Abdel Fattah al-Burhan a demandé le renvoi du représentant spécial de l'ONU, Volker Perthes, pour avoir diffusé des informations erronées sur la trêve soudanaise, alors que les combats se poursuivent

L'ONU s'empêtre dans la crise soudanaise

PHOTO/AFP - Volker Perthes, enviado de la ONU para Sudán
PHOTO/AFP - Volker Perthes, envoyé de l'ONU pour le Soudan

Le Soudan continue de souffrir de la confrontation armée entre l'armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide dirigé par Mohammed Hamdan Dagalo, malgré les annonces passées d'une trêve à la suite de la médiation de l'Arabie saoudite et des États-Unis. 

Aujourd'hui, la controverse autour de Volker Perthes, le représentant spécial des Nations unies pour le Soudan, vient s'ajouter à cette situation. Abdel Fattah al-Burhan a écrit au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, pour demander le renvoi de M. Perthes, qui l'aurait mal informé sur la trêve dans le conflit soudanais en "désinformant" sur un possible consensus sur l'accord-cadre. 

AFP/ASHRAF SHAZLY - Abdel Fattah al-Burhan
AFP/ASHRAF SHAZLY - Abdel Fattah al-Burhan

António Guterres s'est dit "choqué" par la lettre envoyée par le dirigeant soudanais et a exprimé son soutien à Volker Perthes. M. Guterres s'est dit "fier du travail accompli par M. Perthes", réaffirmant sa pleine confiance dans le Représentant spécial de l'ONU, comme l'a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole officiel du Secrétaire général de l'ONU. 

La lettre d'Al-Burhan indiquait que Volker Perthes avait donné "une impression négative du rôle et de l'impartialité de l'organisation internationale" en "pratiquant la désinformation dans ses rapports en prétendant qu'il y avait un consensus sur l'accord-cadre". M. Al-Burhan a demandé à M. Guterres de "choisir une alternative à M. Perthes pour préserver les relations entre l'ONU et le Soudan", selon les médias, y compris EFE.

PHOTO/MARK GARTEN/ONU - El secretario general de las Naciones Unidas, António Guterres
PHOTO/MARK GARTEN/UN - António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies

Le représentant spécial de l'ONU pour le Soudan a exprimé lundi son soutien au nouveau pacte de cessez-le-feu signé par l'armée soudanaise et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide, et a appelé les parties concernées à organiser des pourparlers en vue d'un "véritable cessez-le-feu".

Après les annonces de cessez-le-feu passées, les parties belligérantes ont continué à se battre, malgré les efforts de médiation de l'Arabie saoudite et des États-Unis. Mardi, Riyad et Washington ont réitéré leur engagement en faveur de la paix au Soudan, appelant les deux parties à "honorer leurs engagements" conformément au cessez-le-feu précaire de lundi, qui a été rompu mercredi par des accusations mutuelles entre l'armée régulière et les forces de réaction rapide.

Le conflit actuel découle du différend entre l'armée et les Forces de soutien rapide et de la controverse sur l'incompréhension de l'intégration de ce groupe paramilitaire dans les forces armées, un point très important de l'accord-cadre signé en décembre, qui visait la formation d'un gouvernement civil pour revenir sur la voie de la démocratisation ouverte dans le pays africain après le renversement d'Omar al-Bashir en 2019 après 30 ans de régime de fer, qui a pris fin après l'intervention de l'armée régulière elle-même pour écarter al-Bashir du pouvoir en raison du soulèvement populaire provoqué par la crise politique, économique et sociale que traversait le pays, plongé dans la pauvreté et la corruption. Le processus de transition engagé par la suite, avec des négociations entre la faction militaire et la société civile, a été brutalement interrompu par le coup d'État d'octobre 2021 par lequel le général Abdel Fattah al-Burhan s'est emparé du pouvoir total, provoquant le départ du Premier ministre Abdallah Hamdok, qui a démissionné en janvier 2022. 

AFP/PETER LOUIS GUME - Miembros del Ejército Nacional de Sudán
AFP/PETER LOUIS GUME - Des membres de l'armée nationale soudanaise

Pour sa part, Abdel Fattah al-Burhan, tout en restant le véritable homme fort du Soudan, a envoyé ces derniers mois plusieurs messages indiquant que l'armée soudanaise était engagée dans la transition démocratique vers un régime civil et que les forces armées elles-mêmes se retireraient du pouvoir politique une fois que la transition démocratique et les élections nécessaires auraient eu lieu. 

Néanmoins, selon l'Arabie saoudite et les Etats-Unis, pays médiateurs dans le conflit soudanais, la situation s'est améliorée depuis mercredi, date à laquelle de graves violations du dernier cessez-le-feu annoncé ont été constatées, comme l'a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères dans une déclaration officielle conjointe avec l'administration américaine publiée vendredi sur le réseau social Twitter. "En tant que facilitateurs, le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis d'Amérique ont constaté un respect accru de l'accord sur un cessez-le-feu à court terme et des dispositions humanitaires au Soudan", indique la déclaration officielle. Les deux parties ont convenu d'un cessez-le-feu le 20 mai 2023, à la suite de pourparlers à Djeddah, mais les jours suivants ont été marqués par une succession d'affrontements violents. "Bien que l'utilisation d'avions militaires et des tirs isolés aient été observés à Khartoum, la situation s'est améliorée depuis le 24 mai, lorsque le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu a détecté des violations importantes de l'accord", indique la note officielle conjointe américano-saoudienne.