Le pays slovène a fait de la reconstruction post-pandémie une priorité pour les six prochains mois, le fonds de relance de 800 milliards de dollars devant arriver le plus rapidement posible

La Slovénie préside l'UE et doit relever le défi de mettre les plans de relance sur les rails

REUTERS/FRANCOIS LENOIR - Réunion du Conseil européen à Bruxelles, Belgique

La Slovénie prend la présidence du Conseil de l'Union Européenne ce semestre avec le défi d'approuver les plans nationaux qui injecteront des milliards d'euros dans l'économie du continent et aussi de canaliser le débat sur la réforme des règles fiscales.

Le pays, avec une population de deux millions d'habitants et dirigé par le gouvernement du populiste de droite Janez Jansa, a fixé comme priorité pour les six prochains mois la reconstruction après la pandémie du COVID-19, qui passe avant tout parce que les 800.000 millions d'euros du fonds de relance arrivent le plus vite possible à certains États qui reprennent l'activité économique grâce à la vaccination.

La Commission Européenne a déjà approuvé 14 plans de réforme et d'investissement, dont celui de l'Espagne, qui recevra 69,5 milliards de subventions, et celui de la Slovénie, pour 2,5 milliards ; et les ministres de l'économie et des finances prévoient de donner le feu vert aux 12 premiers lors de leur réunion du 13 juillet.

La Slovénie, qui fixera l'ordre du jour et dirigera les réunions ministérielles jusqu'à la fin de l'année, convoquera également un deuxième conseil (Ecofin) le 26 juillet pour approuver le reste des plans approuvés par la Commission jusqu'à cette date.

El primer ministro holandés Mark Rutte, el presidente del Consejo Europeo Charles Michel, el presidente francés Emmanuel Macron y la presidenta de la Comisión Europea Úrsula von der Leyen

Le ministre slovène des Finances, Andrej Sircelj, a confirmé vendredi que les pays s'en tiendront à l'évaluation positive de l'exécutif européen. "Je ne m'attends pas à des commentaires substantiels ou à de fortes réserves de la part des États membres sur les 12 premiers plans de relance", a déclaré M. Sircelj, faisant référence à un lot qui comprendra le plan espagnol.

Avec l'approbation finale de leurs plans, les pays ont droit à une avance de son enveloppe, ce qui obligerait Bruxelles à débourser près de 50 000 millions d'euros pour ces douze pays.

Jusqu'à présent, la Commission a levé 35 milliards d'euros pour le fonds sur le marché et effectuera une nouvelle transaction avant le mois d'août. Mais si les recettes ne suffisent pas à payer tout le monde, elle devra faire un prorata et livrer le reste de l'avance à partir de septembre, lorsque les marchés financiers rouvriront.

À partir de ce moment-là, les versements dépendront de la mise en œuvre par les États de leurs plans dans les délais prévus, un respect qui sera surveillé de près par la Commission et les capitales et qui pourrait également influencer le débat sur la réforme des règles fiscales, surtout si l'on a l'impression que Bruxelles lève la main en cas de non-respect.

El presidente del Consejo Europeo, Charles Michel, saluda a la canciller alemana Angela Merkel en Bruselas
Réforme des règles fiscales

L'exécutif européen espère reprendre cet examen au dernier trimestre, après les élections fédérales de septembre en Allemagne, acteur clé d'un débat qui divise fortement les pays.

Ces règles, qui fixent généralement des limites à la dette publique (60% du PIB) et au déficit (3%), ont été suspendues en 2020 pour permettre une réponse budgétaire forte au COVID-19 et resteront gelées jusqu'en 2023, mais certains pays, dont l'Espagne, préconisent de les modifier avant de les réactiver.

M. Sircelj a reconnu que, durant sa présidence, il espère seulement lancer le débat général, mais pas parler de "chiffres", et a estimé que, si à la fin d'une "longue discussion" il n'y a pas de consensus pour les mettre à jour, ils reviendront être appliqués tels quels.

La Slovénie estime que les règles "devraient aller dans le sens de la plus grande stabilité possible des finances publiques", ce qui "signifie avoir des excédents et non des déficits, une dette aussi faible que possible, et que le taux d'inflation devrait se situer dans une fourchette réaliste", a-t-il expliqué.

Ljubljana est toutefois favorable à la prise en compte des circonstances spécifiques de chaque pays lorsqu'on leur demande de s'attaquer à des niveaux d'endettement élevés.

Taxe numérique

D'autre part, la Slovénie veut se concentrer sur la transition digitale et écologique, également d'un point de vue économique.

L'une des questions cruciales et en même temps controversées sur la table sera la proposition d'une taxe numérique dans l'UE, que la Commission européenne espère présenter ce mois-ci si les ministres des finances du G20 approuvent la semaine prochaine l'accord conclu à l'OCDE sur une nouvelle taxation des multinationales.

El presidente del Consejo Europeo, Charles Michel, y la presidenta de la Comisión Europea, Úrsula Von Der Leyen, se dan un codazo al final de una conferencia de prensa

Le débat, que l'UE a repoussé pendant deux ans précisément dans l'attente de ce pacte international, s'annonce difficile puisque trois membres - l'Irlande, l'Estonie et la Hongrie - n'ont pas adhéré à l'accord signé par 130 des 139 pays participant au processus de l'OCDE et que toute règle sur la fiscalité dans l'UE nécessite le soutien de tous ses partenaires.

"Nous devrons discuter des avantages et des inconvénients, ainsi que des choses qui dérangent certains pays de l'OCDE, et intégrer certains de ces changements", a déclaré M. Sircelj lors d'une conférence de presse.

Agenda climatique

La Slovénie devra également faire face à une avalanche de propositions climatiques, dont beaucoup sont de nature économique, que la Commission présentera ce mois-ci dans le cadre d'un paquet visant à réduire les émissions polluantes de 55 % d'ici à 2030, baptisé "Fit for 55".

Il s'agit notamment de la révision de la directive sur la taxation de l'énergie, qui vise à éliminer le traitement favorable accordé aux combustibles fossiles, et du nouveau mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, qui taxera les importations en provenance de pays dont les émissions sont plus élevées afin de les empêcher de concurrencer avantageusement les producteurs européens, qui doivent respecter des normes climatiques plus strictes.

Seront également sur la table des ministres de l'économie et des finances la proposition de créer une norme européenne pour les obligations vertes, les nouvelles règles contre le blanchiment d'argent et les propositions relatives au marché des crypto-monnaies.

Le ministre slovène a espéré "qu'ils ne se limiteront pas aux discussions" et qu'ils pourront trouver un accord sur certains dossiers.