Le Maroc veut exploiter son potentiel en terres rares et métaux stratégiques

Le Maroc dispose de réserves prometteuses en terres rares et métaux stratégiques, un potentiel qu'il veut exploiter face à la concurrence internationale
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Le Maroc est un pays avec une longue tradition minière - PHOTO/ONHYM
  1. Le potentiel du Maroc en terres rares
  2. Nouveaux projets

Le monde connaît une forte concurrence en matière de terres rares et de métaux stratégiques. Les grandes puissances s'affrontent pour obtenir le contrôle des mines qui garantiront l'approvisionnement en matières premières pour les besoins de la nouvelle économie, de la transition énergétique et, en particulier, des industries spatiale et de la défense, essentielles pour garantir la souveraineté des pays. 

Dans ce contexte géopolitique tendu, le Maroc peut émerger comme un acteur clé, grâce à ses gisements et dépôts de terres rares et de minéraux critiques encore sous-exploités et actuellement à l'étude par l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et ses partenaires. 

Selon le média spécialisé Daily Galaxy, outre la Chine et l'Australie, qui disposent d'importantes réserves de terres rares, deux pays africains possèdent d'importants gisements de zinc, de lithium et de cobalt. Il s'agit du Maroc et de la République sud-africaine, qui pourraient devenir des acteurs clés dans l'approvisionnement en matières premières minérales destinées à la fabrication de batteries ou au secteur des énergies renouvelables. 

Les données sur la répartition mondiale des ressources minérales critiques, en particulier les terres rares, proviennent de l'United States Geological Survey (USGS), la principale autorité mondiale en matière de réserves minérales.

Tierras raras
Le secteur minier représente 8 à 10 % du PIB du Maroc - PHOTO/ONHYM 

Le potentiel du Maroc en terres rares

Selon les données de l'USGS, le Maroc recèle plusieurs gisements potentiels de terres rares, avec des réserves qui n'ont pas encore été exploitées. La principale raison pour laquelle le Maroc n'a pas encore exploité ces minéraux critiques est la rareté de ces ressources et la complexité de leur exploitation. 

Les rapports révèlent que le Maroc dispose d'une diversité géologique propice à la formation de gisements de terres rares, principalement grâce aux roches alcalines et aux carbonates, entre autres minéralisations. 

L'exploitation de ces riches ressources nécessite d'importants investissements en recherche et développement, pour lesquels le pays doit établir des partenariats stratégiques avec divers partenaires technologiques internationaux.

Une autre question relative à l'exploitation de cette richesse minérale est la partie législative : la réforme du code minier marocain constituerait un levier important pour la souveraineté de l'industrie nationale. 

Dans le cadre de la planification visant à préparer le terrain pour ces industries à forte valeur ajoutée, il est prévu d'introduire plusieurs nouveautés dans la prochaine réforme du code minier marocain, telles que : 

  • La création d'un cadastre minier pour une plus grande transparence et une bonne gouvernance dans le secteur. 
  • La création d'une Commission nationale des minéraux stratégiques et critiques. 
  • La définition d'une liste officielle des minéraux stratégiques. 

Ces trois étapes revêtent une importance stratégique : la liste permettra de prioriser l'approvisionnement de l'industrie nationale en minerais critiques, couvrant totalement ou partiellement ses besoins et contribuant à la consolidation de la souveraineté industrielle du Maroc. 

L'installation récente de nombreuses entreprises industrielles chinoises spécialisées dans la fabrication de batteries électriques et de leurs composants témoigne de l'attrait croissant du Maroc dans ce secteur stratégique. Cette dynamique sera bientôt couronnée par le lancement des activités de la première gigafactory du continent africain, tirant parti de la position géostratégique du Maroc. 

Pour maintenir cette dynamique, le pays nord-africain doit sécuriser l'ensemble de la chaîne de valeur et garantir l'approvisionnement en matières premières, la transformation des métaux critiques, le recyclage et les batteries. Une équation complexe mais indispensable pour une industrie durable. 

