Violents combats à Gaza malgré l'avertissement américain sur le risque de "chaos"

Les combats entre l'armée israélienne et le mouvement palestinien Hamas se poursuivaient lundi dans la bande de Gaza, principalement à Rafah, malgré les mises en garde américaines contre une offensive dans cette ville surpeuplée qui pourrait déclencher le "chaos".
Des correspondants de l'AFP et plusieurs témoins font état de violents affrontements entre soldats israéliens et combattants du Hamas dans différents secteurs de Gaza.
"Notre guerre d'indépendance n'est pas terminée. Elle se poursuit encore aujourd'hui (...) Nous sommes déterminés à gagner cette lutte", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une célébration du Jour du Souvenir, qui commémore chaque année les personnes tuées dans le conflit.
Près d'une semaine après le début de l'opération de l'armée israélienne à Rafah, une ville frontalière égyptienne dans le sud de la bande de Gaza où s'entassent 1,4 million de Palestiniens, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré qu'une offensive dans cette ville surpeuplée n'atteindrait pas l'objectif déclaré d'éliminer le Hamas.
Des correspondants de l'AFP ont rapporté des tirs d'hélicoptères et des bombardements dans l'est de Rafah. Netanyahou menace de lancer une grande offensive terrestre pour attaquer les derniers bataillons du Hamas qui, selon lui, sont retranchés dans cette ville.
Ces derniers jours, des combats ont également eu lieu entre les forces israéliennes et des miliciens palestiniens dans le nord de la bande de Gaza, où, selon un porte-parole de l'armée israélienne, le Hamas "tente de reconstituer ses capacités militaires".
Des affrontements ont également eu lieu à Zeitun et Jabalia, respectivement dans le centre et le nord de la bande de Gaza, selon des correspondants de l'AFP et des témoins.
La semaine dernière, les forces israéliennes ont ordonné à la population d'évacuer l'est de Rafah, ce que 300 000 Palestiniens ont fait, selon l'armée.
Mais selon Blinken, une opération d'envergure à Rafah risquerait de créer "le chaos", "l'anarchie" et "d'énormes dégâts" pour la population civile "sans résoudre le problème du Hamas", a-t-il déclaré dans une interview accordée à la chaîne NBC.
"Nous avons vu le Hamas revenir dans les zones qu'Israël a libérées dans le nord, y compris à Khan Younis", une ville en ruine près de Rafah, a-t-il ajouté.

"Un enfer"
À pied, dans des véhicules ou sur des tricycles, des milliers de Palestiniens continuent de fuir Rafah pour tenter de trouver refuge ailleurs dans la bande de Gaza.
"Nous avons vécu l'enfer pendant trois jours et les pires nuits depuis le début de la guerre", a déclaré à l'AFP Mohamed Hamad, 24 ans, qui a fui l'est de Rafah, touché par les bombardements, en suivant les ordres d'évacuation de l'armée.
"Le discours sur les zones de sécurité est faux et trompeur. Aucun endroit n'est sûr à Gaza" pour ses quelque 2,4 millions d'habitants, a écrit le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, sur le réseau social.
Le Hamas a accusé dimanche Israël de vouloir "faire échouer" les négociations sur une trêve et la libération des otages détenus à Gaza, jusqu'ici sans résultat, avec son offensive sur Rafah.
La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre de miliciens du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a fait plus de 1 170 morts, pour la plupart des civils, selon des chiffres de l'AFP basés sur des données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été enlevées lors de l'attaque et 128 sont toujours captives à Gaza, dont 36 auraient été tuées, selon l'armée.
En réponse, l'armée a lancé un pilonnage intensif suivi d'une offensive terrestre le 27 octobre, qui a dévasté Gaza, déplacé la majeure partie de la population et provoqué une catastrophe humanitaire, avec une menace imminente de famine, selon l'ONU.
Le Hamas a prévenu lundi que le système de santé du territoire palestinien était "à quelques heures de l'effondrement" en raison du manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux, les ambulances et le transport du personnel.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 35 034 personnes sont mortes depuis le début de la guerre, pour la plupart des civils.
L'armée israélienne a annoncé la mort de 272 de ses soldats depuis le début du conflit.