Bruxelles réaffirme son "plein" soutien à la Cour pénale internationale après l'émission d'un mandat d'arrêt contre Poutine

Zelenski insiste pour que l'UE lui fournisse des avions et des missiles à longue portée

photo_camera AFP/ JOHN THYS - La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (C), applaudit le président ukrainien Volodymyr Zelensky (L) qui apparaît sur un écran alors qu'il parle par liaison vidéo lors d'une session plénière spéciale du Parlement européen consacrée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie au siège de l'UE à Bruxelles le 1 mars 2022

Le président ukrainien Volodymir Zelenski a demandé jeudi aux dirigeants de l'Union européenne (UE) de lui fournir des avions modernes et des missiles à longue portée, faute de quoi la guerre s'éternisera, ont expliqué des sources européennes.  

Zelenski s'est exprimé par vidéoconférence lors du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UE qui se tient aujourd'hui et demain à Bruxelles. C'est la huitième fois qu'il participe à une réunion avec des dirigeants européens depuis le début de l'invasion, et il l'a fait depuis un train en route vers l'est de l'Ukraine. Dans son discours, il s'est félicité de l'accord conclu cette semaine par l'UE pour accélérer la livraison d'un million d'obusiers à l'Ukraine au cours des douze prochains mois, tout en appelant à une accélération de la livraison des chars Leopard.  

Jusqu'à présent, la Slovaquie a déjà livré quatre chasseurs sur les treize qu'elle a promis à Kiev, a annoncé aujourd'hui le ministre de la Défense Jaroslav Nad, et la Pologne a annoncé la livraison de quatre autres appareils.  

Zelenski a également demandé à l'UE d'approuver un nouveau train de sanctions à l'encontre de la Russie et de ne pas appliquer d'exceptions à celles déjà adoptées, comme l'UE l'a fait en décembre, afin d'autoriser des paiements à des oligarques russes pour faciliter la vente de blé à des pays en développement.  

Le président ukrainien a également demandé aujourd'hui que les négociations d'adhésion à l'UE débutent et que son plan de paix, approuvé par l'UE, ne soit pas retardé.  

Plusieurs dirigeants européens ont appelé aujourd'hui la Chine à engager un dialogue avec l'Ukraine si elle souhaite réellement mettre un terme à la guerre. Parmi eux, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a déclaré que lors de son prochain voyage en Chine, les 30 et 31 mars, il ferait savoir à son homologue chinois, Xi Jinping, que la paix en Ukraine doit passer par le respect de l'intégrité territoriale de ce pays et que ce sont les Ukrainiens qui doivent en fixer les conditions.  

La Première ministre estonienne, Kaja Kallas, a défendu l'envoi d'armes à Kiev car, selon la Charte des Nations unies, "elle a le droit de se défendre", et a averti la Chine que "soutenir l'agresseur, c'est aller dans la direction opposée", suite à la récente rencontre à Moscou entre Xi et le président russe Vladimir Poutine. 

L'UE réaffirme son "plein" soutien à la CPI 

L'Union européenne a réaffirmé jeudi son soutien "total" à la Cour pénale internationale (CPI) et a condamné la menace "illégale" reçue de la Russie à la suite du mandat d'arrêt lancé contre le président russe Vladimir Poutine pour des crimes de guerre présumés en Ukraine. 

"L'UE réaffirme son soutien total à la CPI. Toute mesure de rétorsion à l'encontre de ceux qui participent aux travaux de la CPI est inacceptable. En menant la lutte contre l'impunité, la CPI doit pouvoir travailler de manière indépendante et impartiale", a déclaré aujourd'hui Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE, dans un communiqué. 

La CPI a récemment reçu des menaces suite à l'émission de mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de Poutine et de Maria Lvova-Belova, commissaire présidentiel russe aux droits de l'enfant, pour la déportation illégale d'enfants et leur transfert des zones occupées de l'Ukraine vers la Russie. 

Il s'agit, selon Borrell, d'une "menace illégale" proférée par "un haut représentant russe de recourir à la force contre la Cour pénale internationale", basée à La Haye, "et son pays d'accueil, les Pays-Bas". L'haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères a fait référence aux déclarations du vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, qui a déclaré il y a trois jours que "l'utilisation précise d'un missile hypersonique Onyx lancé par un navire russe depuis la mer du Nord contre le siège de la Cour à La Haye est tout à fait concevable". 

L'ancien président russe de 2008 à 2012 a ajouté que la CPI "n'est qu'une organisation misérable" et qu'en cas d'attaque, personne ne déclenchera de guerre car "ils auront peur". "Nous sommes tous à la merci de Dieu et des missiles", a-t-il ajouté sur sa chaîne Telegram. 

En réponse, Borrell a souligné aujourd'hui que l'UE restait déterminée à défendre la Cour contre "toute ingérence extérieure visant à entraver le cours de la justice et à saper le système de justice pénale internationale".  

Dès le départ, le Kremlin a catégoriquement rejeté comme "juridiquement nulle et non avenue" toute décision de la CPI, car il ne reconnaît pas sa compétence et n'a pas non plus ratifié le statut de Rome pour devenir membre de la Cour. "L'UE continuera de plaider en faveur de l'universalité du Statut de Rome et invitera tous les États qui ne l'ont pas encore fait à envisager d'adhérer à la CPI afin de mettre fin à l'impunité des crimes les plus graves", a conclu Borrell.

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