L'Arabie saoudite acquiert 9,9 % de Telefónica et devient son premier actionnaire

Dans une opération qui a pris les marchés par surprise, le premier opérateur de télécommunications d'Arabie Saoudite, STC Group, a annoncé mercredi 6 septembre qu'il avait acquis une participation de 9,9 % dans Telefónica, faisant de la société, contrôlée par le gouvernement saoudien, le principal actionnaire de l'entreprise dirigée par José María Álvarez-Pallete.
Selon les informations publiées par STC Group, la société a acquis le 5 septembre une participation de 9,9 % dans Telefónica pour un montant de 2,1 milliards d'euros.
Le nombre total d'actions acquises est de 569 295 356 et la transaction a été financée par une combinaison de capitaux propres et de dettes bancaires.
Selon STC, Telefónica est le premier opérateur de télécommunications en Europe et dispose d'un portefeuille d'infrastructures et d'actifs unique et de classe mondiale, ainsi que de plateformes technologiques de pointe.

La déclaration de l'opérateur saoudien souligne également la présence significative de Telefónica sur trois des plus importants marchés européens (Espagne, Allemagne et Royaume-Uni) ainsi qu'en Amérique latine, notamment au Brésil.
En ce qui concerne les raisons de la transaction, STC a déclaré : "Cet investissement est conforme à la stratégie de croissance et d'expansion de l'entreprise par l'acquisition de participations dans des actifs stratégiques à valeur ajoutée sur des marchés prometteurs, ainsi que par la mise à profit de ces opérations pour soutenir la croissance, l'expansion et le rendement du capital de l'entreprise. En outre, cette transaction permettra à STC d'investir dans de nouveaux marchés et de maximiser le retour du capital à ses actionnaires de manière durable".
Un actionnaire majeur
Avec cette opération surprise, STC devient le premier actionnaire de Telefónica. Il est suivi par BBVA (4,87%), BlackRock (4,48%), CaixaBank (3,5%), Vanguard (3,02%), Criteria Caixa (2,40%), Norges Bank (1,95%) et Capital Group (0,88%).
Il convient toutefois de noter que la société saoudienne ne détiendra pour l'instant que 4,99 % des droits de vote, ce qui correspond à l'acquisition directe d'actions de Telefónica. Les 5 % restants, acquis par le biais d'instruments financiers, sont en attente de l'autorisation du gouvernement espagnol, Telefónica ayant été inscrite sur la liste des fournisseurs stratégiques du ministère de la Défense.
Cette inscription signifie qu'aucun investisseur ne peut acquérir plus de 5 % du capital d'un fournisseur stratégique sans l'autorisation du ministère de la Défense, après analyse par le Conseil des ministres.
En cas de refus de cette autorisation, STC détiendrait toujours 9,9% du capital de Telefónica, mais ne disposerait que de 4,9% des droits de vote.
Selon les déclarations du PDG de STC Group, Olayan Alwetaid, il ne semble pas que l'entreprise saoudienne interviendra dans la gestion du groupe, car elle a confirmé sa confiance dans l'équipe de direction actuelle, dirigée par son président, José María Álvarez-Pallete.

Reste à savoir comment STC sera représentée au sein du conseil d'administration de l'entreprise. Sachant que des actionnaires représentatifs comme BBVA et CaixaBank disposent respectivement d'un siège au conseil d'administration, il serait logique de penser que STC en aura au moins deux. La société saoudienne a déclaré qu'il était encore trop tôt pour ces considérations.
Réactions
L'opération a été accueillie avec surprise par les marchés, bien que Telefónica et STC aient déjà entretenu des relations antérieures, sous la forme d'un accord de collaboration stratégique visant à explorer ensemble les opportunités commerciales potentielles, signé au début de l'année.
L'action Telefónica, qui s'échangeait à 3,75 euros à la clôture du marché le 5 septembre, a ouvert la séance du 6 septembre à un prix de 3,88 euros, bien que dans les heures qui ont suivi, elle ait commencé à perdre de son élan.
Le gouvernement espagnol a réagi avec prudence à une opération qui concerne une entreprise considérée comme stratégique et historiquement représentative de la marque Espagne.
Bien que l'opération d'achat n'atteigne pas les 10 % qui nécessiteraient l'autorisation préalable du gouvernement, ce dernier se réserve la possibilité d'autoriser l'opération, car STC doit recevoir le feu vert pour les 5 % restants de l'achat, qui a été réalisé au moyen d'instruments financiers.
L'opération intervient à un moment clé pour Telefónica, qui présentera le 8 novembre son nouveau plan stratégique, basé sur des services technologiques fournis à d'autres entreprises.
Le plus grand opérateur du Moyen-Orient
STC Group est détenu à 64 % par le Fonds d'investissement public saoudien, le fonds souverain dirigé par le prince héritier Mohammed bin Salman.
Il s'agit de la plus grande entreprise de télécommunications du Moyen-Orient, avec une capitalisation boursière de 49,2 milliards d'euros (plus du double de celle de Telefónica). Elle est présente dans 11 pays et compte 170 millions de clients.