La confusion entourant la visite de Raisi souligne les tensions qui persistent entre les deux puissances régionales, malgré leurs points de vue communs sur la guerre entre Israël et le Hamas

Le président iranien Raisi ne participe pas au sommet annoncé par Erdogan

AFP PHOTO/TURKISH PRESIDENTIAL PRESS OFFICE/MUSTAFA KAMACI - Esta fotografía tomada y publicada el 19 de julio de 2022 por la oficina de prensa presidencial turca muestra al presidente turco Recep Tayyip Erdogan (izq.) y al presidente iraní Ebrahim Raisi dando una rueda de prensa tras la 7ª Reunión del Consejo de Cooperación de Alto Nivel Turquía-Irán en el Palacio Sadabat en Teherán, Irán
AFP PHOTO/BUREAU DE PRESSE DE LA PRESIDENCE TURQUE/MUSTAFA KAMACI - Cette photo prise et publiée le 19 juillet 2022 par le bureau de presse de la présidence turque montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (G) et le président iranien Ebrahim Raisi tenant une conférence de presse après la 7e réunion du Conseil de coopération de haut niveau Turquie-Iran au palais Sadabat à Téhéran, en Iran

Le président iranien Ebrahim Raisi n'a pas participé à un sommet à Ankara mardi, que Recep Tayyip Erdogan avait annoncé aux journalistes mais que Téhéran n'a jamais confirmé officiellement.

La confusion autour de la visite de Raisi souligne les tensions qui persistent entre les deux puissances régionales malgré leurs points de vue communs sur la guerre entre Israël et le Hamas. 

La présidence turque a indiqué à l'AFP que Erdogan n'avait pas de réunion prévue mardi et n'a pas précisé si la visite avait été annulée ou reportée. 

L'agence de presse semi-officielle iranienne Tasnim a indiqué que la visite de Raisi en Turquie "avait été reportée".

Elle n'a pas donné de raison ni d'autres détails. 

Erdogan avait personnellement annoncé la première visite officielle du président iranien en Turquie lors de son vol de retour d'un sommet entre les dirigeants de la région à Riyad le 11 novembre, auquel Raisi avait également participé. 

"Le président iranien Ebrahim Raisi viendra chez nous le 28 de ce mois", a déclaré Erdogan aux journalistes à bord du vol. 

La visite a également été annoncée par les médias d'État turcs et largement commentée à la télévision jusqu'à lundi. 

Mais elle n'a jamais été officiellement confirmée par le bureau de Raisi ou par les médias officiels iraniens. 

Les deux présidents et les hauts diplomates des deux pays se sont entretenus par téléphone au cours du week-end, en mettant l'accent sur la guerre de Gaza. 

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a exprimé "son espoir qu'avec la poursuite de la diplomatie de haut niveau entre les deux pays, les deux (parties) puissent voir le renforcement et l'approfondissement de la coopération mutuelle", a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères après l'appel.

AFP/LEONARDO MUÑOZ - El presidente iraní, Ebrahim Raisi, se dirige a la 78.ª Asamblea General de las Naciones Unidas en la sede de la ONU en la ciudad de Nueva York el 19 de septiembre de 2023
AFP/LEONARDO MUÑOZ - Le président iranien Ebrahim Raisi s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2023

Des relations complexes

Erdogan est devenu l'un des musulmans les plus critiques à l'égard de l'offensive israélienne contre Gaza en réponse à l'attaque du 7 octobre menée par les militants du Hamas. 

Il a qualifié Israël d'"État terroriste" et le Hamas, soutenu par l'Iran, de "groupe de libération". 

Mais les analystes pensent que l'Iran souhaite que la Turquie abandonne sa rhétorique et rompe ses liens commerciaux et énergétiques en plein essor avec Israël. 

"L'Iran attend de la Turquie qu'elle mette fin à son commerce direct et indirect avec Israël", a déclaré à l'AFP Hakki Uygur, directeur du Centre d'études iraniennes d'Istanbul.

"La Turquie, quant à elle, a adopté une attitude visant à séparer les questions politiques des questions commerciales". 

Le gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, affirme que près de 15 000 personnes - pour la plupart des civils, dont des milliers d'enfants - ont été tuées depuis qu'Israël a commencé à riposter aux attaques transfrontalières sans précédent du Hamas, au cours desquelles Israël affirme que 1 200 personnes ont été tuées. 

L'Iran et la Turquie partagent une frontière de 535 kilomètres et une histoire complexe faite de relations économiques étroites et de points de vue opposés sur les différends régionaux.

PHOTO/REUTERS - El presidente turco, Recep Tayyip Erdogan
PHOTO/REUTERS - Le président turc Recep Tayyip Erdogan

La Turquie a soutenu les efforts des rebelles pour renverser le président Bashar al-Assad, soutenu par l'Iran et la Russie, pendant la guerre civile syrienne. 

Le soutien d'Ankara aux deux guerres victorieuses de l'Azerbaïdjan contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh a également suscité un profond malaise en Iran. 

Téhéran craint que la résurgence de Bakou dans la région du Caucase n'alimente les ambitions séparatistes de l'importante minorité azerbaïdjanaise d'Iran. 

L'Iran s'inquiète également d'un projet de route commerciale le long de sa frontière nord, entre l'Azerbaïdjan et la Turquie, qui pourrait compliquer son accès à l'Arménie. 

"Le conflit le plus important entre la Turquie et l'Iran était celui du Caucase et du Karabakh", a déclaré Arif Keskin, un expert de l'Iran basé à Ankara. 

"Avec le conflit de Gaza, cette question a été reléguée au second plan, mais elle reste importante", a déclaré Keskin à l'AFP.