Un câble sous-marin pourrait mettre fin aux problèmes d'électricité de Porto Rico et connecter le monde entier

Cables marítimos que transportarán la electricidad de los parques eólicos - PHOTO/ ANP MAG/ANP vía AFP
Des câbles offshore pour transporter l'électricité des parcs éoliens - PHOTO/ ANP MAG / ANP via AFP
Certains hommes partent à la guerre et en reviennent brisés. D'autres reviennent et occultent cette expérience. Certains ne sont plus jamais entiers

Cependant, certains quittent le service actif avec l'envie d'aider, de changer les choses pour le mieux. Adam Rousselle est l'un d'entre eux. 

Rousselle a combattu avec les Contras au Honduras et a ensuite servi en Irak dans le cadre de l'opération Tempête du désert. Il a quitté l'armée avec un handicap, passant du grade de soldat à celui d'officier, et s'est lancé dans l'entrepreneuriat. Son objectif était de faire le bien et d'assurer sa subsistance et celle de sa jeune épouse. 

De retour au Honduras, il fonde une société d'exportation de bois d'acajou. Celle-ci connaît un succès fulgurant jusqu'à ce qu'elle entre en conflit avec le gouvernement et des opérateurs véreux. 

Soudain, Rousselle est accusé d'avoir abattu illégalement des acajous. Or, il affirme ne récolter que des arbres identifiés par le gouvernement hondurien. 

Son personnel et son père ont été emprisonnés. Son père est mort en prison, une enceinte à ciel ouvert sans abri. Mais Rousselle devait encore faire libérer son personnel et laver son nom. 

Sa solution : identifier et inventorier les arbres de la jungle hondurienne. Pour ce faire, il s'est tourné vers la science, la créativité et une nouvelle application satellite. 

Grâce à l'imagerie spatiale de la NASA, M. Rousselle a pu entrer tous les acajous dans une base de données et identifier leur maturité et leur état de santé grâce à la signature de la canopée. Des millions d'arbres ont été identifiés et Rousselle a prouvé que les arbres qu'il avait prétendument abattus illégalement étaient bien vivants dans la forêt tropicale.

Rousselle a été disculpé et son personnel libéré après trois ans et demi de détention. Grâce à la nouvelle science de l'identification des arbres, Rousselle a aidé Boise Cascade Co. à inventorier toutes ses exploitations forestières, et les compagnies d'électricité ont été en mesure d'identifier et d'éliminer les arbres morts dans les zones à haut risque d'incendie de forêt. 

Une autre innovation de M. Rousselle est un système de stockage d'énergie qui utilise des carrières abandonnées comme sites de stockage de micro-pompes. « Il y en a partout dans le pays, près des centres où la demande d'énergie est la plus forte », explique M. Rousselle. Il a réussi à faire autoriser un grand nombre d'entre eux, et d'autres sont à l'étude. 

À l'heure où j'écris ces lignes, un quart des 3,22 millions d'habitants de Porto Rico sont privés d'électricité après le passage de l'ouragan Ernesto. Ernesto a laissé un peu moins de dégâts que l'ouragan Maria en 2017. Lors de cet ouragan, plus d'un tiers de l'île avait été plongé dans l'obscurité, et certaines communautés avaient été privées d'électricité pendant neuf mois. 

Depuis plusieurs années, Rousselle travaille sur un plan visant à aider Porto Rico en fournissant de l'électricité par câble depuis le continent américain. 

Il s'agit d'un projet d'ingénierie majeur qui, selon M. Rousselle, réduirait de moitié le coût de l'électricité sur l'île et garantirait un approvisionnement à l'abri des ouragans. S'il ne résoudra pas le problème de la fragilité du réseau portoricain, il résoudra en revanche le problème de la production de l'île, qui est obsolète et repose sur l'importation de diesel et de charbon, tous deux très polluants. Elle contribuerait également à résoudre le problème de la transmission en vrac.

L'establishment énergétique américain souhaiterait remplacer cette production d'électricité par des énergies renouvelables, éoliennes et solaires. Toutefois, M. Rousselle a fait remarquer que l'énergie éolienne et solaire terrestre serait vulnérable aux futurs ouragans. L'électricité verte est une bonne chose, mais il est préférable de la produire en toute sécurité sur le continent américain, a déclaré M. Rousselle. 

M. Rousselle a expliqué que son projet de câble sous-marin de 1 850 miles transporterait 2 000 mégawatts d'électricité d'une sous-station en Caroline du Sud à une sous-station à Porto Rico. Cela permettrait de libérer le système d'approvisionnement en électricité de Porto Rico et de se concentrer sur l'amélioration du réseau fragile de l'île. 

Dans le monde entier, le transport sous-marin d'électricité est très actif. Tous ces projets visent à acheminer l'électricité renouvelable depuis les régions où les ressources éoliennes et solaires sont abondantes jusqu'à l'endroit où elle est nécessaire. Les deux projets les plus ambitieux sont la liaison entre l'Australie et Singapour (2 610 miles) et la liaison entre le Maroc et le Royaume-Uni (2 360 miles). Il existe également un projet visant à relier la Grèce, Chypre et Israël par câble sous-marin. 

Le plus long de ces câbles (447 miles) a été mis en service l'année dernière, transportant de l'énergie éolienne danoise vers le Royaume-Uni. 

D'une manière ou d'une autre, le transport sous-marin d'électricité est là, et c'est l'avenir. 

Après Porto Rico, M. Rousselle, toujours soldat de fortune, espère relier l'ensemble du bassin caribéen à un réseau sous-marin, afin d'acheminer l'énergie verte hors de portée des tempêtes tropicales. 

Sur Twitter : @llewellynking2 

Llewellyn King est producteur exécutif et animateur de l'émission White House Chronicle sur PBS.