Le parti MK d'Afrique du Sud redéfinit sa position sur le Sahara et soutient la souveraineté marocaine

Le parti uMkhonto weSizwe (MK), fondé par Mandela et dirigé par Jacob Zuma, se démarque du Congrès national africain (ANC) et exprime son soutien ferme au plan marocain d'autonomie pour le Sahara 
La Misión Permanente de Marruecos ante la ONU en Nueva York organizó, un seminario internacional de investigación sobre el tema "Autonomía territorial: la promoción de las inversiones extranjeras directas" - PHOTO/ARCHIVO
Sur le plan économique, le parti appelle à renforcer les liens avec le Maroc - PHOTO/ARCHIVES

Dans un geste sans précédent, le parti uMkhonto weSizwe (MK), historiquement lié aux anciens présidents Nelson Mandela et Jacob Zuma, a déclaré son soutien sans équivoque à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ce soutien, exprimé dans un long document officiel intitulé « L'Afrique du Sud et le Maroc : Une alliance stratégique pour l'unité africaine, l'émancipation économique et l'intégrité territoriale », défie ouvertement la position traditionnelle du gouvernement sud-africain dirigé par le président Cyril Ramaphosa, qui soutient depuis 2004 la République arabe sahraouie démocratique (RASD) autoproclamée, s'alignant ainsi sur la thèse algérienne. 

Le MK, qui est devenu la troisième force politique d'Afrique du Sud après les récentes élections en remportant 58 sièges au Parlement, a justifié sa position en invoquant une approche historique, juridique et géopolitique. Selon le document, « le Sahara occidental faisait partie intégrante du Maroc bien avant la colonisation espagnole à la fin du XIXe siècle », et sa réintégration en 1975 représente « une restauration légitime de l'intégrité territoriale marocaine ». 

Le parti de Jacob Zuma reconnaît non seulement la souveraineté marocaine sur le Sahara, mais soutient également activement le plan d'autonomie proposé par Rabat. Ce plan, qualifié de « voie équilibrée », vise à doter la région d'une autonomie sous souveraineté marocaine, garantissant à la fois la stabilité régionale et le droit des Sahraouis à gérer leurs affaires intérieures. 

« Notre position s'inscrit dans une vision panafricaine qui vise à unifier le continent plutôt qu'à le diviser », affirme le texte, qui critique implicitement la ligne du Congrès national africain (ANC) du président Ramaphosa, estimant qu'elle est « déconnectée des réalités géopolitiques actuelles ». 

Cette déclaration du MK n'est pas un geste isolé. Au cours de son mandat présidentiel, Jacob Zuma avait déjà manifesté sa volonté de rétablir les relations avec le Maroc. Lors du sommet Union africaine-Union européenne de 2017 à Abidjan, Zuma avait rencontré le roi Mohammed VI, ouvrant ainsi un canal de dialogue qui avait suscité un certain malaise au sein de l'ANC. 

Jacob Zuma, ancien président de l'Afrique du Sud - PHOTO/ARCHIVES

« Le Maroc est un pays africain avec lequel nous devons entretenir des relations », avait alors déclaré Zuma, rappelant que c'était Pretoria qui avait rompu les relations diplomatiques en 2004 en reconnaissant la RASD. Aujourd'hui, son parti semble déterminé à reprendre cette voie du rapprochement, depuis l'opposition mais avec une influence politique croissante. 

Le soutien du MK au plan d'autonomie marocain intervient dans un contexte de fragmentation du système politique sud-africain. L'ANC, avec 159 sièges, se trouve de plus en plus isolé dans sa position pro-Polisario, tandis que l'Alliance démocratique, deuxième force avec 87 sièges et traditionnellement liée à la minorité blanche, maintient une position ambiguë. En outre, les mouvements indépendantistes dans la région du Cap, dont certains bénéficient d'un soutien international, ajoutent à la pression sur l'équilibre interne du pays. 

Dans ce contexte, le MK se positionne comme un acteur décisif qui non seulement conteste le monopole idéologique de l'ANC en matière de politique étrangère, mais propose également une vision alternative axée sur la coopération panafricaine et le réalisme diplomatique. 

PHOTO/ARCHIVE - Cyril Ramaphosa, presidente sudafricano
Cyril Ramaphosa, président sud-africain - PHOTO/ARCHIVES

Le document du MK ne se limite pas à la question du Sahara. Il plaide pour une alliance globale entre l'Afrique du Sud et le Maroc, fondée sur des valeurs communes telles que la souveraineté nationale, l'intégrité territoriale et l'autodétermination africaine face aux influences extérieures. À cet égard, il rappelle que le Maroc a été le premier pays africain à soutenir l'uMkhonto we Sizwe en 1962, en lui apportant un soutien financier et militaire pendant la lutte contre l'apartheid. 

Sur le plan économique, le parti appelle à renforcer les liens avec le Maroc, soulignant son rôle de deuxième investisseur en Afrique. Il propose des initiatives conjointes dans des secteurs stratégiques tels que les infrastructures, l'énergie, l'agriculture, le tourisme et la transformation numérique. Il propose même la signature d'un accord de libre-échange entre les deux pays et la promotion de politiques de sécurité alimentaire comme piliers d'une autonomie continentale effective. 

Bien que la position du MK ne représente pas une décision officielle de l'État sud-africain, elle marque un tournant dans le débat national et continental sur le conflit du Sahara. Alors qu'un nombre croissant de pays africains et occidentaux soutiennent la solution marocaine, la position du MK pourrait pousser le gouvernement de Pretoria à revoir son alignement diplomatique.