Débat en islam : faut-il fermer les mosquées ?

Mezquitas

Plusieurs courants salafistes, qui prétendent appliquer les enseignements du Coran et du prophète Mahomet dans les premières années de l'Islam, se sont opposés à la fermeture des mosquées. Au Maroc, par exemple, trois cheikhs salafistes bien connus, Abu Naim, Hassan el Kettani et Omar Haduchi, considèrent que l'avis en faveur de la fermeture émis par le Conseil supérieur des oulémas du Maroc, « est un scandale », puisque, selon eux, le niveau atteint par l'épidémie n'est pas suffisamment dangereux pour justifier la fermeture des lieux de culte. Ces salafistes, qui connaissent une certaine situation dans les secteurs les plus pauvres et les plus marginalisés de la société, brandissent le drapeau de la résistance en menaçant que « le pays qui ferme ses mosquées renoncera à sa religion ».  

À l'autre extrême de la rationalité sociale se trouvent des organisations telles que le Conseil supérieur des Oulémas précité, qui suit la ligne dictée par l'Émir des Croyants, une fonction exercée par le Roi du Maroc, et l'Organisation internationale des Oulémas musulmans dirigée par Ahmed Raissuni, qui sont favorables à la suspension des « prières du vendredi » dans les mosquées pour des raisons de santé. C'est la même opinion que celle exprimée par l'Université islamique d'Al Azhar en Egypte, considérée comme la référence de l'Islam sunnite, et appliquée entre autres par des pays comme l'Algérie qui ont décrété la fermeture à partir de ce vendredi 18 mars. 

Pour sa part, la Commission islamique d'Espagne a « recommandé » aux imams la fermeture des mosquées, tandis que le Conseil français du culte musulman est allé plus loin en ordonnant directement à tous ses fidèles de fermer les innombrables lieux de culte.

Dans le monde islamique, la décision des autorités religieuses de fermer provisoirement la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, le troisième lieu saint de l'Islam après La Mecque et Médine, deux villes d'Arabie Saoudite, a eu un impact majeur, mais elles n'ont pas fermé les portes de leurs mosquées.    
Si l'opinion majoritaire des islamologues est favorable à la fermeture des lieux de prière, y compris celle du célèbre leader salafiste marocain Abu Hafs, l'absence d'unanimité dans la position des chefs religieux crée des troubles et de l'insécurité dans la communauté musulmane.

En tout cas, l'interprétation donnée par les cheikhs réticents à fermer les mosquées semble plus intéressée par la sauvegarde de leur propre crédit et de leur influence que par la santé de la population.