Le Maroc appelle à davantage d'investissements étrangers dans ses secteurs en développement. C'est l'un des appels les plus répétés du gouvernement de coalition d'Aziz Akhannouch depuis un an qu'il est au pouvoir. Ce dernier appel a été lancé par le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, lors de l'ouverture du 3ème Forum des zones industrielles qui s'est tenu à Tanger.
"Le Maroc dispose du potentiel humain et structurel nécessaire pour attirer les investissements arabes et lui permettre d'assumer le rôle de locomotive du développement au niveau régional", a déclaré Mezzour dans son discours, qu'il a adressé en particulier aux pays arabes du Golfe Persique. Ce n'est pas un hasard si Tanger est le lieu d'où est lancé cet appel. La ville portuaire du nord du Maroc est la cible d'une campagne intensive de promotion économique. L'idée à long terme de l'État marocain est de faire de Tanger, grâce à son port de Tanger-Med, un pôle économique qui regarde dans les yeux la ville d'Algésiras, de l'autre côté du détroit.
La promotion de Tanger, dont le dynamisme est déjà suffisamment attrayant pour les entreprises logistiques émiraties telles que le géant Emirates Logistics, souhaite une plus grande implication des pays arabes. Emirates Logistics a dû acquérir un nouveau terrain dans la zone franche de Tanger Automotive City en juin 2022, en raison de l'augmentation du volume de marchandises avec lequel la société prévoit d'opérer.

Le paradigme de l'investissement étranger massif dans les pays d'Afrique du Nord a commencé dans les années 1990, lorsqu'ils ont attiré l'attention des pays du Golfe. Au cours de cette décennie, le Maroc a été la destination de 14% des investissements arabes pour des projets de construction immobilière non touristiques. Actuellement, le royaume marocain tente d'orienter les investissements vers les secteurs de l'industrie et des services plutôt que vers la construction.
Le Maroc s'enorgueillit à cet égard de sa quatrième position dans le classement annuel des compétences économiques du Fonds monétaire arabe, devant le Koweït et Oman. La tendance s'est accélérée dans les années 2000, avec la hausse des prix du pétrole et la fin du gel des avoirs européens des grandes fortunes arabes au lendemain des attentats terroristes contre les Twin Towers.
Dans la triade maghrébine Tunisie-Algérie-Maroc, le royaume a reçu le plus d'investissements totaux depuis 2003 (ANIMA, 2013).
Pour des pays comme l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn, l'investissement au Maroc est devenu un moyen de diversifier leurs activités économiques, qui ont toujours été fortement dépendantes des combustibles fossiles. Cette stratégie est toujours à l'ordre du jour des pays arabes du Golfe aujourd'hui. Il s'agit également d'un outil intéressant et puissant pour la diplomatie économique, dans laquelle les monarchies du pétro-golfe n'ont pas leur pareil, favorisées par leurs solides relations culturelles, religieuses et sociales avec les États du Maghreb.

L'attitude d'ouverture des armes promue par le gouvernement marocain ne se limite pas aux pays arabes. Le monarque alaouite lui-même, Mohammed VI, dans son discours du 6 novembre à l'occasion de l'anniversaire de la Marche verte, a fait plusieurs clins d'œil aux investissements du Royaume-Uni. Un nombre considérable d'entreprises britanniques sont impliquées dans des projets marocains, notamment dans l'énergie offshore.
Selon les données officielles marocaines, les investissements directs étrangers au Maroc s'annoncent bons pour 2022. Pour le seul premier trimestre de cette année, et avec des chiffres encore provisoires, le Maroc chiffre les investissements reçus à 21,859 milliards de dirhams. Un chiffre à comparer aux 34,489 milliards de dirhams reçus sur l'ensemble de l'année 2019, un an avant la pandémie. Le chiffre le plus élevé atteint au cours des années enregistrées par l'Office des changes a été enregistré en 2018, où il a atteint 46,099 milliards de dirhams.
Parmi les pays arabes, les Émirats arabes unis arrivent de loin en tête de la liste des plus gros investisseurs et se classent au troisième rang mondial. Il est suivi par l'Arabie saoudite, le Koweït, le Bahreïn et le Qatar. La liste est historiquement dominée par la France qui, au premier trimestre 2022, rivalise avec les États-Unis pour la première place avec respectivement 5,688 milliards et 6,337 milliards.
Les secteurs bénéficiaires des investissements sont l'industrie, la construction, les transports et le tourisme.