Ce que le nouveau gaz de Sharjah signifie pour l'économie des EAU
Fin janvier, l'entreprise publique Sharjah National Oil Corporation (SNOC) et l'entreprise énergétique italienne Eni ont annoncé qu'elles avaient trouvé des réserves de gaz et de condensat avec des flux de 50 mètres cubes par jour dans le champ de Mahani, situé près de la frontière occidentale de l'émirat avec Dubaï. Cette découverte, la première découverte de gaz à terre depuis le début des années 1980, survient un an après que la SNOC et l'Eni aient signé un accord de concession pour l'exploration de la zone.
Ce développement est destiné à apporter un certain nombre d'avantages à Sharjah qui, contrairement aux autres émirats et pays de la région, ne dispose pas de réserves d'hydrocarbures importantes. En fait, environ 92 % du PIB de l'émirat provient du secteur non pétrolier.
Tout d'abord, le gaz devrait aider Sharjah à répondre à ses besoins énergétiques croissants. Avec une population qui devrait atteindre environ 2 millions d'habitants d'ici la fin de l'année, contre 1,5 million en 2018, l'émirat cherche à étendre et à diversifier son bouquet énergétique pour répondre à la demande croissante.
Cette découverte devrait également contribuer aux efforts visant à atteindre l'autosuffisance énergétique d'ici 2021.
Fin 2017, la Sharjah Electricity and Water Authority (SEWA) a lancé sa stratégie pour le secteur, qui prévoit d'ajouter 1500 MW de capacité au réseau national d'ici la fin de l'année prochaine. Cela permettrait de compenser les importations d'énergie existantes, qui sont estimées entre 700 et 1200 MW actuellement.
Les nouvelles réserves devraient également renforcer la capacité de l'industrie, l'un des principaux moteurs économiques de l'émirat. L'industrie représente environ 25 % du PIB de Sharjah, et les récentes découvertes devraient aider à répondre aux demandes énergétiques de ce secteur en pleine croissance.
Les responsables gouvernementaux espèrent que l'augmentation de l'approvisionnement en énergie attirera davantage d'investissements dans des projets industriels et commerciaux dans tout l'émirat. L'expansion de l'industrie est au cœur des plans de croissance à moyen terme, selon l'agence de notation Standard & Poor's. Dans une étude publiée en octobre de l'année dernière, l'agence a cité l'expansion des zones de libre-échange de Sharjah, y compris sa zone d'industrie lourde à Hamriyah, et le rezonage des zones industrielles et résidentielles comme facteurs clés de sa projection selon laquelle l'économie croîtra à un taux annuel moyen de 2 % jusqu'en 2022.
À cette fin, en octobre de l'année dernière, Sharjah Asset Management, la branche d'investissement de l'émirat, a lancé le projet Al Saja’a Industrial Village. Le développement consiste en 100 unités de salles d'exposition, d'entrepôts et d'espaces ouverts pour les investisseurs industriels ou commerciaux. Il devrait contribuer à la croissance de la logistique, de la technologie, de l'industrie, des transports et du pétrole et du gaz.
Le succès des opérations du SNOC et de l'Eni dans le champ de Mahani pourrait également entraîner une augmentation de l'activité d'exploration. En janvier de l'année dernière, les médias locaux ont rapporté que la SNOC prévoyait de délivrer une deuxième série de licences pour les concessions d'hydrocarbures onshore et offshore. Bien qu'aucune annonce officielle n'ait été faite sur le calendrier d'une telle initiative, les responsables ont déclaré qu'elle pourrait avoir lieu plus tard cette année.
La récente découverte et l'expansion potentielle de l'exploration pétrolière et gazière à Sharjah reflètent les développements dans les émirats voisins des EAU. Début février, les autorités d'Abu Dhabi et de Dubaï ont annoncé qu'elles avaient trouvé quelque 80 milliards de pieds cubes de gaz dans le réservoir de Jebel Ali, qui s'étend entre les deux émirats.
Cette découverte, qui contiendrait la quatrième plus grande réserve de gaz au monde, pourrait réduire considérablement les importations d'énergie des EAU et stimuler une forte croissance économique à moyen terme.
