Yair Lapid se rendra aux EAU dans un contexte marqué par la récente escalade de la violence entre le Hamas et le pays hébreu

L'importance du premier voyage officiel du ministre israélien des affaires étrangères aux Émirats arabes unis

AP/EMMANUEL DUNAND - Premier ministre israélien alternatif et ministre des affaires étrangères Yair Lapid

Le gouvernement de coalition nouvellement formé en Israël, dirigé par l'ultra-nationaliste Naftali Bennet, s'installe lentement. Le "gouvernement du changement" autoproclamé, qui a réussi à déloger le précédent Premier ministre, Benjamin Netanyahu, après 12 ans de mandat, a connu une première semaine pleine d'obstacles qui auraient pu faire craquer un exécutif composé d'un amalgame de partis aux idéologies très différentes.

La marche des drapeaux convoquée par des extrémistes juifs a été le premier défi que le gouvernement de Bennet a dû relever, car des affrontements étaient attendus entre les participants à la manifestation et la population arabe israélienne. En effet, à la suite de cette marche commémorant l'occupation par les colons israéliens de Jérusalem-Est pendant la guerre des Six Jours, des sympathisants du Hamas ont lancé une trentaine de ballons incendiaires depuis la bande de Gaza sur le territoire israélien près de la frontière.

foto de familia Gobierno de Israel

Le gouvernement israélien, qui avait promis une approche différente dans ses relations avec la minorité arabe du pays, qui représente 20 % de la population, a répondu aux attaques des sympathisants du Hamas par deux offensives de zone visant les installations du Mouvement de la résistance. En ce qui concerne le Hamas et Gaza, il semble que le nouveau gouvernement partage les mêmes idées et actions que l'administration précédente, dirigée par Netanyahu, qui a mené l'opération "Gardien des murs" lors de la dernière confrontation avec le groupe Hamas.

Une confrontation qui a finalement duré 11 jours et a entraîné la mort d'au moins 257 Palestiniens, dont 66 enfants. Du côté israélien, 13 personnes, dont deux enfants, ont été tuées par des roquettes tirées depuis Gaza. L'une des premières décisions du "gouvernement du changement" a été d'approuver les frappes aériennes sur Gaza en réponse aux ballons incendiaires lancés sur le territoire israélien depuis l'enclave, rompant ainsi le cessez-le-feu entré en vigueur le 21 mai.

Dans le contexte des affrontements entre la population arabe israélienne et les Juifs, ainsi que de la récente escalade de la violence entre le Hamas et le pays hébreu, le nouveau ministre israélien des affaires étrangères, Yair Lapid, a annoncé que son premier voyage officiel à l'étranger serait aux Émirats arabes unis (EAU). Il est particulièrement remarquable que le premier voyage officiel du nouveau gouvernement sera effectué dans un pays arabe et non aux États-Unis, par exemple, un allié fidèle du pays hébreu. Cette décision n'est pas le fruit du hasard, mais marque l'intention du nouveau gouvernement de consolider les accords d'Abraham, qui impliquaient la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, dont les Émirats arabes unis, le Soudan, le Bahreïn et enfin le Maroc. 

acuerdos de abraham

Les accords d'Abraham qui se sont déroulés sous les précédentes administrations américaine et israélienne, avec respectivement Donald Trump comme président et Benjamin Netanyahu comme premier ministre, ont brisé le consensus historique entre les pays arabes selon lequel toute reconnaissance officielle d'Israël devait passer par la fin de l'occupation des territoires palestiniens et l'établissement de la solution à deux États sur les frontières de 1967. Bien que les nouveaux gouvernements installés tant aux États-Unis qu'au pays hébreu entendent adopter une ligne complètement différente de celle de leurs prédécesseurs, la même politique se poursuit dans le cadre des accords de normalisation des relations.

Le voyage du ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid aux Emirats arabes unis confirme la tendance du nouveau gouvernement israélien à poursuivre le renforcement des relations avec les pays arabes signataires des accords d'Abraham. M. Lapid rencontrera son homologue émirati, Abdullah bin Zayed, lors de sa visite dans le royaume du Golfe les 29 et 30 juin, où il inaugurera une ambassade israélienne à Abu Dhabi et un consulat à Dubaï.

ministro de asuntos exteriores emiratos Abdullah bin Zayed

Aucun ministre israélien ne s'est rendu dans les Émirats arabes unis depuis l'annonce des accords d'Abraham. L'ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dû reporter plusieurs voyages prévus en raison des fermetures dues au coronavirus. En outre, le dernier voyage a été reporté en raison des dernières élections, les Émirats arabes unis ne souhaitant pas que la relation soit politisée. M. Netanyahou n'a pas autorisé d'autres ministres à se rendre dans le Golfe avant lui, et l'ancien ministre des affaires étrangères Gabi Ashkenazi et la ministre du tourisme Orit Farkash-Hacohen, aujourd'hui ministre des sciences et de la technologie, ont dû annuler des voyages prévus.

Depuis la signature de la normalisation des relations entre Israël et les EAU, les deux pays ont conclu de multiples accords commerciaux. Les deux États ont convenu d'un régime d'exemption de visa pour leurs citoyens. Ainsi que la signature de plusieurs accords bilatéraux sur les investissements, le tourisme, les vols directs, la sécurité et les télécommunications. Les EAU ont été le premier État arabe du Golfe à annoncer la normalisation des relations avec le pays hébreu.

Peu après la conclusion de l'accord, l'administration Trump a autorisé la vente de 50 avions de combat F-35 aux EAU, ce qui en ferait le deuxième pays du Moyen-Orient, après Israël, à en acquérir. L'administration Trump a toujours utilisé une incitation pour différents pays arabes à établir des relations avec Israël. Dans le cas du Maroc, Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations avec l'État juif. 

presidente Estados Unidos Joe Biden

Pour sa part, le président Joe Biden, à son arrivée à la Maison Blanche le 20 janvier, a maintenu une position plus prudente sur les incitations offertes par l'administration précédente. Quant à la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, Biden n'a pas encore fait de déclaration. De même, l'administration Biden a mis en attente le contrat de vente d'avions de combat F-35 aux Émirats arabes unis, mais finalement, en avril, l'administration a décidé d'aller de l'avant avec cette vente d'armes de 23 milliards de dollars, en déclarant qu'elle travaillerait avec les Émirats arabes unis pour garantir le respect des normes en matière de droits de l'homme.

L'annonce du voyage du nouveau ministre israélien des affaires étrangères, Yair Lapid, aux Émirats arabes unis montre clairement que le nouveau gouvernement israélien s'efforcera de faire respecter les accords d'Abraham, dans un contexte de tension croissante entre le Hamas et le pays hébreu qui a ramené la question palestinienne au centre du débat international.