Entrevue avec : Ibrahim Al Rashid, PDG, Banque de développement social

Soutenir le développement des petites entreprises

AFP/FAYEZ NURELDINE - Logo du plan de modernisation Vision 2030, qui prévoit la diversification de l'économie saoudienne

Dans quels domaines les petites et moyennes entreprises (PME) ont-elles été confrontées aux défis les plus pressants liés à la pandémie, et comment ces problèmes ont-ils été atténués ?

La pandémie a créé un niveau sans précédent de perturbation et d'incertitude pour les PME, en particulier au cours des deuxième et troisième trimestres de 2020, et beaucoup ont dû cesser complètement leurs activités pendant une période prolongée. Les difficultés de trésorerie devenant courantes, de nombreuses PME risquaient de fermer leurs portes, car elles sont généralement plus vulnérables au stress financier à court terme que les grandes entreprises.

Afin d'aider les entreprises et les particuliers à faire face aux multiples défis découlant de la pandémie, le Fonds national de développement a déployé 22 milliards de SR (5,9 milliards de dollars), dont 12 milliards de SR (3,2 milliards de dollars) ont été alloués à la SDB. Cela nous a permis de doubler notre capital pour les prêts sociaux afin de soutenir les familles en difficulté - dont certaines ont vu leurs revenus coupés ou réduits du jour au lendemain - ainsi que d'augmenter les prêts aux entreprises de 1 milliard SR (266,6 millions $) à 1,7 milliard SR (452,2 millions $), ciblant plus de 9000 PME. Bien que ces facilités financières aient été principalement destinées aux micro-entreprises et aux PME bien établies, nous avons décidé de les étendre aux jeunes entreprises, à condition que le capital soit utilisé pour fournir des services et des biens nécessaires à la lutte contre la pandémie, comme la logistique et la distribution de nourriture. En outre, des reports de remboursement de prêts par le secteur bancaire ont été introduits, au bénéfice de plus de 12 000 clients des SDB.

Les PME étant un pilier de la Vision saoudienne 2030, le budget public a prolongé le même niveau de soutien financier aux PME et aux segments vulnérables en 2021. À cet égard, les banques publiques auront une responsabilité importante pour assurer la viabilité financière. Dans le cas de la SDB, son indépendance opérationnelle - accordée en 2019 - renforce la responsabilité et incite à la discipline financière pour gérer les dépenses opérationnelles et conserver un bilan sain.

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Quel est le rôle du segment des micro-entreprises dans le développement économique de l'Arabie saoudite, et comment ce segment est-il soutenu ?

Les micro-entreprises sont un segment souvent négligé du tissu économique, bien qu'elles génèrent un impact social particulièrement positif, notamment en ce qui concerne l'autonomisation économique des femmes. Cependant, l'Arabie saoudite accorde de plus en plus d'attention à ce segment, avec 200 millions de SR (53,3 millions de dollars) budgétés pour 2020 et à peu près le même montant pour 2021.

En 2020, la SDB avait réussi à fournir un soutien financier à plus de 100 000 micro-entreprises, en partie grâce à l'application du modèle apex. Ce modèle repose sur l'autonomisation des ONG locales pour canaliser les fonds et a permis à la SDB de former environ 140 organismes caritatifs sur la façon d'identifier et d'évaluer les bénéficiaires potentiels, ainsi que de débourser les paiements et de gérer le recouvrement des dettes. Il convient de noter que la part des prêts non performants dans ce segment est inférieure à 3 %. Au-delà du soutien financier, un certain nombre de programmes non financiers ont également été ajoutés pour faciliter l'amélioration des micro-entreprises en termes de qualité de production et d'accès au marché.

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Comment la finance sociale évolue-t-elle en Arabie Saoudite, et dans quelle mesure cette évolution se reflète-t-elle dans les performances et la stratégie de la SDB ?

Lorsque le gouvernement saoudien a créé la SDB et les premiers fonds sociaux au début des années 1970, l'objectif était de soutenir directement les familles en améliorant leur niveau économique grâce à des prêts sociaux, parfois à coût nul. Cette approche a été maintenue pendant quatre décennies. Cependant, au cours de la dernière décennie, l'accent a été mis sur les prêts destinés à aider les individus à créer et à développer leurs entreprises afin d'atteindre l'autonomie. En conséquence, en 2020, la SDB a franchi un cap : pour la première fois, la valeur des prêts orientés vers les entreprises était supérieure à celle des prêts sociaux.

Au-delà du poids relatif de notre portefeuille, les efforts visent à stimuler la croissance du segment des PME au sens large, en donnant la priorité aux entreprises qui apportent une valeur ajoutée aux relations interentreprises, en articulant les chaînes de valeur et en créant des emplois de qualité dans des secteurs à fort potentiel. Cette approche a donné des résultats positifs, favorisant la croissance organique de base dans des secteurs tels que la production d'énergie solaire, avec le succès de Medina comme exemple. Cela ouvre la voie à la SDB pour étendre son offre de prêts orientés vers les entreprises et son soutien aux micro-entreprises dans les années à venir.