Los fracasos de una diplomacia bajo órdenes

Exclue du processus de paix en Syrie, marginalisée au sein de l’UMA absente des grands rendez-vous internationaux, « l’Algérie nouvelle » du tandem Tebboune-Chengriha collectionne les revers diplomatiques, les uns après les autres, alors que ses médias ne cessent de claironner « le retour en force de la diplomatie algérienne », transformant l’échec du sommet arabe tenu à Alger le 1er novembre dernier en un succès qui n’existe que dans leur imaginaire.
Durant les préparatifs du sommet d’Alger, les dirigeants algériens ne cessaient de crier à qui voulait les entendre que la réunion des chefs des Etats arabes allait être un succès sans précédent et sera l’occasion de la réunification des rangs arabes. Le choix de la date du 1er novembre était une manière de jouer sur la corde sensible des peuples et des Etats arabes qui ont sacralisé la guerre de libération algérienne contre le colonialisme français. C’est ce qui a amené les souverains arabes d’accepter la tenue du sommet de la ligue arabe au mois de novembre 2022 alors qu’il devait se tenir au mois de mars de la même année. Le sommet a été annulé à cause de la politique belliqueuse des dirigeants algériens à l’encontre du voisin marocain avec lequel ils avaient rompu les relations diplomatiques quelques mois plus tôt et fermé l’espace aérien à tous les aéronefs marocains civils et militaires en plus du maintien de la fermeture des frontières qui remonte à 1994.
En annonçant à grandes pompes la volonté du régime d’Alger de faire du sommet de novembre celui de la réunification des rangs arabes tout en maintenant leur politique hostile à l’encontre du voisin de l’Ouest, les dirigeants des pays arabes ne se sont pas laissés floués par une diplomatie algérienne recelant énormément de contradictions et manquant de sincérité et d’imagination. Malgré l’appel du souverain marocain aux dirigeants des pays du golfe arabe à se rendre nombreux à Alger pour la réussite du sommet, aucun des rois et émirs de cette région ne s’était rendu à une réunion dont l’objectif était beaucoup plus de redorer un blason algérien suffisamment terni que de redonner à cette ligue arabe un nouveau souffle dont elle a besoin.
Le seul chef d’Etat des pays du golfe qui s’était rendu à Alger est l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani. Sa présence a beaucoup plus desservi ses hôtes qu’elle ne les a servis. Non seulement, l’émir arrive en retard et du coup, il n’assista pas à l’ouverture de la conférence, pis encore, le lendemain il ne se rend pas à la réunion. Il passa la journée à faire du tourisme à la Casbah, dans le vieil Alger après avoir contraint le président algérien à suspendre les travaux du sommet pour l’accompagner à déposer la première pierre d’un hôpital financé par le Qatar et réalisé par les Allemands.
Tebboune avait beau ronronné que son sommet était un grand succès, il n’en demeure pas moins que tous les observateurs qu’ils soient arabes ou étrangers ont fait le constat d’un échec dont le moins qu’on puisse dire qu’il était annoncé. Un échec dont la responsabilité est pleinement assumée par une diplomatie soumise totalement aux ordres de militaires qui font une fixation sur le Maroc pour justifier leurs excessives dépenses en matière d’armement dont ils tirent d’importants pots de vin au vu et au su de tout le monde. Ce n’est un secret pour personne.
La Syrie cet autre registre de commerce vite perdu
Alger, qui a longtemps carillonné sur la question syrienne pour en faire un registre de commerce qui détournerait l’opinion publique locale de ses véritables problèmes politiques et socio-économiques, vient d’essuyer un cinglant revers sur la scène politique arabe.
Le 30 avril dernier, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Jordanie a invité ses homologues des pays du conseil de coopération des Etats des pays du Golfe, d’Egypte et d’Irak pour la tenue d’une réunion consacrée à la crise syrienne qui dure depuis plus d’une douzaine d’années. Cette réunion s’inscrit dans le prolongement de celle tenue le 14 avril à Ryad à l’invitation du prince Fayçal Benferhane Al Saoud, ministre saoudien des Affaires étrangères. Dans les deux réunions, l’Algérie qui exerce la présidence de la ligue arabe depuis le sommet d’Alger du 1er novembre 2022, est superbement ignorée. Pis encore. Au lendemain de la réunion de Ryad, un message a été envoyé par le ministre saoudien des affaires étrangères à son homologue marocain, Nasser Bourita pour le tenir informé des résolutions prises au cours de cette réunion.
Les oreilles de Tebboune ont vraiment chauffé en apprenant la nouvelle. Non seulement pas un seul pays arabe ne soutient Alger, ne serait-ce que du bout des lèvres, dans ses belligérances anti-marocaines mais ils poussent le bouchon jusqu’à ignorer la soldatesque algérienne quand il s’agit de jouer sur ce que les Algériens considèrent comme leurs platebandes. Ce sont eux qui ont manœuvré en coulisses et en public pour le retour de la Syrie au concert arabe. Et contre toute attente, ce sont les pays du Golfe avec l’Egypte, l’Irak et la Jordanie qui s’emparent du dossier et se limitent à informer le Maroc sans accorder la moindre attention à l’Algérie qui exerce la présidence de la Ligue arabe. Une véritable raclée pour un pouvoir en quête de légitimité internationale à défaut d’une légitimité sur le plan interne.
Sur le plan africain les choses ne vont pas mieux. Ni sur le plan maghrébin. Non plus. La récente nomination de la diplomate marocaine Amina Salmane comme représentante permanente de l’UMA à l’Union Africaine a valu une volée de bois vert à la diplomatie algérienne de la part du tunisien Tayeb Baccouche Secrétaire Général de l’Union Maghrébine, sur la chaîne de télévision France 24, lorsqu’Alger, par le biais de son ambassadeur à Addis Abeba, a timidement contesté la désignation de la diplomate marocaine.
Pour clore ce tour sur les revers de la diplomatie algérienne, il y a lieux de signaler qu’il a été mis fin, dans une discrétion totale, aux fonctions de cinq des sept super diplomates désignés comme envoyés spéciaux sur des dossiers sensibles.
Alors que leur nomination au mois de septembre 2021 s’était faite en grande fanfare, leur fin de fonction qui est un aveu d’échec a fait l’objet d’une discrète publication au journal officiel du 16 avril dernier. Les deux restants sont Amar Belani qui vient d’être nommé Secrétaire Général du Ministère des Affaires Etrangères sans que l’on sache s’il a gardé sa fonction antérieure celle d’« envoyé spécial au Sahara Occidental et aux pays du Maghreb ». Un envoyé spécial qui n’a jamais mis les pieds ni au Sahara ni dans aucun autre pays maghrébin depuis sa nomination à ce poste. Il s’était limité à multiplier les déclarations belliqueuses à l’encontre du Maroc durant les premiers mois de son mandat. Depuis, plus rien.
Le deuxième super diplomate est Boudjemaa Dilmi « envoyé spécial chargé des questions africaines et du suivi de la réconciliation et de la paix au mali ».
En conclusion, jamais la diplomatie n’a connu autant d’instabilité comme sous le régime du duo Chengriha -Tebboune. 3 ministres des affaires étrangères se sont succédé en 3 ans et création de 7 postes de super diplomates vite dissous faute de performance. « Une performance qui ne pourrait jamais voir le jour tant que le diplomate n’est qu’un exécutant d’ordres venus des casernes », laisse entendre un diplomate qui a connu les temps glorieux de la diplomatie algérienne.