Plus de 1 000 vétérans de l'armée hébraïque mettent en garde contre la menace que représente le nouveau gouvernement pour la démocratie, après que la Knesset a approuvé un amendement au texte de la Loi fondamentale

Netanyahu finalise les détails de la nomination du nouveau gouvernement israélien

photo_camera AFP/DEBBIE HILL - Benjamin Netanyahu, leader du Likoud et prochain Premier ministre israélien après les élections du 1er novembre 2022

De plus en plus proches de devenir le premier ministre d'Israël pour la sixième fois, Benjamin Netanyahou et ses partenaires parlementaires finalisent les détails pour devenir chef du gouvernement. En témoigne l'approbation par le Parlement israélien d'un amendement combiné à la Loi fondamentale (l'ensemble des 13 lois fondamentales qui se rapprochent le plus d'un texte constitutionnel pour le pays hébreu) visant à introduire les lois dites Deri et Smotrich. 

Ces deux lois permettent au nouveau chef du gouvernement de conserver le soutien parlementaire de son partenaire historique, le Shas, et de l'alliance suprémaciste juive d'extrême droite, le sionisme religieux, avant la nomination officielle et la cérémonie de prestation de serment de la nouvelle équipe gouvernementale, le jeudi 29 décembre. 

Dans le cas de la première, la coalition ultra-orthodoxe Shas ("Association internationale des juifs sépharades observateurs de la Torah"), le soutien politique est ouvertement conditionné à la mise en œuvre d'un amendement qui permettrait à son chef Aryeh Deri de retrouver une fonction publique au niveau ministériel après sa condamnation et sa disqualification pour fraude fiscale. À cette fin, l'amendement à la Loi fondamentale approuvé par la Knesset aux premières heures de la matinée de mardi permet la réhabilitation des politiciens qui, bien qu'ayant été inculpés, n'ont pas été condamnés à la prison. 

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Selon ce qui a été convenu lors des négociations, Aryeh Deri serait, à partir de jeudi, vice-premier ministre dans ce nouveau gouvernement - considéré par beaucoup comme le plus à droite et le plus orthodoxe de l'histoire du pays - et serait à la tête des ministères de l'intérieur et de la santé pendant la première moitié de la législature, et des finances pendant la seconde. 

Deuxièmement, la réforme du "texte constitutionnel" approuvée par le parlement israélien - à une majorité de 63 voix contre 55 - permettra au leader suprématiste du sionisme religieux, Bezalel Smotrich, d'assumer de vastes fonctions au sein du ministère de la Défense, puisqu'il aura le dernier mot sur les politiques civiles et militaires en Cisjordanie occupée, ainsi que sur les décisions relatives à la construction et à l'expansion des colonies dans cette même région. 

Cette situation est rendue possible par l'amendement qui permet de confier un portefeuille ministériel particulier à deux ministres différents, et a été décrite par l'actuel chef du ministère, Benjamin Gantz (également connu sous le nom de Benny Gantz), comme un "démantèlement de la chaîne de commandement" des forces armées du pays. Selon l'agence de presse EFE, cela "portera atteinte au fonctionnement du système de sécurité". 

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"Ce que nous avons en commun aujourd'hui, c'est la crainte que l'État démocratique d'Israël soit en danger"

En ce sens, les inquiétudes concernant la menace que le nouveau gouvernement fait peser sur la démocratie et l'équilibre des pouvoirs - qui pourrait s'effondrer en faveur de l'exécutif, et au détriment des minorités nationales - ont transcendé les cercles politiques et universitaires, et ont atteint l'armée israélienne elle-même. Ces dernières heures, une lettre adressée à la Cour suprême et signée par près de 1 200 vétérans de l'armée de l'air a mis en garde contre le danger que représente la coalition exécutive du Likoud (le propre parti de Netanyahou), du Sionisme religieux, du Pouvoir juif et de Noam, entre autres.  

"Nous venons de toutes les couches de la société et de tout le spectre politique [...] et ce que nous avons en commun aujourd'hui, c'est la crainte que l'État démocratique d'Israël soit en danger", indique la lettre. Les représentants légaux "constituent la dernière ligne de défense" de la démocratie hébraïque et - selon les vétérans - doivent faire tout leur possible pour "arrêter le désastre" qui menace le pays. 

Parmi les noms qui ont approuvé la lettre figurent des personnalités importantes telles que le lieutenant général de l'armée de l'air israélienne et commandant en chef entre 2005 et 2007, Dan Jalutz ; l'ancien commandant de l'armée de l'air, Avihu Ben-Nun ; et l'ancien général de l'armée de l'air et chef de la Direction du renseignement militaire, Amos Yadlin.

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Dans le même temps, un communiqué signé par les dirigeants des partis d'opposition a exprimé leur rejet du nouveau gouvernement. "Nous travaillerons ensemble pour combattre ce gouvernement rétrograde et antidémocratique qui [...] démantèlera Israël de l'intérieur". "Lorsque nous reviendrons au pouvoir, nous promettons d'annuler toute législation extrémiste qui nuit à la démocratie, à la sécurité, à l'économie ou à la société israélienne", conclut le texte, qui porte également la signature du premier ministre encore en exercice, Yair Lapid. 

Alors que la Knesset approuve les amendements à la Loi fondamentale et que plusieurs membres du nouveau gouvernement expriment leur intention d'approuver la "clause d'annulation" (pour permettre au Parlement d'appliquer des lois qui contredisent la Loi fondamentale et éliminer la capacité de la Cour suprême à les annuler), le président par intérim de la chambre législative, Yariv Levin, a démissionné de la Knesset cette semaine dans l'espoir que ses bonnes relations avec Netanyahou lui garantiraient un portefeuille ministériel dans le nouveau gouvernement

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