L'Iran refuse d'entamer des discussions informelles avec les Etats-Unis pour relancer l'accord nucléaire de 2015

L'Iran a rejeté la proposition européenne d'entamer des discussions informelles avec les Etats-Unis pour relancer l'accord nucléaire de 2015 signé par l'administration Obama et dont Donald Trump s'est retiré en 2018.
"Compte tenu des récentes actions et déclarations des Etats-Unis et de trois puissances européennes, l'Iran ne considère pas que le moment soit venu de tenir des réunions informelles avec ces pays, ce qui a été proposé par le chef des affaires étrangères de l'Union européenne", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh.
"L'administration Biden n'a pas abandonné la politique de pression maximale de Trump, ni annoncé ses engagements", a-t-il ajouté, faisant référence à l'attaque américaine de vendredi dernier contre les milices alliées à l'Iran à Deir Ezzor, une province de l'est de la Syrie, dans laquelle on estime que 22 miliciens ont été tués.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une organisation humanitaire basée à Londres, l'attentat aurait détruit trois camions chargés de munitions en plus des stocks d'armes.

Le ministère américain de la défense a confirmé l'attaque contre les infrastructures utilisées par les milices soutenues par l'Iran et a souligné qu'elles suivaient les instructions du président Joe Biden.
Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré dans un communiqué que cette action était une réponse aux "récentes attaques contre le personnel des États-Unis et de la coalition en Irak". Il a ajouté qu'il s'agissait d'une réponse "proportionnée" lancée parallèlement à des mesures diplomatiques telles qu'une consultation avec les partenaires de la coalition internationale contre Daesh. "L'opération envoie un message sans équivoque", a conclu M. Kirby.
La Russie, alliée de la Syrie, n'a pas tardé à condamner l'attentat dans la bouche de Maria Zakharova, porte-parole du ministère des affaires étrangères, qui a appelé au "respect absolu de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie" et a condamné la "tentative de faire du territoire syrien un terrain de règlement de comptes géopolitiques".
Rejet qui a également montré le gouvernement syrien dans une déclaration du ministère des affaires étrangères dans laquelle il a exprimé que "la Syrie condamne dans les termes les plus forts la lâche attaque des États-Unis dans les zones de Deir Ezzor (...) qui va à l'encontre du droit international et de la charte statutaire de l'ONU (...) et prévient que cette agression aura des conséquences".
L'attentat a rendu Téhéran plus réticent au dialogue, bien que sa demande de lever les sanctions imposées par l'administration Trump joue également un rôle.

Depuis l'arrivée de Biden à la Maison Blanche, l'Iran et les États-Unis se mettent la balle dans le camp l'un de l'autre. Alors que Téhéran réaffirme que les sanctions devraient être levées, Washington rétorque que l'Iran doit d'abord respecter les engagements de l'accord qu'il a rompu depuis que les Etats-Unis l'ont quitté.
La capitale américaine regrette le refus de Téhéran de tenir une réunion informelle, mais a insisté sur le fait qu'elle reste prête à s'engager sur cette question.
"Bien que nous soyons déçus par la réponse de l'Iran, nous restons prêts à nous réengager pour parvenir à un retour mutuel au respect des accords du Plan d'action global conjoint", a déclaré une porte-parole de la Maison Blanche, qui a ajouté que les États-Unis consulteraient le P5+1, les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine, France, Russie, Royaume-Uni) plus l'Allemagne, sur la meilleure façon de relancer l'accord.

Aux États-Unis, Biden tente d'éviter de donner l'impression que son administration veut réactiver l'accord à tout prix, en faisant des concessions sans rien recevoir en retour, surtout face aux républicains qui s'y opposent.
En Iran, dans moins de quatre mois, les citoyens se rendront aux urnes pour élire un nouveau président. Aucun dirigeant ne veut donc paraître soumis à la volonté des États-Unis. Si la faction la plus conservatrice l'emportait, la relance de l'accord serait sans aucun doute une tâche beaucoup plus complexe.