Crise en Afghanistan : les réserves de nourriture pour des millions de personnes pourraient s'épuiser ce mois-ci
Les stocks de nourriture en Afghanistan pourraient s'épuiser dès ce mois-ci, a averti mercredi un haut fonctionnaire des Nations unies, exhortant la communauté internationale à renforcer son soutien au pays.
Ramiz Alakbarov, représentant spécial adjoint et coordinateur humanitaire en Afghanistan, a souligné que si l'ONU reste "déterminée à tenir ses promesses", des fonds supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les millions de personnes qui dépendent de l'aide pour survivre.
Il a indiqué que plus de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition extrême et que plus d'un tiers des citoyens ne reçoivent pas assez à manger.
"Il est extrêmement important que nous empêchions l'Afghanistan de sombrer dans une nouvelle catastrophe humanitaire en prenant les mesures nécessaires pour fournir les éléments essentiels dont ce pays a besoin en ce moment, c'est-à-dire soutenir les services d'alimentation, de santé et de protection, ainsi que les articles non alimentaires, à ceux qui en ont le plus besoin", a déclaré M. Alakbarov, s'exprimant depuis Kaboul, la capitale du pays.
Ces derniers jours, l'ONU a envoyé des fournitures médicales à l'aéroport de Mazar-e-Sharif, tandis que quelque 600 tonnes de nourriture ont été livrées par des camions arrivant à la frontière depuis le Pakistan.
Les équipes de l'ONU ont également fourni aux communautés un accès à l'eau et à l'assainissement ainsi que des services de protection, notamment à quelque 800 enfants à l'aéroport de Kaboul. Toutefois, M. Alakbarov a déclaré que le Programme alimentaire mondial (PAM) pourrait épuiser ses stocks d'ici la fin septembre.
"Pour que nous puissions répondre à la demande actuelle, nous avons besoin d'au moins 200 millions de dollars pour le seul secteur alimentaire, et pour pouvoir fournir de la nourriture aux plus vulnérables", précisant que "les plus vulnérables sont les enfants".
Bien que "deux grands États membres" aient indiqué leur soutien financier, cela ne suffira pas, a déclaré le représentant des Nations unies, affirmant qu'"une implication vraiment large de la communauté internationale dans ces efforts de mobilisation des ressources" est nécessaire.
L'ONU va lancer un appel urgent pour l'Afghanistan dans les prochains jours.
Avant même les troubles actuels, quelque 18 millions de personnes, soit la moitié de la population, dépendaient de l'aide d'urgence pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Une demande de financement de 1,3 milliard de dollars déposée plus tôt cette année a jusqu'à présent permis de récolter moins de 400 millions de dollars.
Pendant ce temps, les partenaires humanitaires des Nations Unies peuvent accéder à la majeure partie du pays et travaillent dans 394 des 403 districts.
M. Alakbarov a déclaré que si les talibans ont donné "toutes les garanties" pour l'accès, celui-ci varie d'une province à l'autre en raison d'un certain nombre de problèmes, notamment la mesure dans laquelle les femmes sont autorisées à continuer à travailler.
Dans certains endroits, les autorités provinciales talibanes ont autorisé les femmes employées dans l'aide humanitaire à reprendre leur travail dans le domaine de la santé et de l'éducation, ou à participer à l'évaluation des besoins. Ailleurs, "nous n'avons pas reçu de nouvelles de cette possibilité", a-t-elle dit.
"Nous continuons à plaider très fermement auprès des talibans, tout d'abord pour que les principes d'égalité des sexes et de participation soient respectés, afin que les femmes puissent reprendre le travail et apporter l'aide nécessaire. Et que l'on nous fournisse toutes les facilités nécessaires pour faire ce travail".
M. Alakbarov a souligné que la sécurité du personnel était une priorité absolue, en particulier pour le personnel féminin, dont la plupart sont des ressortissants afghans.
"La question de l'égalité des sexes et des femmes est un grand test pour les talibans, et pour la façon dont la communauté internationale va réagir et interagir", a-t-il déclaré. "Et il est évidemment au centre de l'attention de l'ONU".
