L'envoyé saoudien cherche à rassurer les Palestiniens dans le cadre des pourparlers avec Israël

L'Arabie saoudite a envoyé mardi sa première délégation en trois décennies en Cisjordanie occupée, afin de rassurer les Palestiniens sur le fait qu'elle défendra leur cause tout en renforçant ses liens avec Israël.
Signe de ce dégel, le ministre israélien du Tourisme, Haïm Katz, s'est rendu le même jour à Riyad, dans le cadre de la première mission publique de haut niveau dans ce royaume riche en pétrole.
Washington a exhorté ses alliés du Moyen-Orient, Israël et l'Arabie saoudite, à normaliser leurs relations diplomatiques, après avoir conclu des accords similaires avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.
Les Palestiniens ont qualifié ces accords négociés par les États-Unis de trahison de leur situation critique et de leur quête d'un État, mais Nayef al-Sudairi, qui dirigeait la délégation saoudienne, s'est efforcé de les rassurer en leur montrant que Riyad était de leur côté.
"La question palestinienne est un pilier fondamental", a déclaré al-Sudairi, le nouvel ambassadeur auprès des Palestiniens, après avoir rencontré le principal diplomate palestinien, Riyad al-Maliki, à Ramallah, pour s'entretenir avec lui et lui présenter ses lettres de créance.
"Il est certain que l'initiative arabe, présentée par le royaume en 2002, est la pierre angulaire de tout accord à venir".
L'initiative de 2002 proposait des relations arabes avec Israël en échange de son retrait de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza et du plateau du Golan, et d'un règlement équitable pour les Palestiniens.
La semaine dernière, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, 87 ans, a réitéré ses fortes réserves quant à l'établissement de liens entre les pays arabes et Israël.
"Ceux qui pensent que la paix peut prévaloir au Moyen-Orient sans que le peuple palestinien ne jouisse pleinement de ses droits nationaux légitimes se trompent", a déclaré Abbas devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

De plus en plus proche
La délégation de Sudairi, qui a traversé la Jordanie par voie terrestre, est la première délégation saoudienne à se rendre en Cisjordanie depuis les accords d'Oslo de 1993, qui devaient ouvrir la voie à la fin du conflit israélo-palestinien.
À la question de savoir s'il y aura une ambassade saoudienne à Jérusalem, Sudairi a rappelé qu'il y en avait une dans le quartier de Sheikh Jarrah, et a déclaré : "J'espère qu'il y aura de nouveau une ambassade à cet endroit".
Washington a mené des pourparlers entre Israël et l'Arabie saoudite, gardienne des deux sites les plus sacrés de l'islam, en vue d'une éventuelle normalisation, considérée comme un changement de donne politique au Moyen-Orient.
Les discussions ont porté sur des garanties de sécurité pour l'Arabie saoudite et sur une assistance pour un programme nucléaire civil, selon des responsables familiers des négociations qui ont parlé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.
Le prince héritier saoudien et dirigeant de facto Mohammed bin Salman a déclaré la semaine dernière à la chaîne américaine Fox que le royaume se "rapprochait" d'un accord avec Israël, mais a insisté sur le fait que la cause palestinienne restait "très importante" pour Riyad.

Ces derniers mois, Israël a déjà envoyé des délégations en Arabie saoudite pour participer à des événements sportifs et autres, notamment une réunion de l'UNESCO.
Mardi, Katz est arrivé à Riyad à la tête d'une délégation chargée d'assister à une manifestation de l'Organisation mondiale du tourisme des Nations unies, a indiqué le cabinet du ministre.
"J'agirai pour établir une coopération qui fera progresser le tourisme et les relations extérieures d'Israël", a déclaré Katz dans un communiqué.
Cercle de paix
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré vendredi aux Nations unies qu'il pensait que "nous sommes sur le point" de parvenir à une "paix historique entre Israël et l'Arabie saoudite".
S'exprimant mardi lors d'une cérémonie commémorant la guerre israélo-arabe de 1973, il a déclaré que "de nombreux États du Moyen-Orient veulent la paix avec Israël".
"Élargir le cercle de la paix est une opportunité historique et je m'y engage".
Les accords d'Oslo de 1993 étaient censés conduire à la création d'un État palestinien indépendant, mais des années de négociations bloquées et de violences meurtrières ont fait de toute résolution pacifique un rêve lointain.
Le gouvernement d'extrême droite de Netanyahu a étendu les colonies israéliennes en Cisjordanie, qui sont illégales au regard du droit international.

La récente escalade de la violence a tué au moins 242 Palestiniens et 32 Israéliens depuis le début de l'année, selon des sources officielles des deux côtés.
Les États-Unis, qui ont par le passé servi de médiateurs dans les pourparlers entre Israël et les Palestiniens, n'ont guère fait d'efforts pour parvenir à une solution à deux États depuis l'échec d'une tentative il y a près de dix ans.
Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et a ensuite annexé Jérusalem-Est dans le cadre d'une opération non reconnue par la communauté internationale.
Il maintient également un blocus sur le territoire côtier palestinien de Gaza, dirigé par le groupe militant Hamas.