Retenir l'envie de lâcher le doberman

Se muestra una vista panorámica de la Ciudad Vieja de Jerusalén en la madrugada del 14 de abril de 2024, después de que Irán lanzara un ataque con aviones no tripulados y misiles contra Israel. Irán lanzó más de 200 drones y misiles contra Israel en un ataque sin precedentes el 13 de abril de 2024, anunció el ejército israelí, en una importante escalada de la larga guerra encubierta entre los enemigos regionales - AFP/RONALDO SCHEMIDT
Vue panoramique de la vieille ville de Jérusalem aux premières heures du 14 avril 2024, après le lancement par l'Iran d'une attaque de drones et de missiles contre Israël. L'Iran a lancé plus de 200 drones et missiles contre Israël lors d'une attaque sans précédent le 13 avril 2024, a annoncé l'armée israélienne, dans une escalade majeure de la guerre secrète de longue durée entre les ennemis régionaux - AFP/RONALDO SCHEMIDT
L'Iran a tenu sa véritable promesse, à savoir attaquer directement Israël en réponse au récent bombardement du consulat iranien à Damas. Israël a démontré à la fois l'efficacité de son Dôme de fer, son système de défense contre les missiles aéroportés, et le fait qu'il a des alliés - les États-Unis, le Royaume-Uni et la France - qui sont également capables de détruire les drones et les missiles avant qu'ils ne pénètrent sur le territoire israélien.  

Mais la théocratie iranienne a pris soin d'avertir Israël et ses alliés de ses intentions. Le président iranien Ebrahim Raisi a lui-même appelé publiquement les ennemis de l'Iran à "apprécier l'action responsable et proportionnée" de leur attaque massive, ajoutant (pour sa consommation interne et celle de ses propres alliés) que "si Israël effectue à son tour un bombardement de riposte, il recevra une attaque bien plus importante", ajoutant que les bases américaines dans la région seront ciblées en priorité.  

Une source diplomatique aurait déclaré à Reuters que Téhéran avait informé la Turquie à l'avance de ses plans de bombardement. À leur tour, les États-Unis ont informé l'Iran, via Ankara, qu'une telle opération "devrait être menée dans certaines limites". En résumé, personne ne peut prétendre que l'opération a été une surprise et que tout s'est déroulé comme prévu. Il serait très risqué de dire qu'elle a été non seulement planifiée mais aussi approuvée par les parties concernées, mais on a presque envie de le souligner.  

Le fait que le régime des ayatollahs lance 170 drones, 30 missiles de croisière et 120 missiles balistiques directement sur Israël depuis son propre territoire est certainement un événement marquant aux yeux du public. Promesse tenue, donc. La défense antiaérienne d'Israël et de ses alliés a bien répondu en détruisant 99 % de ces engins. Démonstration "urbi et orbi" de l'efficacité des systèmes de défense israéliens. Conséquence : pas un seul mort à la suite de ce bombardement massif ; et un seul blessé, une pauvre fillette bédouine de sept ans, seule victime directe des éclats d'un des trois projectiles qui ont échappé au bouclier défensif israélien.  

Et après ? Et bien, retour au combat dialectique avec des promesses et des menaces de part et d'autre. Israël, dont le cabinet de guerre discute du type d'opération à entreprendre pour contenir le Hezbollah en particulier, qui continue de harceler le nord d'Israël, lequel a dû évacuer plus de 100 000 personnes pour éviter les conséquences des attaques de la milice libanaise. Dans le même temps, les alliés devront continuer à faire face aux Houthis au Yémen, qui continuent également à rendre la navigation en mer Rouge presque impossible.  

Quant au Hamas, Israël poursuivra certainement son opération d'anéantissement. Les événements de ce week-end n'ont pas seulement servi à détourner l'attention du monde de Gaza. Plus encore, ils ont également permis à Israël de remporter une victoire morale majeure, alors que le récit en faisait pratiquement un bourreau impitoyable des Palestiniens de Gaza. L'attaque de l'Iran et ses menaces persistantes servent de test à Israël pour démontrer son droit à se défendre, en particulier lorsque son existence même est en jeu.  

Au sein du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, les voix les plus radicales profitent de l'occasion pour l'exhorter à "saisir l'opportunité et lancer une attaque contre l'Iran qui étouffera dans l'œuf sa course à l'armement nucléaire". Cette hypothèse a certainement plus de partisans que les Ben Gvirs ou les Smotrichs. Elle n'est cependant pas dans l'intérêt des Etats-Unis, dont le Président Joe Biden tire constamment sur la laisse pour empêcher Netanyahou de régner en maître et de transformer le Moyen-Orient, volontairement ou non, en un gigantesque feu de joie. La Maison Blanche a déjà fait savoir à Netanyahou qu'il ne fallait pas compter sur les États-Unis pour participer à une quelconque contre-offensive israélienne contre l'Iran.  

Comme l'explique Alan Pinkas, spécialiste de la région, "sur le plan stratégique, l'échiquier est toujours intact. L'Iran a prouvé ses capacités, mais aussi qu'il peut être dissuadé par celles de son adversaire. En réalité, la menace iranienne ne va nulle part. Mais son soutien au terrorisme et à la déstabilisation se poursuivra sans aucun doute". 

Il convient également de noter le soutien du G7, dont les chefs d'État et de gouvernement - Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Union européenne - ont déclaré, à l'issue de leur vidéoconférence de dimanche, qu'ils étaient "prêts à prendre des mesures contre l'Iran en réponse à de nouvelles initiatives de déstabilisation".