Le commerce mondial dans un monde fragmenté

PHOTO/FILE - OMC/WTO

Le commerce est un écosystème extrêmement complexe qui implique non seulement un importateur et un exportateur, mais aussi d'autres acteurs dans les chaînes d'approvisionnement physiques et financières, couvrant de multiples pays et industries. Cela donne lieu à des normes, des règles et des cadres juridiques différents.

Depuis 1990, le commerce mondial a quadruplé et le PIB mondial a doublé. En conséquence, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté a été réduit.

Le commerce et l'investissement sont des moteurs de la croissance, de l'innovation et de l'emploi. La contribution d'une économie mondiale florissante au système multilatéral est reconnue. Cependant, même les plus fervents défenseurs du libre-échange savent que pour que le système international favorise la coopération et la concurrence et évite les guerres commerciales ou militaires, il est nécessaire que les institutions créent des mécanismes favorisant la coopération, la coordination et même l'intégration, ainsi que la résolution pacifique des différends. Il est clair que le système actuel ne remplit pas ses objectifs. Des organismes tels que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et d'autres sont inadéquats et une réforme est nécessaire pour améliorer leur fonctionnement et favoriser le progrès. 

Des années et des décennies sans véritable développement d'un système multilatéral ont non seulement conduit à la paralysie, mais ont également menacé l'efficacité des agences internationales spécialisées, qui constituent l'épine dorsale de la réussite du système international. 

L'OMC traverse une phase délicate qui exige un travail acharné et un consensus entre ses membres, ainsi que la flexibilité et l'engagement politique nécessaires pour réussir. Tous les pays et acteurs commerciaux sont invités à faire preuve de souplesse et à œuvrer à la recherche d'un consensus afin de surmonter les difficultés et l'impasse et de réaffirmer leur attachement aux principes et objectifs énoncés dans l'accord de Marrakech instituant l'OMC, au renforcement du système commercial multilatéral et à l'engagement en faveur d'un système juste et équilibré incarné par une OMC réformée, assurant une répartition équitable des avantages du commerce international et garantissant le droit au développement des pays les moins favorisés. 

Le changement climatique et la sécurité géopolitique, les épidémies, la surpopulation, les inégalités, la faim, la sécurité alimentaire, les migrations ou le chômage requièrent des approches collaboratives pour les résoudre au niveau mondial, mais aucun consensus global ne se dégage. Certains de ces problèmes sont interconnectés et ne peuvent être résolus par des solutions provisoires. 

Un nouvel élan est nécessaire pour revitaliser le système multilatéral afin de relever les nouveaux défis, un nouveau départ qui pourrait conduire à une révision de l'ordre du jour non seulement de l'OMC, mais aussi de toutes les agences des Nations unies, ainsi que du rôle du Conseil de sécurité, ce qui impliquerait nécessairement une révision du rôle et des priorités de l'Assemblée générale des Nations unies. Cela pourrait être suivi d'un processus moderne de "mise en réseau" entre les appareils politiques et de développement de l'ONU et les autres agences spécialisées. Si cela se concrétise, le processus de modernisation du secteur multilatéral aura commencé. Toutefois, il ne s'agit pas d'une tâche facile, cela prendra du temps et la transition du processus de réforme ne sera pas automatique. 

Nous entrons dans une nouvelle phase du commerce et de la géopolitique dans un monde fragmenté, pour contrer cela et le protectionnisme. Une collaboration accrue, un multilatéralisme renforcé et des partenariats sont nécessaires. Nous devons également considérer le renforcement de la résilience des chaînes d'approvisionnement comme un investissement à long terme. 

Les gouvernements et les entreprises doivent travailler ensemble pour investir dans de nouvelles infrastructures, des systèmes intelligents, des technologies climatiques, l'éducation et la formation. Cela permettra non seulement de renforcer la résilience, mais aussi de favoriser une croissance inclusive et durable. Ne pas agir maintenant pourrait avoir des conséquences politiques, économiques ou climatiques, en particulier dans les marchés émergents et les pays en développement. 

Le rôle de l'OMC dans l'établissement de règles qui favorisent un commerce libre, équitable et inclusif et facilitent un environnement commercial et d'investissement transparent et ouvert doit être renforcé. 

L'urgence d'une économie plus inclusive et durable dans un monde de plus en plus complexe exige que l'on se concentre sur les défis systémiques de la planète, en favorisant l'action collective parce que les problèmes d'aujourd'hui ne peuvent plus être résolus par les seuls gouvernements. De nouvelles réponses, une vision claire, de l'agilité et du pragmatisme sont nécessaires. 

La coopération est essentielle pour conduire le changement nécessaire afin de garantir la résilience, la durabilité et la prospérité à l'avenir pour toutes les communautés du monde.