De son côté, l'Iran commence à avancer ses pions au Moyen-Orient. Au cours des dernières heures, des attaques contre les troupes américaines en Irak et en Syrie ont été signalées. Trois missiles lancés depuis le Yémen et probablement destinés à Israël ont également été interceptés

"L'objectif d'Israël est de détruire le Hamas en tant qu'organisation"

PHOTO/FILE - El líder de Hamás, Ismail Haniyeh, y el ayatolá Ali Jamenei
PHOTO/FILE - Ismail Haniyeh et Ali Jamenei

L'attaque brutale du Hamas contre Israël le 7 octobre a marqué un tournant dans la politique et la société israéliennes. Ce qui est déjà considéré comme le pire massacre de Juifs depuis l'Holocauste a provoqué une réponse ferme de la part de Jérusalem.

"Notre objectif est que le Hamas n'existe pas en tant qu'organisation, qu'il n'ait pas la capacité d'attaquer Israël avec des missiles", a déclaré le général de division Yaakov Amidror, ancien conseiller à la sécurité nationale, lors d'une réunion d'information sur la guerre organisée par l'Association juive européenne (EJA).  

Cet objectif a été souligné à maintes reprises par les hauts responsables israéliens, qui continuent d'éliminer les dirigeants du groupe terroriste dans la bande de Gaza. De son côté, le Hamas répond à ces attaques en lançant des tirs de roquettes aveugles sur le territoire israélien, en particulier dans le sud et le centre.

C'est pourquoi Israël se prépare actuellement à une opération terrestre "imminente". "L'invasion ne sera que le début, la guerre sera longue", prévient le général de division Amidror, qui indique qu'à l'intérieur de Gaza, les objectifs sont les suivants : éliminer toutes les infrastructures du Hamas, ses bureaux et le réseau de tunnels souterrains. "Nettoyer Gaza des éléments du Hamas", réaffirme-t-il.   

Récemment, le ministre israélien de la défense Yoav Gallant a également décrit les objectifs militaires d'Israël en ce qui concerne Gaza et la guerre contre le Hamas. Lors d'une réunion à Tel Aviv avec des membres de la commission des affaires étrangères et de la défense, M. Gallant a de nouveau insisté sur la nécessité d'éliminer le Hamas et de détruire ses capacités militaires et gouvernementales, rapporte i24 News.

Le ministre de la Défense a également fait référence à la création d'un "nouveau régime de sécurité dans la bande de Gaza", ce qui signifie une "nouvelle réalité sécuritaire pour les citoyens d'Israël et les résidents de la région environnante".  

"La guerre au sud et au nord est difficile mais possible" 

Outre la guerre avec le Hamas à Gaza, le groupe chiite libanais Hezbollah, également soutenu par l'Iran, a ouvert un nouveau front pour Israël dans le nord du pays. Depuis le début du conflit, l'organisation libanaise a lancé de nombreuses attaques contre Israël, entraînant l'évacuation de milliers d'Israéliens de la région.

Comme l'indique le général de division Amidror, la situation dans le nord est "délicate". Le Hezbollah, poussé à la guerre par l'Iran, fait pression pour qu'Israël ait deux fronts ouverts. Toutefois, selon le général de division, "Israël peut traiter avec le Hamas et le Hezbollah malgré les défis et les difficultés".

Claude Moniquet, fondateur et président du Centre européen de sécurité et d'intelligence stratégique (ESISC), partage cet avis et estime qu'une guerre au sud et au nord "est difficile mais possible".

L'entrée en guerre de l'Iran "signerait la fin du régime des ayatollahs"

D'autre part, la République islamique d'Iran commence à avancer ses pions sur l'échiquier du Moyen-Orient. Téhéran est le principal soutien économique et militaire du Hamas et du Hezbollah, ainsi que d'autres groupes armés de la région, comme les milices pro-iraniennes en Irak et en Syrie ou les Houthis au Yémen. Les multiples tentacules du régime iranien n'ont qu'un seul but : combattre Israël et les États-Unis, les deux ennemis acharnés de Téhéran.

