L'agence alimentaire avertit que plus d'un million de personnes sont au bord de la faim chronique

Haïti au bord de la famine

Un grupo de desplazados alojados en una escuela del centro de Puerto Príncipe - © OIM/Antoine Lemonnier
Un groupe de personnes déplacées logées dans une école du centre de Port-au-Prince - © OIM/Antoine Lemonnier

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti mardi qu'Haïti est au bord d'une crise dévastatrice, avec 1,4 million de personnes à un pas de la famine et le risque de voir les opérations humanitaires s'arrêter alors que l'insécurité rampante limite l'accès aux communautés et que les financements des bailleurs de fonds se tarissent. 

  1. Augmentation des déplacements 
  2. À court de ressources 
  3. Accord transitoire 

Le directeur national de l'agence, Jean-Martin Bauer, a expliqué lors d'une conférence de presse que des gangs contrôlaient l'accès routier à Port-au-Prince, perturbant ainsi la chaîne d'approvisionnement alimentaire.  

"Nous savons qu'Haïti dépend à 50 % des importations de denrées alimentaires et nous constatons que le coût du panier alimentaire à Port-au-Prince augmente ; il augmente également dans d'autres régions d'Haïti. C'est un gros problème pour la population. Les enquêtes que nous avons menées montrent que les revenus des ménages diminuent, parce que les gens ne peuvent pas aller travailler, et que les gens se mettent à l'abri", a-t-il déclaré. 

Les routes maritimes et aériennes ont également été affectées, selon Bauer. 

Augmentation des déplacements 

Selon l'agence, les récents accords entre Haïti et le Kenya permettant le déploiement d'une mission multinationale de soutien à la sécurité dans le pays sont prometteurs. Mais l'absence de réponse à la crise alimentaire pourrait compromettre les efforts de rétablissement de la sécurité. 

Le nombre de personnes déplacées en Haïti a grimpé à plus de 362 000, et plus de 35 000 ont fui leur domicile depuis le début de l'année 2024. Les personnes qui fuient pour sauver leur vie sont hébergées dans des écoles, des cimetières et des chantiers de construction.  

À court de ressources 

Le PAM a aidé plus de 280 000 personnes depuis le 1er mars, notamment en livrant 62 000 repas chauds à 14 000 personnes déplacées. Cependant, l'agence a prévenu que le financement du programme de repas chauds serait bientôt épuisé si elle ne recevait pas de soutien pour ses opérations. 

"Haïti a besoin de plus que de troupes sur le terrain. Les efforts visant à rétablir l'ordre public doivent s'accompagner d'une réponse humanitaire tout aussi efficace pour répondre aux besoins croissants. Mais le PAM a désespérément besoin de fonds pour répondre à cette crise largement oubliée", a déclaré le directeur exécutif de l'agence.

"Notre opération humanitaire en Haïti est à bout de souffle et le financement des repas chauds est sur le point de s'épuiser dans deux semaines. Nous avons besoin que les donateurs fassent un pas en avant aujourd'hui pour que nous puissions faire face à la marée montante de la faim et arrêter le glissement vers le chaos", a déclaré Cindy McCain. 

Accord transitoire 

Entre-temps, le secrétaire général des Nations unies a déclaré mardi qu'il prenait note de l'accord conclu lundi par les parties prenantes haïtiennes sur un arrangement gouvernemental transitoire, y compris la mise en place d'un Conseil présidentiel et la nomination d'un Premier ministre intérimaire.

Selon les déclarations de son porte-parole lors d'une conférence de presse, António Guterres a également pris note de l'annonce du Premier ministre Ariel Henry qu'il démissionnerait immédiatement après l'installation du Conseil. 

Le Secrétaire général a remercié la CARICOM et les autres partenaires internationaux "d'avoir facilité la résolution de la crise politique en Haïti", et a appelé chacun à "agir de manière responsable" et à prendre des mesures pour "restaurer les institutions démocratiques du pays par le biais d'élections pacifiques, crédibles, participatives et inclusives".