L'Iran, ami du Hamas et ennemi d'Israël

Ismail Haniyeh du Hamas, avec le chef suprême iranien, l'ayatola Ali Khamenei, en 2006

L'Iran a célébré l'opération de la milice du Hamas contre Israël avec des félicitations et des feux d'artifice. Cela n'a rien d'étonnant puisque Téhéran est l'un des principaux alliés du groupe palestinien et qu'il dirige ce que l'on appelle l'axe de la résistance contre l'État juif, son ennemi juré. 
"Au nom de Dieu", a déclaré en arabe le guide suprême iranien Ali Khamenei dans une vidéo publiée sur son site web à propos de l'attentat palestinien d'une ambition inattendue.

Il a ajouté en persan que "le déclin du régime sioniste a commencé et ne s'arrêtera pas".
Des scènes de liesse ont eu lieu hier au parlement iranien, les députés se levant pour crier "Israël sera détruit, la Palestine gagnera", tandis que dans la soirée, le ciel de Téhéran s'est illuminé de feux d'artifice en guise de célébration.
La République islamique d'Iran et Israël sont des ennemis acharnés, ils représentent l'un pour l'autre une menace existentielle, se disputent l'hégémonie régionale et se livrent une guerre secrète à coups de cyber-attaques, d'assassinats et de sabotages.
Dans ce conflit de l'ombre et pour étendre son influence régionale, Téhéran soutient des groupes tels que le Hezbollah libanais, le mouvement palestinien Hamas, le Jihad islamique et les rebelles houthis au Yémen.

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Les dirigeants du Hamas Ismail Haniyeh (à gauche) et Saleh al Arouri (à droite) avec le général de brigade iranien Esmail Ghaani en 2020

Liens avec le Hamas

Les liens entre Téhéran et le Hamas remontent aux années 1980 et, après quelques désaccords ces dernières années au sujet de la Syrie, ils se poursuivent encore aujourd'hui, avec un soutien économique, mais aussi militaire et technologique.  
Un porte-parole du Hamas a d'ailleurs déclaré à la BBC que le groupe "a bénéficié du soutien de son allié, l'Iran" pour l'attaque surprise, qui fait des centaines de morts et de blessés.
Téhéran n'a ni confirmé ni infirmé ce soutien présumé, bien que le gouvernement israélien n'ait aucun doute à ce sujet.
"Soutenus et dirigés par leurs commandants en Iran, ils (le Hamas) ont mené une attaque vicieuse et non provoquée contre l'État juif lors d'une fête juive", a déclaré le président israélien Isaac Herzog.

Négociations entre Riyad et Tel-Aviv

Pour la journaliste et écrivaine Kim Ghattas, la préparation de l'attaque surprise a dû prendre des mois et "a dû bénéficier d'un soutien extérieur de l'Iran ou du Hezbollah", a-t-elle déclaré sur le site de réseau social X (anciennement Twitter).
Il a également indiqué que les négociations de normalisation diplomatique entre Israël et l'Arabie saoudite, menées sous la médiation des États-Unis, étaient l'une des causes possibles, ce qui amènerait Riyad à renoncer à sa demande historique d'un État palestinien avant la normalisation.

Ces dernières années, Téhéran a vu plusieurs pays musulmans, dont les Émirats arabes unis, le Maroc et Bahreïn, établir des relations diplomatiques avec son ennemi juré.
Le rapprochement entre Riyad et Tel-Aviv a suscité l'effroi de Téhéran, qui a critiqué à plusieurs reprises les pourparlers au cours des dernières semaines.

Il y a cinq jours, M. Khamenei a déclaré que la normalisation des relations avec Israël revenait à "parier sur le cheval perdant" et a prédit la fin de l'État juif.
Le président iranien, Ebrahim Raisi, avait auparavant critiqué les négociations, déclarant que la libération de Jérusalem était la question "la plus importante" du monde musulman.
"Le moyen de combattre l'ennemi n'est pas la reddition ou le compromis, mais la confrontation et la résistance qui obligent l'ennemi à se retirer", avait alors déclaré M. Raisi.

L'Iran et l'Arabie saoudite ont accepté en mars, sous la médiation de la Chine, de normaliser leurs relations diplomatiques, rompues depuis 2016, ce qui constitue un succès diplomatique pour Téhéran.
L'Iran a également remporté une victoire en intégrant le groupe des économies émergentes BRICS et en devenant membre de l'Organisation de coopération de Shanghai, ce qui a partiellement rompu son isolement international.

Un rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël serait un revers majeur pour l'Iran, qui a déjà subi un revers il y a quelques jours lorsque la journaliste emprisonnée Narges Mohammadi a reçu le prix Nobel de la paix pour son combat en faveur des droits des femmes iraniennes.