Ces dernières heures, des attaques contre les troupes américaines en Irak et en Syrie ont été signalées. La base aérienne d'Ain al-Asad, qui accueille les forces américaines dans l'ouest de l'Irak, a été attaquée par des drones et des missiles dans la nuit de jeudi à vendredi, ont déclaré des sources de sécurité à Reuters. De multiples explosions auraient été entendues à l'intérieur de la base. Par ailleurs, un jour plus tôt, un drone a attaqué les forces américaines en Syrie, faisant des blessés légers. 

AFP/DELIL SOULEIMAN - Vehículo blindado militar de Estados Unidos en Siria
AFP/DELIL SOULEIMAN - Ces dernières heures, des attaques contre les troupes américaines en Irak et en Syrie ont été signalées

Ces deux attaques ont eu lieu peu avant qu'un navire de guerre américain n'intercepte en mer Rouge jusqu'à trois missiles lancés depuis le Yémen et vraisemblablement destinés à Israël. Selon le général Pat Ryder, secrétaire de presse du Pentagone, ces missiles, qui "constituaient une menace potentielle", ont été détruits afin de "protéger" les partenaires et les intérêts de Washington dans "cette région importante".

Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, l'Iran a menacé d'intervenir directement dans la guerre si les frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ne cessaient pas. Après l'incident de l'hôpital de Gaza, causé par un missile raté du Jihad islamique palestinien selon plusieurs analystes, Téhéran a durci le ton à l'égard de Jérusalem. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que si la guerre se poursuivait, "personne n'arrêterait les forces de la résistance".  

"Si les Iraniens s'impliquent, les Américains seront plus actifs", souligne le général de division Yaakov Amidror. "Si l'Iran intervient, la guerre sera différente. Nous savons comment atteindre l'Iran, nous pouvons le faire et nous le ferons si nécessaire", ajoute-t-il.

En ce qui concerne le rôle éventuel de l'Iran, Claude Moniquet estime qu'aucun pays occidental, en particulier les États-Unis et le Royaume-Uni, ne permettrait une implication directe de l'Iran. "Ce serait la fin du régime des Ayatollahs", souligne-t-il. En revanche, selon Moniquet, "la sécurité et l'existence d'Israël ne sont pas menacées".

Dans ce sens, Moniquet a également tenu à souligner l'importance des accords d'Abraham, qui constituent un "bloc politique contre l'Iran". Plusieurs pays arabes, comme le Maroc, les Émirats arabes unis et le Bahreïn, ont normalisé leurs relations avec Israël ces dernières années, approfondissant leur coopération dans différents domaines. En revanche, Moniquet note que le Qatar soutient le Hamas et "continuera à le faire".  

Situation en Europe : montée de l'antisémitisme et de l'insécurité

Le rabbin Menachem Margolin, président et fondateur de l'EJA, a également participé à la réunion d'information et a évoqué la situation des communautés juives en Europe après le déclenchement de la guerre. "Les Juifs d'Europe ne dorment pas la nuit, non seulement à cause des images en provenance d'Israël, mais aussi à cause des menaces", a-t-il expliqué.

L'attaque brutale du Hamas le 7 octobre a entraîné une dangereuse montée de l'antisémitisme en Europe et dans le monde. En plus de vandaliser des centres religieux et de marquer des maisons juives, des cocktails Molotov ont été lancés contre une synagogue à Berlin ces dernières heures, un homme a été poignardé à mort à côté d'un temple juif à Cannes, tandis que dans la ville espagnole de Melilla, un groupe de manifestants a attaqué une synagogue. 

"La situation est terrible", déplore Margolin, qui souligne que les autorités européennes "ne comprennent toujours pas" ce problème.

La guerre et les appels incessants à l'attaque lancés par les leaders islamistes constituent une menace majeure pour la communauté juive. Cependant, les attaques de ces derniers jours n'ont pas toutes visé des Juifs. La semaine dernière, un enseignant a été assassiné en France par un extrémiste tchétchène, tandis qu'en début de semaine, un terroriste a tué plusieurs citoyens suédois dans le centre de Bruxelles.