Déchets plastiques : que font les économies émergentes pour endiguer la marée ?

Les déchets plastiques sont l'un des nombreux défis environnementaux interdépendants auxquels le monde est confronté aujourd'hui. Les marchés émergents ont un rôle important à jouer dans la résolution du problème, à la fois en tant que principaux consommateurs de plastique et parce qu'ils sont souvent touchés de manière disproportionnée.
En ce qui concerne le changement climatique, le problème de l'utilisation croissante des plastiques est parfois éclipsé par des considérations liées aux émissions de carburant. Cependant, la production de plastique est en hausse et représentera une proportion croissante des émissions à l'avenir.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, les produits pétrochimiques, qui sont utilisés pour fabriquer du plastique, représenteront plus d'un tiers de la croissance de la demande mondiale de pétrole d'ici à 2030, et près de la moitié de cette croissance d'ici à 2050.

À cet égard, un récent rapport du groupe environnemental américain Beyond Plastics affirme que "le plastique est le nouveau charbon".
Un problème concomitant est la prolifération des déchets plastiques et l'incapacité des pays à les éliminer correctement.
Alors que les nations développées génèrent la plupart des émissions de carbone, la responsabilité des déchets plastiques est plus équitablement partagée par les économies développées et émergentes.

Une étude de la Banque mondiale de 2018 a révélé que les États-Unis était responsable de 13% des déchets plastiques, la Chine de 11% et l'Inde de 9%. L'Europe (y compris la Russie) a représenté 20%, tandis que l'Amérique latine dans son ensemble a généré 11%. La région MENA, quant à elle, a représenté environ 6 %.
À ce propos, dans un récent classement de la Banque mondiale portant sur les déchets plastiques générés par habitant, l'Islande s'est classée première, avec 187 kg par personne et par an, et les États-Unis deuxième, avec 98 kg.
Toutefois, à ces exceptions près, la plupart des classements sont peuplés de pays émergents.
Par exemple, les Émirats arabes unis se sont classés au cinquième rang avec 70 kg, tandis que l'Arabie saoudite était septième avec 61 kg. Le Mexique, quant à lui, est onzième avec 50 kg, suivi de l'Argentine et du Chili.

La Chine et l'Inde se situent relativement bas dans la liste, avec 19 kg et 17 kg, respectivement.
Les économies émergentes ont donc un rôle important à jouer dans la lutte contre le problème des déchets plastiques. De plus, ces pays sont souvent les plus touchés par les dommages qu'ils peuvent causer.
Par exemple, lors de la récente conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26), Walter Roban, vice-premier ministre des Bermudes, a fait remarquer que le littoral des
Bermudes était inondé de plastique. Toutefois, l'analyse montre que la grande majorité vient d'ailleurs, et notamment des États-Unis.
En conséquence, Roban a exhorté les États-Unis et les autres grandes nations à "s'attaquer énergiquement à la question de l'élimination des plastiques à usage unique afin de résoudre ce qui est un problème océanique mondial".

Les Bermudes elles-mêmes sont prêtes à interdire les plastiques à usage unique à partir de l'année prochaine. Ce faisant, elle rejoindra une liste longue et croissante de pays qui cherchent à éliminer progressivement ces plastiques. La Chine, par exemple, a interdit les sacs en plastique fin en 2008 et a depuis été rejointe par un certain nombre d'économies émergentes, notamment en Afrique.
Outre l'interdiction des plastiques à usage unique, différents pays développent des initiatives pour s'attaquer au problème.
Par exemple, l'une des régions les plus touchées en termes de déchets plastiques est l'Asie du Sud-Est.
En mai de cette année, les États membres de l'ANASE ont lancé un plan d'action régional pour lutter contre les déchets marins.

Le plan vise à réduire les apports de plastique dans le système, à améliorer les capacités de collecte, à minimiser les fuites et à créer de la valeur pour la réutilisation des déchets. Il comprend des lignes directrices pour les pays afin d'éliminer progressivement les plastiques à usage unique, d'harmoniser les normes régionales sur le recyclage et l'emballage des plastiques, et de renforcer la mesure et la surveillance régionales des déchets marins.
Une autre approche consiste à stimuler l'innovation en matière de recyclage.
Dans un exemple marquant, également en Asie du Sud-Est, Siam Cement Group (SCG) et Dow Thailand Group ont dévoilé en 2018 une route de 220 mètres fabriquée à partir de plastiques recyclés, située dans la zone industrielle de Rayong.
Pour le construire, le plastique a été collecté et nettoyé, puis broyé en petits morceaux avant d'être mélangé à de l'asphalte. Selon la faculté d'ingénierie de l'université Chulalongkorn, la route recyclée est 15 à 30 % plus stable que le béton bitumineux et, selon la SCG, plus résistante à l'érosion hydrique.
Des approches innovantes similaires sont de plus en plus mises en œuvre dans le monde. Cependant, plutôt que d'augmenter le recyclage, certains affirment que la clé de la lutte contre les déchets plastiques est de réduire l'utilisation et la production.

Les principes de l'"économie circulaire" sont essentiels à cet égard.
En contrepoint du modèle linéaire "prendre, fabriquer et jeter", l'économie circulaire désigne un système économique dans lequel les produits et les matériaux sont maintenus en circulation aussi longtemps que possible. En concevant les objets de manière à ce qu'ils soient aussi durables, réutilisables et recyclables que possible, ce modèle accorde une grande importance à l'efficacité écologique et à la durabilité, et s'appuie sur une évolution vers des sources d'énergie renouvelables.
Cette philosophie a gagné du terrain dans plusieurs régions émergentes. En Amérique latine et dans les Caraïbes, par exemple, le mois de février a vu le lancement de la Coalition régionale pour l'économie circulaire, une initiative menée par le Programme des Nations unies pour l'environnement, qui vise à accroître l'accès au financement de projets durables.