Le Gouvernement algérien entend préciser que la normalisation des échanges ne signifie pas le rétablissement des relations diplomatiques

Les banques algériennes reprennent les débits directs avec l'Espagne malgré l'interdiction d'Alger

REUTERS/RAMZI BOUDINA - Siège de la Banque d'Algérie dans la capitale, Alger

Le déblocage des relations commerciales entre l'Espagne et l'Algérie est un fait, assurent des sources algériennes à ce journal. Les prélèvements automatiques auraient repris lundi afin de pouvoir importer et exporter des produits vers et depuis l'Espagne, selon le président du Cercle algéro-espagnol de commerce et d'industrie, Djamel Eddine Bouabdallah.

Malgré le communiqué publié dimanche par l'agence de presse étatique APS, qui désavoue la circulaire publiée la semaine dernière et signée par le président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), Rachid Belaid, notifiant aux directeurs des établissements bancaires le dégel des exportations, la trentaine de banques appartenant à cette organisation procéderont à la levée progressive de l'interdiction au cours de cette semaine.

La stratégie du gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune visait à renforcer la position politique d'Alger sur la décision de l'Espagne de reconnaître le plan d'autonomie marocain comme la base "la plus sérieuse, réaliste et crédible" pour résoudre le conflit du Sahara occidental. Selon cette version, les contradictions de ces dernières heures répondent à l'intention du gouvernement algérien d'envoyer un message clair : la normalisation des relations économiques n'entraîne pas le rétablissement des relations diplomatiques.

En juin, Alger a retiré son ambassadeur à Madrid et annoncé la suspension du traité d'amitié et de bon voisinage, en vigueur depuis 2002, une décision qui a rompu le cadre de la coopération avec l'Union européenne. Cette mesure a gelé les opérations bancaires entre l'Espagne et l'Algérie et rendu impossible le commerce fluide, dont le volume dépasse 6 milliards par an, selon les chiffres de 2021.

Abdelmajdid Tebboune

Le manque de clarté des termes et conditions du blocus a miné le commerce algérien et a conduit à une série de malentendus aux douanes. Il n'était pas clair quelle ligne de conduite les autorités allaient autoriser. En conséquence, les premiers doutes sont apparus au sein du Gouvernement algérien et le président Tebboune a décidé de limoger le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui était en charge de l'ABEF et directement responsable de la crise commerciale avec l'Espagne. Mais cette mesure n'était pas suffisante.

Enfin, jeudi, une circulaire signée par le président de la principale institution commerciale d'Algérie est apparue, décrétant la levée du blocus deux mois après son imposition. La note, adressée aux banques et institutions financières locales, a officialisé le retour à la normale des échanges avec l'Espagne.

"Suite à notre lettre susmentionnée, j'ai l'honneur de vous informer que, suite à l'évaluation du système mentionné dans cette lettre, et en consultation avec les agents du commerce extérieur concernés, les mesures de précaution mentionnées ci-dessus ne sont plus nécessaires", indique la lettre.

48 heures après la publication de cette circulaire, perçue en interne comme un retrait, l'État algérien a choisi de s'en prendre à l'Association des banques et établissements financiers : "L'ABEF, à laquelle ces médias font référence, poursuit l'APS, ne peut se substituer aux institutions étatiques en charge des finances, de l'économie et du commerce extérieur. Elle est une association professionnelle et défend les intérêts de ses membres". Cette semaine, cependant, les échanges devraient reprendre.