La Russie renforce sa présence au Liban grâce à son partenariat avec le Hezbollah

Jusqu'à présent, la stratégie de Moscou a consisté à s'engager dans les crises, à essayer d'agir comme un médiateur acceptable et à favoriser le dialogue entre les parties
El 20 de julio de 2024, Hezbolá dijo haber disparado decenas de cohetes contra el norte de Israel en represalia por un ataque mortal en el sur de Líbano, un día después de un discurso del líder del grupo - AFP/HASSAN FNEICH
Le Hezbollah a déclaré le 20 juillet 2024 avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël en représailles à une attaque meurtrière dans le sud du Liban, au lendemain d'un discours du chef du groupe - AFP/HASSAN FNEICH
  1. Condamnation de Moscou par le Hezbollah et le Liban

L'escalade des tensions entre le Liban et Israël suite à l'assassinat du commandant Fouad Shukr fin juillet a poussé la diplomatie russe à exprimer son inquiétude par la voix de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. 

Zakharova considère cette escalade comme « une extension de la guerre israélienne en cours contre le Hamas et a appelé à un cessez-le-feu rapide dans la bande de Gaza qui servirait de porte d'entrée à la stabilité au Moyen-Orient ».

Selon le rapport du Middle East Institute, rédigé par Samuel Ramani, chercheur associé au Royal United Services Institute de Londres, la consternation de la Russie face à l'escalade des tensions trouve son origine dans les relations du Kremlin avec le Hezbollah. Les deux organisations se soutiennent mutuellement dans l'utilisation de réseaux de financement illicites pour échapper aux sanctions économiques et, parallèlement, pour renforcer leur position sur le territoire libanais. 

Ancianos drusos y dolientes rodean los ataúdes de 10 de las 12 personas muertas en un ataque con cohetes desde Líbano un día antes, durante un funeral multitudinario en la ciudad drusa de Majdal Shams, en los Altos del Golán anexionados por Israel, el 28 de julio de 2024 – PHOTO/Jalaa MAREY/AFP
Des anciens druzes et des personnes en deuil entourent les cercueils de 10 des 12 personnes tuées lors d'une attaque à la roquette depuis le Liban un jour plus tôt, lors de funérailles collectives dans la ville druze de Majdal Shams sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 28 juillet 2024 – PHOTO/Jalaa MAREY/AFP

Alors que la coopération en Syrie s'intensifie, le Kremlin considère les liens étroits avec le Hezbollah comme la base de son influence au Liban. La position commune de la Russie et du Hezbollah en faveur d'Assad dans la guerre civile syrienne a jeté les bases d'une coopération à plusieurs niveaux. Depuis que les deux pays ont entamé des relations diplomatiques en 2015 à la suite de l'intervention militaire de la Russie dans le conflit entre la Syrie et les milices du groupe terroriste Hezbollah, dans le but de soutenir le président syrien encore en exercice, Bachar Al-Assad, la coopération entre les deux pays a été très forte. 

El presidente de Rusia, Vladimir Putin (der.), estrecha la mano del presidente de Siria, Bashar al-Assad, durante su reunión en el Kremlin en Moscú el 24 de julio de 2024 - AFP/VALERY SHARIFULIN
Le président russe Vladimir Poutine (à droite) serre la main du président syrien Bachar al-Assad lors de leur rencontre au Kremlin, à Moscou, le 24 juillet 2024 - AFP/VALERY SHARIFULIN

La présence dans la délégation du conseiller financier du Hezbollah, Hassan Makled, à Moscou, qui a ensuite été sanctionné par le gouvernement américain, et les réunions ultérieures avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, ont jeté les bases d'éventuelles transactions commerciales. 

C'est ainsi qu'un accord de 1,5 milliard de dollars a été conclu avec la société russe Hydroelectric Engineering and Construction Company pour la reconstruction de la raffinerie de Zahrani, dans le sud du Liban. Près de dix ans plus tard, les relations entre les terroristes et Moscou se sont approfondies, notamment dans le domaine économique et financier. 

Condamnation de Moscou par le Hezbollah et le Liban

Alors que le ministère libanais des Affaires étrangères a immédiatement condamné l'invasion russe en Ukraine le 24 février 2022, le Hezbollah a adopté un tout autre ton. 

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est élevé contre toute critique publique de l'invasion du Liban. Il a déclaré que la réponse du département d'État avait été « rédigée par l'ambassade américaine » et que le Liban aurait dû s'abstenir de voter sur la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies de mars 2022 condamnant l'agression de la Russie.

Hassan Nasrallah advirtió que ningún lugar de Israel se libraría de los ataques de Hezbolá en caso de una guerra total, después de que las FDI aprobase planes operativos para una ofensiva en el Líbano - AFP/ AL-MANAR 
Hassan Nasrallah a prévenu qu'aucune partie d'Israël ne serait épargnée par les attaques du Hezbollah en cas de guerre totale, après que les FDI ont approuvé les plans opérationnels d'une offensive au Liban - AFP/ AL-MANAR 

Nasrallah a également exprimé sa déception face à l'absence de réponse du Liban à la proposition de la Russie d'investir dans une raffinerie de pétrole qui permettrait de vendre les produits pétroliers en livres libanaises plutôt qu'en dollars américains.

Bien que Nasrallah ait démenti l'affirmation de l'Ukraine selon laquelle un millier de mercenaires syriens et de combattants du Hezbollah auraient participé à l'invasion russe, son discours a renforcé la position du Hezbollah en tant que partenaire antiterroriste du Liban dans la crise de Moscou.

La chaîne Al-Manar du Hezbollah a porté les messages pro-Kremlin de Nasrallah à de nouveaux sommets, en diffusant régulièrement de la propagande russe sur la destruction d'équipements militaires de qualité OTAN en Ukraine et en déclarant que la défaite de l'Ukraine était inévitable.

Discurso televisado del jefe del Hezbolá del Líbano, Hasan Nasrallah, después de la marcha de Ashura - AFP/KHALED DESOUKI
Discours télévisé du chef du Hezbollah libanais Hasan Nasrallah après la marche de l'Achoura - AFP/KHALED DESOUKI

Alors que le conflit entre Israël et le Hezbollah au Liban reste féroce et que les deux parties continuent de mener des attaques transfrontalières, la Russie est devenue une voix pour l'apaisement des tensions. 

La rupture des relations russo-israéliennes à propos de l'Ukraine et de Gaza garantit que le Kremlin s'appuiera davantage sur le Hezbollah que lors des conflits précédents. Même si la guerre n'éclate pas, la Russie cherchera à utiliser son partenariat avec le Hezbollah pour accroître son influence au Liban.