Le Niger subit une tentative de coup d'État

Le Niger a subi une tentative de coup d'État, à quelques jours de l'investiture, prévue vendredi à Niamey, du nouveau président élu, Mohamed Bazoum, très proche du chef d'État sortant, Mahamadou Issoufou. Dans la nuit du mardi 30 au mercredi 31 mars, des "tirs nourris", notamment d'"armes lourdes", ont été entendus dans le secteur de la résidence présidentielle à Niamey, ont indiqué des habitants à l'agence de presse AFP.
Des sources des forces de sécurité ont confirmé à l'Agence France Presse que la Garde présidentielle a répondu à la tentative des putschistes d'atteindre le palais, où réside l'actuel président, Mahamadou Issoufou, et que les officiers militaires accusés d'être à l'origine de la tentative de coup d'État ont été identifiés et arrêtés.
Le pays africain a déjà subi quatre coups d'État depuis son indépendance de la France en 1960. Ce nouveau soulèvement laisse penser que la transition du pouvoir dans le pays va être plutôt tendue. Bien que la Cour constitutionnelle ait confirmé la semaine dernière la victoire électorale de Bazoum, ancien ministre de l'intérieur et responsable des questions de migration dans un pays clé sur la route de l'Europe, son rival et ancien président Mahamane Ousmane a refusé d'accepter les résultats et a appelé la population à descendre dans la rue pour protester pacifiquement.

Les Nigériens ont été appelés aux urnes en décembre dernier et comme en 2016, 18 partis d'opposition ont décidé de s'allier au sein d'une coalition appelée Cap21 dans laquelle ils ont promis de soutenir le candidat ayant obtenu le meilleur résultat au premier tour.
L'histoire politique récente du Niger est marquée par quatre coups d'État, le dernier ayant eu lieu en 2010. Parmi les autres candidats qui se présentaient également à ces élections figuraient le général Salou Djibo, qui était à la tête de la junte militaire et qui est resté au pouvoir après le coup d'État de 2010 et jusqu'aux élections remportées par l'actuel président, Mahamane Ousmane, qui a été président du Niger de 1993 à 1996, et Seïni Oumarou, leader du Mouvement national de la société pour le développement (MNSD), arrivé troisième aux élections de 2016, entre autres.

De même, le pays sahélien est l'un des plus pauvres du monde, auquel la violence dans les régions frontalières, combinée aux ravages économiques de la pandémie et aux inondations qu'il a subies cette année, a causé une catastrophe humanitaire, avec 257 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Plusieurs pays européens, dont l'Espagne, ont condamné cette tentative de coup d'État dans le pays africain. Le ministère espagnol des Affaires étrangères a publié un communiqué : "Le gouvernement espagnol condamne la tentative de coup d'État qui a eu lieu dans la nuit du 30 au 31 mars à Niamey, au Niger, et rejette l'utilisation de la violence contre les institutions de l'État".
De même, dans la même lettre, le ministère a demandé instamment que les nouvelles autorités démocratiquement élues "assument leurs fonctions dans un climat de paix et de sérénité, dans le cadre établi par la loi et dans le plein respect des institutions".