Les révoltes au Liban atteignent le Parlement

Le Moyen-Orient reste au centre des tensions et des troubles. Désormais, des alarmes ont de nouveau été déclenchées au Liban, où la population est descendue dans la rue pour protester contre la situation économique et politique de la nation et avant la procédure de vote de confiance du nouveau gouvernement de Hassan Diab, qui a succédé à la défenestrée de Saad Hariri.
Les affrontements ont finalement éclaté lorsqu'une foule de manifestants s'est déplacée au centre-ville de Beyrouth pour assiéger le siège du Parlement, où la nouvelle administration Diab prévoit de faire sa déclaration politique en vue de la motion de confiance visant à confirmer le nouveau pouvoir parlementaire élu.
Au fond de cette fatigue citoyenne se trouve la grave crise financière nationale, entraînée depuis des décennies et qui a fait sauter Saad Hariri de son poste, également parmi les critiques sévères de la corruption institutionnelle établie au sein de la classe politique dirigeante ces dernières années.

Des forces de sécurité spéciales, la police elle-même et l'armée ont encerclé le siège parlementaire de Beyrouth. En ce mardi jour de troubles, les manifestants ont tenté de fermer l'accès au Parlement aux politiciens convoqués à la session dans l´hémicycle, parmi la ferme réponse des forces de sécurité, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et même des barrières en béton dissuader les manifestants et éviter le passage aux alentours du siège parlementaire.
Face au processus de vote de confiance pour soutenir l'exécutif d'Hassan Diab, les citoyens jetés dans la rue ont choisi un slogan principal clair et concis : « Sans confiance ». C'est le principal message lancé par ceux qui manifestent publiquement leur opposition à la situation actuelle dans le pays.

Depuis plusieurs mois, une situation inquiétante d'instabilité politique et sociale se prolonge au Liban, en grande partie à cause du scénario économique inquiétant que traverse le pays, le plus grave depuis la guerre civile, qui s'est développée entre 1975 et 1990.
Le manque de fonds publics a même conduit l'ancien Premier ministre Saad Hariri à faire une tournée économique début octobre dans divers pays arabes comme les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite et dans d'autres pays européens comme la Russie, la France et l'Allemagne pour collecter des fonds ; accompagné à cette occasion par plusieurs ministres, le gouverneur de la Banque centrale du Liban et 50 banquiers et économistes.

La situation urgente de l'économie libanaise montre des données désolantes ; 2019 se termine avec une dette publique d'environ 85 000 millions de dollars, soit 150 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et traverse un scénario de faible confiance financière et de faible 'rating' notation des principaux dépôts bancaires, selon les échelles des agences de notation comme Moody's.
La recette du gouvernement pour s´en sortir a été basée sur l´essor des impôts pour les citoyens, qui, associé à une inflation inquiétante, a entraîné une pression étouffante sur la population, qui a fini par réagir en manifestant dans les rues, pointant du doigt la classe politique.

Face au scénario insoutenable que traversait la nation, le Liban a annoncé fin janvier un nouveau gouvernement, mettant fin à trois mois de blocus politique. Hassan Diab a réussi à former un exécutif, approuvé par la majorité des partis politiques, afin de fixer un cap pour le pays, tout cela après la démission forcée de Hariri fin octobre, face aux manifestations de l'opposition citoyenne générées par la crise économique et le rejet de la corruption systémique au sommet du pouvoir.
Diab a défini son exécutif comme une « équipe de secours » et a promis, en tant que nouveau Premier ministre, que son équipe travaillerait dur « pour répondre aux demandes des citoyens ». Le nouveau chef du gouvernement a nommé un groupe de confiance de technocrates et de spécialistes pour calmer les rues, qui réclamaient une direction indépendante, loin de l'élite politique traditionnelle qui a entraîné le pays dans la situation difficile actuelle.

Malgré cette annonce du nouveau premier ministre, la tension est restée dans les rues. Le nouveau gouvernement a reçu le soutien majoritaire des autres formations politiques, y compris celui des chiites du Hezbollah, qui ont soutenu Diab en échange de deux postes ministériels.