Une chaîne de télévision française censure Ferhat Mehenni

La chaîne de télévision française CNEWS avait annoncé une interview du président du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), Ferhat Mehenni, dans l'émission Face à Rioufol, mais la chaîne a décidé de l'annuler au début de l'émission, alors que Mehenni lui-même était déjà dans le studio de télévision.
?la direction de la chaîne française #CNEWS annule à la dernière minute une intervention programmée avec #Ferhat_Mhenni
— Sacodo (@SeroHoussem) October 2, 2022
une vidéo des coulisses montre un journaliste de la chaîne expliquer ne rien comprendre aux raisons de cette annulation… pic.twitter.com/Mtet8p8xkk
Aucune explication n'a été fournie par la direction de la chaîne, bien que l'homme politique ait qualifié cette décision de "censure". Selon Mehenni, l'Algérie a menacé le gouvernement français d'annuler la visite à Alger du Premier ministre français Elisabeth Borne, prévue les 9 et 10 octobre. Au cours de ce voyage, Paris cherchera à renforcer les relations avec le pays d'Afrique du Nord, notamment dans le secteur de l'énergie. Selon l'Élysée, une éventuelle augmentation des livraisons de gaz algérien à la France sera annoncée "dans un avenir proche". Au milieu de la crise énergétique aggravée par la guerre en Ukraine, les pays européens tentent de rechercher et de renforcer les partenariats énergétiques à l'approche de l'hiver.
Mehenni, présenté dans l'émission comme un "réfugié politique et président du gouvernement provisoire de Kabylie", devait aborder dans l'interview "l'avenir de la communauté kabyle, sa place en France et la question de l'islamisme". Cependant, le gouvernement algérien, compte tenu de la situation énergétique difficile en Europe, a fait pression sur Paris pour faire taire la dissidence politique sur le continent.
C'est la première fois que cela arrive. Invraisemblable. Je pense qu'il a du avoir une pression d'Alger, selon le Journaliste. Français.
Pourtant annoncé, #CNEWS refuse à la dernière minute la parole au Président du Gouvernement Provisoire de #Kabylie.#FaceaRioufol #paris pic.twitter.com/xYtqGil67M— ⵣ KABYLIE ⵣ (@OnEstAmazigh) October 3, 2022
Depuis le début de la guerre, le gaz algérien s'est imposé comme l'une des principales alternatives au carburant russe. Ces derniers mois, Alger a reçu la visite des autorités italiennes et françaises et même du président du Conseil européen, Charles Michel, qui a assuré que l'Algérie était un partenaire "loyal et fiable". Toutefois, les analystes craignent que le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune n'utilise le gaz pour exercer une pression politique sur l'Europe, comme la Russie le fait depuis des années.
Dans le même temps, le président du MAK a informé ses partenaires marocains qu'il préparait une lettre au Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, lui demandant d'accepter les sanctions contre l'Algérie proposées par plusieurs membres du Congrès et sénateurs.
Mehenni espère que les responsables politiques américains, notamment le président Joe Biden, soutiendront les sanctions. Le leader du MAK affirme que la Kabylie subit un "génocide officiel" appelé "Opération Kabylie zéro" depuis le début des incendies en août 2021, qui ont déjà détruit les deux tiers de la Kabylie et tué plus de 500 personnes.

Mehenni ajoute que "des centaines de militants indépendantistes pacifiques sont arrêtés, torturés et emprisonnés, le plus souvent sans procès". L'homme politique rappelle également que cette répression a lieu alors que l'Algérie "soutient les terroristes du Hamas et du Front Polisario sous le prétexte de défendre l'autodétermination des peuples".
Dans cette lettre, Mehenni, comme de nombreux membres du Congrès américain, condamne également les liens militaires entre l'Algérie et la Russie.