L'Ukraine et la Russie conviennent d'un nouvel échange de prisonniers après des négociations tendues à Istanbul

Les délégations ukrainienne et russe ont conclu lundi la deuxième série de pourparlers de paix à Istanbul par un accord qui, bien que limité, représente une petite avancée : les deux parties ont convenu d'un nouvel échange de prisonniers de guerre. L'accord concerne les soldats gravement blessés et les combattants âgés de moins de 25 ans. Les corps des soldats décédés seront également échangés.
Rustem Umerov, ministre ukrainien de la Défense et chef de la délégation de Kiev, a indiqué que les détails étaient en cours de finalisation et que l'annonce officielle de l'échange était imminente. « Nous nous concentrons sur les blessés et les malades graves, les jeunes et les autres catégories vulnérables, ainsi que sur l'échange des corps », a déclaré Umerov à la presse après les réunions dans la ville turque.
Parallèlement, l'Ukraine a remis à la Russie une liste des noms des enfants ukrainiens qui, selon Kiev, ont été déportés illégalement par Moscou pendant la guerre.
Ce deuxième cycle fait suite à celui du 16 mai, qui a abouti au plus grand échange de prisonniers à ce jour (un millier de chaque côté), mais n'a pas permis de progrès significatifs vers la fin de la guerre.
Cette fois-ci, le président ukrainien Volodimir Zelensky a défini trois priorités pour Kiev : un cessez-le-feu de 30 jours, un nouvel échange de prisonniers et le retour des enfants déportés. Pour l'instant, seul le deuxième point semble avoir obtenu une réponse concrète.
De son côté, le Kremlin n'a pas révélé publiquement ses priorités. Cependant, les représentants russes ont réitéré leur volonté de résoudre les « causes profondes » de la guerre, un terme que le Kremlin utilise depuis avant l'invasion à grande échelle de février 2022 pour justifier son offensive contre l'Ukraine.

Les deux délégations ont présenté ce qu'elles ont appelé un « mémorandum de paix ». Selon des sources ukrainiennes, Kiev a remis une feuille de route détaillée pour parvenir à une paix durable. La Russie, pour sa part, a partagé son propre document, publié par la suite par l'agence d'État TASS.
Le document russe exige, entre autres conditions, la reconnaissance de l'annexion de la Crimée et des régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, bien que Moscou ne contrôle aucune d'entre elles. Il demande également le retrait des forces ukrainiennes de ces régions, la démobilisation de l'armée ukrainienne, l'abandon définitif de toute aspiration à rejoindre l'OTAN et l'interdiction de redéployer des troupes ou de coopérer militairement avec des puissances étrangères.
Parmi les autres exigences figurent l'officialisation de la langue russe en Ukraine, la renonciation à toute demande d'indemnisation pour les dommages de guerre et une amnistie générale pour les « prisonniers politiques ». .

Trump durcit le ton
Aux États-Unis, le président Donald Trump, qui a exprimé à plusieurs reprises son intérêt pour une solution rapide au conflit, a montré une frustration croissante face à l'absence de progrès. Il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux, il a qualifié Vladimir Poutine de « complètement fou » et l'a accusé de « jouer avec le feu » après les récents bombardements russes sur le territoire ukrainien.
Malgré ses critiques, Trump n'a pas encore imposé de nouvelles sanctions à Moscou. Zelensky, quant à lui, a durci le ton et exigé que, si les négociations à Istanbul ne débouchent pas sur des résultats concrets, un nouveau train de sanctions plus sévères soit immédiatement mis en place, tant par les États-Unis que par l'Union européenne.
D'autre part, la Maison Blanche, par l'intermédiaire de sa porte-parole Karoline Leavitt, a indiqué que Trump était « ouvert » à l'idée d'un sommet tripartite avec Poutine et Zelensky si la situation l'exigeait.

Les bombardements se poursuivent malgré les négociations
Alors que les délégations négociaient à Istanbul, les violences se poursuivaient sur le front. Au moins cinq personnes ont été tuées lundi par des bombardements russes dans l'est de l'Ukraine, selon les autorités locales. L'une des victimes est décédée à Kramatorsk, deux autres à Illinivka, et deux autres femmes ont été tuées au sud de Kupiansk, dans la région de Kharkiv, qui fait l'objet d'attaques intensives depuis des mois.
En outre, dans la région occupée de Zaporijia, un bombardement ukrainien a provoqué une coupure générale d'électricité, selon les médias russes. La centrale nucléaire de la région n'a toutefois pas été touchée.