Les projets de création d'un corridor maritime pour acheminer l'aide à Gaza s'accélèrent

Les projets d'acheminement de l'aide humanitaire par voie maritime vers la bande de Gaza, frappée par la famine après cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas, se sont accélérés vendredi avec l'annonce d'un corridor maritime depuis Chypre et la construction d'un port temporaire.
Dans son discours annuel sur l'état de l'Union, le président américain Joe Biden a déclaré que son armée mènerait "une mission d'urgence pour établir une jetée temporaire en Méditerranée au large de la côte de Gaza qui puisse recevoir d'importantes cargaisons de nourriture, d'eau, de médicaments et d'abris temporaires".
Dans le port chypriote de Larnaca, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré qu'elle s'attendait à ce qu'un couloir soit ouvert dimanche pour acheminer l'aide de Larnaca vers le territoire palestinien.
Israël a "salué" cette initiative qui "permettra d'accroître l'aide humanitaire (...) après un contrôle de sécurité conforme aux normes israéliennes", a déclaré le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Lior Haiat, à l'agence de presse X.
Israel welcomes the inauguration of the maritime corridor from Cyprus to the Gaza Strip. The Cypriot initiative will allow the increase of humanitarian aid to the Gaza Strip, after security checks are carried out in accordance with Israeli standards.
Israel will continue to… pic.twitter.com/T68hLQB0mY— Lior Haiat 🇮🇱🎗️ (@LiorHaiat) March 8, 2024
Le principal allié d'Israël, les Etats-Unis, exerce une pression croissante sur Israël, qui n'autorise l'aide à l'enclave palestinienne qu'au compte-gouttes.
L'aide "ne peut être une considération secondaire ou une monnaie d'échange", a déclaré Biden dans son discours, qui a également appelé à un "cessez-le-feu immédiat".
La construction d'un "débarcadère temporaire" prendra plusieurs semaines et n'implique pas le déploiement de soldats américains sur le terrain, ont indiqué des responsables américains, précisant que les Israéliens avaient été informés.
Toutefois, de hauts fonctionnaires de l'ONU ont déclaré que les livraisons aériennes ou maritimes ne pouvaient remplacer les livraisons terrestres et ont mis en garde contre une "famine généralisée presque inévitable" dans le territoire palestinien assiégé.
Selon les Nations unies, 2,2 millions des 2,4 millions d'habitants de Gaza sont au bord de la famine. "La diversification des voies d'approvisionnement terrestres reste la solution optimale, a déclaré Sigrid Kaag, coordinatrice de l'aide de l'ONU pour Gaza.
Négociations la semaine prochaine
Selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas, au moins 20 civils - des enfants pour la plupart - sont morts de malnutrition et de déshydratation.
La situation est particulièrement critique dans le nord, où l'acheminement de l'aide par voie terrestre est quasiment impossible en raison des combats, des destructions et des pillages.
Le 29 février, des soldats israéliens ont ouvert le feu sur une foule affamée qui s'était ruée sur un convoi dans la ville de Gaza.
L'armée a déclaré vendredi que son "analyse" de ce qui s'est passé ce jour-là, lorsque le Hamas a déclaré que 120 personnes avaient été tuées, "a révélé que les troupes n'ont pas tiré sur le convoi humanitaire, mais sur un certain nombre de suspects qui s'approchaient des soldats et constituaient une menace".
La guerre a fait jusqu'à présent 30 878 morts à Gaza, pour la plupart des civils, selon le dernier bilan du ministère de la santé, qui ajoute que 78 personnes ont été tuées au cours des dernières 24 heures.
Operational activity continues in Gaza as IDF troops:
— Israel Defense Forces (@IDF) March 8, 2024
🔺Struck sources of fire and a weapons storage facility assessed to be the source of rockets fired toward communities in southern Israel.
🔺Eliminated approx. 30 terrorists in different areas of Gaza.
🔺Located multiple… pic.twitter.com/Np1jThRcC4
Le conflit a été déclenché lorsque des combattants du Hamas ont attaqué le sud d'Israël le 7 octobre, tuant quelque 1 160 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens.
Les islamistes ont également enlevé quelque 250 personnes. Israël estime que 130 d'entre elles sont encore détenues à Gaza, dont 31 seraient mortes.
Les médiateurs - les Etats-Unis, le Qatar et l'Egypte - espèrent parvenir à un accord sur une trêve comprenant la libération des otages en échange de prisonniers palestiniens avant le début du Ramadan, mois sacré pour les musulmans qui commence en début de semaine prochaine.
Les pourparlers au Caire avec les représentants du Hamas ont été suspendus après quatre jours et devraient "reprendre la semaine prochaine", selon AlQahera News, proche des services de renseignements égyptiens.
Les négociations "ne sont pas rompues", a déclaré l'ambassadeur américain en Israël Jack Lew.
Rafah, le dernier bastion
La délégation du mouvement islamiste a quitté la capitale égyptienne après qu'Israël n'a pas répondu à ses "exigences minimales", selon un responsable palestinien.
Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne, exige un cessez-le-feu permanent et le retrait des troupes israéliennes de Gaza avant la signature de tout accord.
"L'armée israélienne continuera d'opérer dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah, le dernier bastion du Hamas", a réaffirmé jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Pour sa "victoire totale", Israël dit préparer une offensive terrestre dans la ville la plus méridionale de Gaza, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, selon l'ONU.
A l'hôpital Najjar de Rafah, un homme tenait le corps d'un enfant, enveloppé dans un tissu blanc imbibé de sang, tué dans une attaque contre un quartier résidentiel, selon un correspondant de l'AFP.