Alors que la communauté internationale se mobilise pour apporter une aide humanitaire à une population au bord de la famine

La guerre fait rage à Gaza le premier jour du Ramadan

Un palestino busca sus pertenencias entre los escombros de las casas destruidas por los bombardeos israelíes en Rafah, en el sur de la Franja de Gaza, el 11 de marzo de 2024, en medio de las continuas batallas entre Israel y el grupo militante palestino Hamás – PHOTO/SAID KHATIB/AFP
Un Palestinien cherche ses affaires dans les décombres des maisons détruites par les bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 mars 2024, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas - PHOTO/SAID KHATIB/AFP

La guerre à Gaza entre Israël et le Hamas n'a montré aucun signe d'apaisement lundi, alors que débute le Ramadan, le mois sacré des musulmans, dans un contexte de mobilisation internationale pour envoyer de l'aide humanitaire à une population au bord de la famine.

  1. Navire transportant 200 tonnes de nourriture
  2. "Un immense chagrin”

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé au "silence des armes" à Gaza et à la libération des otages retenus en captivité depuis le début de la guerre, le 7 octobre, "pour honorer l'esprit du Ramadan".

Israël a repris ses bombardements sur plusieurs points du territoire palestinien, selon des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas, notamment sur la ville de Gaza au nord, Khan Younis et Rafah au sud.

"Le début du ramadan est plongé dans l'obscurité, avec le goût du sang et la puanteur partout", a déclaré à l'AFP Awni al-Kayyal, un déplacé de 50 ans à Rafah.

"Je me suis réveillé dans ma tente et j'ai pleuré sur notre sort. Soudain, j'ai entendu des explosions et des tirs d'obus. J'ai vu des ambulances transporter les morts et les blessés", a-t-il dit, ajoutant que sa famille "n'aura pas de nourriture sur la table" après avoir rompu le jeûne lundi soir.

Pour tenter d'atténuer la crise humanitaire à Gaza, un premier navire affrété par l'ONG espagnole Open Arms et chargé de 200 tonnes de denrées alimentaires est prêt à partir de Chypre pour rejoindre Gaza dans le cadre d'un corridor maritime annoncé par l'Union européenne.

Le navire attend l'autorisation des autorités chypriotes pour partir du port méditerranéen de Larnaca, à 370 kilomètres de Gaza.

Certains habitants ont afflué dimanche sur une plage au sud de la ville de Gaza dans l'espoir de voir le navire arriver. "Ils ont dit qu'un bateau chargé d'aide arriverait et que les gens pourraient manger", a déclaré l'un d'entre eux, Mohamed Abu Baid. "Seul Dieu le sait. Nous ne le croirons pas tant que nous ne l'aurons pas vu", a-t-il ajouté.

Dans le même temps, un navire militaire américain a quitté les États-Unis avec le matériel nécessaire à la construction d'une jetée pour décharger l'aide, ce qui pourrait prendre jusqu'à 60 jours.

Mais l'ONU, qui craint une famine généralisée dans le territoire palestinien, totalement assiégé par Israël depuis le 9 octobre, estime que l'aide aérienne et maritime ne peut pas remplacer l'aide terrestre.

L'aide internationale, contrôlée par Israël, n'arrive qu'au compte-gouttes à Gaza alors que les besoins sont immenses, notamment dans le nord du territoire, difficile d'accès.

La guerre a éclaté il y a cinq mois avec l'attaque sans précédent de commandos du Hamas sur le sol israélien, tuant quelque 1 160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données israéliennes.

En outre, quelque 250 personnes ont été enlevées et 130 sont toujours retenues en captivité à Gaza, dont 31 seraient mortes, selon des responsables israéliens.
En réponse, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et a lancé une campagne militaire contre l'enclave palestinienne.

Le conflit a fait jusqu'à présent 31 112 morts à Gaza, pour la plupart des civils, selon le ministère de la santé du Hamas.

Les bombardements ont fait 67 morts au cours des dernières 24 heures, a annoncé le ministère lundi, dont quatre personnes d'une même famille qui ont péri dans l'attaque de leur maison pendant les prières du matin à Rafah.

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Depositphotos - Guerre de Gaza

"Un immense chagrin”

Malgré une nouvelle série de discussions en Égypte début mars, les États-Unis, le Qatar et l'Égypte - les pays médiateurs - ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur une trêve.

Le Hamas exige un cessez-le-feu permanent et le retrait des troupes israéliennes avant tout accord sur la libération des otages détenus à Gaza.

Israël exige que le mouvement islamiste fournisse une liste des otages encore en vie, mais le Hamas a déclaré qu'il ne savait pas qui, parmi eux, était "mort ou vivant".

Le climat généré par la guerre à Gaza fait craindre des flambées de violence à Jérusalem-Est, où se trouve l'Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'islam, où des dizaines de milliers de musulmans se rassemblent chaque soir pendant le ramadan.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré lundi qu'Israël respecterait la liberté de culte à la mosquée Al Aqsa et dans d'autres lieux saints, mais il a également prévenu qu'il était "prêt" à répondre à tout excès.

"Le mois du ramadan peut aussi être un mois de djihad, et nous disons à tout le monde : ne nous cherchez pas. Nous sommes prêts, ne vous y trompez pas", a prévenu M. Gallant.

À Washington, le président Joe Biden, qui a haussé le ton ces derniers jours à l'égard d'Israël, a déclaré que le ramadan "arrive à un moment d'immense douleur".

"Alors que les musulmans se rassembleront dans le monde entier dans les jours et les semaines à venir pour rompre le jeûne, beaucoup auront à l'esprit les souffrances du peuple palestinien. Moi aussi, j'y pense", a-t-il déclaré.