Il s'agit d'un défi industriel et d'une ambition nationale qui nécessitent la concentration des efforts de tous les acteurs publics industriels, des centres de recherche et des investisseurs, ce qui permettra au Maroc de développer un savoir-faire reconnu internationalement et de s'imposer comme un acteur clé dans l'écosystème mondial des batteries électriques.

Tierras raras
Échantillons de terres rares - PHOTO/ONHYM 

 

Nouveaux projets

Lors de la réunion du Conseil d'administration de l'ONHYM qui s'est tenue le 26 mars 2025, les travaux réalisés en 2024 ont été présentés, notamment le forage de quatre puits d'exploration de hydrocarbures et le lancement de plusieurs projets de recherche sur les minéraux stratégiques et critiques indispensables à la transition énergétique du pays.

L'Office national des hydrocarbures et des mines intensifie ses efforts d'exploration continentale et mène depuis des années des campagnes d'évaluation, de réduction des risques et de promotion de plusieurs gisements potentiels de terres rares. 

Les 44 projets d'exploration minière menés par l'ONHYM en 2024 couvrent un large éventail de matières stratégiques et critiques réparties dans les zones les plus prometteuses du Maroc. 

Parmi eux, 22 projets ont été réalisés directement par l'Office, tandis que les 22 autres ont été menés à bien grâce à des partenariats avec d'autres opérateurs, notamment le gisement de terres rares REE et de niobium à Targhat ; de lithium à Bir El Mam ; de cuivre sur les sites de Merija à Oualad Yaacoub ; d'argent à Alma et Amane Tazougart ; de cobalt à Tizi N'Ouchene ; et de nickel et de cuivre à Tassent Anefgou. 

L'ONHYM s'est associé au groupe Managem pour l'exploration de deux gisements de terres rares à Lamlaga et Twihinate, et à l'Université Polytechnique Mohammed VI pour développer la potasse magmatique près d'Aousserd dans le gisement de Glibat Lafhouda et Drag Farnan. 

Jusqu'à présent, les travaux d'exploration ont révélé trois principaux types de gisements : 

  • Gisements carbonatés caractérisés par des concentrations élevées de niobium, d'uranium et de terres rares. Ces formations géologiques représentent l'un des principaux potentiels du pays. 
  • Les pegmatites illustrées dans le gisement d'Awark, où les terres rares peuvent atteindre jusqu'à 4,6 %. Ces gisements offrent des perspectives intéressantes pour une exploitation spécifique. 
  • Les gisements sédimentaires dont le potentiel n'est pas encore suffisamment évalué, mais qui s'avère prometteur. Ces formations sédimentaires moins étudiées à ce jour pourraient constituer une ressource complémentaire à explorer systématiquement. 

Selon les données du Bureau national des hydrocarbures et des mines, les progrès réalisés dans les différents projets d'exploration ont permis d'établir une estimation préliminaire des ressources : 

  • Le gisement de Lahjeyra présente des ressources de 372 millions de tonnes, avec une teneur moyenne de 0,62 % en terres rares légères. Ce site présente également des concentrations intéressantes en niobium et en thorium. 
  • Le projet Lamlaga dispose de ressources encore plus importantes, atteignant 618 millions de tonnes avec 0,64 % d'oxyde et un indice de terres rares supérieur à 0,95 % dans certaines zones. 
  • Le site d'Awark présente des teneurs pouvant atteindre 4,6 % de terres rares dans certaines sections. 
  • Le gisement de Tamazirt, dans le nord et le Haut Atlas, offre des ressources plus modestes, mais avec des concentrations intéressantes de thorium et de niobium. 
  • Le projet Targhat, encore en phase d'exploration, suscite un intérêt particulier avec des échantillons qui ont atteint des teneurs record de 6,4 % en terres rares.