approche de la visite de Biden. 

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À l'avenir, des négociations sur la normalisation des relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et Israël sont attendues, sur le modèle des accords d'Abraham signés entre les EAU, Bahreïn et l'État d'Israël. L'Arabie saoudite serait la dernière grande partie prenante régionale à rejoindre l'accord, concluant ainsi un grand marché vis-à-vis de l'Iran et améliorant la stabilité dans la région. 

En ce sens, la visite en Égypte est essentielle. Comme l'explique Sonia Sánchez Díaz, experte en Relations Internationales et maître de conférences à l'Université Francisco de Vitoria, de tous les pays arabes de la région, l'Egypte occupe une position privilégiée dans ses relations avec Israël. Les deux États sont conscients que la stabilité dans la bande de Gaza dépend des bonnes relations entre les deux gouvernements et d'une coopération efficace. Selon Sánchez Díaz, la normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël se profile à l'horizon. "Les États-Unis font beaucoup d'efforts pour que, dans leur stratégie de désengagement, la région soit contrôlée et stabilisée par une coalition israélo-arabe", relève Sánchez Díaz. 

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La situation économique de l'Égypte sera également un sujet majeur des entretiens des deux dirigeants. L'économie égyptienne, gravement blessée par la guerre en Ukraine, est en état de crise. C'est actuellement le deuxième pays au monde qui a demandé le plus d'argent au Fonds monétaire international. L'intervention de l'Arabie saoudite dans l'économie égyptienne est essentielle au redressement du pays. "L'Égypte ne dispose pas actuellement de l'infrastructure ou du soutien financier nécessaire pour se débrouiller seule", explique Sánchez Díaz.  On s'attend à ce que la rencontre entre Al-Sisi et Mohamed bin Salman débouche sur la négociation d'une nouvelle aide par le biais du fonds souverain saoudien, qui a déjà prêté d'importantes sommes d'argent au gouvernement égyptien, exactement 5 milliards de dollars que l'Arabie saoudite a déposés à la Banque centrale égyptienne. Des investissements sont également attendus dans le pays pour maintenir sa stabilité. L'Égypte est le plus grand importateur de blé au monde et, avant la guerre en Ukraine, elle se procurait 80 % de son blé sur les marchés de Kiev et de Moscou. Aujourd'hui, l'Égypte est confrontée à un doublement du prix du pain et à une dangereuse inflation. 

turquia bin salman

Après l'Égypte, Mohammed bin Salman doit arriver en Turquie le 22 juin pour rencontrer Recep Tayip Erdogan. Ce serait la première fois que le prince héritier se rend en Turquie depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Selon Sánchez Díaz, la visite en Turquie aura une composante essentiellement économique. La livre turque continue de se déprécier fortement. Il reste à voir si les relations entre Riyad et Ankara s'amélioreront avec cette visite. Les relations d'Erdogan avec les Frères Musulmans, son soutien au Qatar et ses liens avec les services de renseignement iraniens peuvent être des obstacles qui mettront de la distance entre les deux acteurs régionaux. Selon Sánchez Díaz, Riyad aurait en effet intérêt à empêcher l'économie turque de s'effondrer. La tournée de Bin Salman devrait se terminer par un voyage en Jordanie, peut-être aussi en préparation du voyage de Joe Biden dans la région en juillet. 

Selon l'agence de presse française AFP, citant des sources diplomatiques saoudiennes, Mohammed bin Salman a l'intention de poursuivre ses visites officielles en juillet et de les étendre à la Méditerranée. L'AFP a évoqué des voyages en Algérie, à Chypre et en Grèce.

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra. 

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