Cette condamnation émane des pays membres de la Task Force Takuba

15 pays s'opposent à la présence de mercenaires russes au Mali

AFP/ FLORENT VERGNES - Un soldat français de l'opération Barkhane porte le drapeau français, descendu du mât, à la fin d'une cérémonie de remise de la base militaire de Barkhane à l'armée malienne à Tombouctou, le 14 décembre 2021

Il y a quelques mois, le président français Emmanuel Macron a annoncé le début de la réduction de la présence des troupes françaises au Mali. Ainsi, l'opération Barkhane, initialement déployée pour tenter de lutter contre le terrorisme au Sahel, commence à avoir une date d'expiration, même si Macron n'a pas parlé d'un retrait en tant que tel.

La présence française au Mali étant réduite, des pays comme la Russie ont rapidement cherché à étendre leur influence dans la région. Pour Moscou, la réduction des troupes françaises a été considérée comme une occasion d'accroître sa présence, et elle l'a fait savoir après que la société paramilitaire russe Wagner a commencé à renforcer ses contacts avec les autorités maliennes. 

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Ce rapprochement entre les mercenaires russes et le Mali a été condamné par un total de 15 pays qui affirment que la présence russe pourrait aggraver la lutte contre le terrorisme et encourager les violations des droits de l'homme. Ces pays, qui entretiennent la force antiterroriste Takuba, ont signé avec la France une déclaration commune dans laquelle ils condamnent fermement "le déploiement de mercenaires sur le territoire malien".

La force Takuba est un groupe composé de militaires européens dont le but est de conseiller les forces armées maliennes afin d'assurer la stabilité du pays et de contribuer à la lutte contre le terrorisme. Intégrée dans le cadre de l'opération Barkhane, cette force spéciale opère dans trois bases militaires de l'armée malienne situées à Ménaka, Ansongo et Gao. 

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En outre, ils affirment que le déploiement russe accentuera "la détérioration de la situation sécuritaire en Afrique occidentale".

Selon la France, le déploiement du groupe Wagner "est en cours" et elle souligne qu'une "rotation d'avions de transport russes" a été détectée à l'aéroport de Bamako.

Dans ce mouvement, il semble y avoir "une implication de l'Etat russe", soulignent-ils, "un camp d'accueil de mercenaires a été installé d'urgence aux abords de l'aéroport", ainsi que divers envois de denrées alimentaires. Ils affirment également avoir détecté l'incursion de plusieurs géologues russes qui manifestent un intérêt croissant pour les ressources minérales du pays.

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La déclaration signée rappelle également que l'Union européenne a approuvé une série de sanctions contre la présence de Wagner, et que plusieurs entités ont déjà accusé la société de commettre de "graves violations des droits de l'homme" dans les pays où elle a été déployée, notamment des actes de torture et des exécutions.

Ces mercenaires ont été détectés dans des conflits tels que la Syrie, l'Ukraine, la Libye et la République centrafricaine. Le groupe, propriété de Yevgeni Prigozhin, a déjà été qualifié de "ligne rouge" par la France, qui a mis en garde à plusieurs reprises contre les dangers de sa présence au Mali.

Par ailleurs, le Premier ministre du gouvernement de transition malien, Choguel Maiga, a indiqué que son pays est "un État souverain" et qu'il n'hésiterait pas à faire appel au groupe Wagner s'il le jugeait nécessaire pour garantir sa sécurité. "Notre objectif est d'obtenir les moyens d'assurer la sécurité de nos citoyens en s'appuyant sur plusieurs partenaires, dont la Fédération de Russie", a-t-il déclaré. 

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Quant aux élections prévues pour février 2022, Maiga a déjà déclaré que les élections "ne sont pas une fin en soi" et que la priorité du gouvernement est maintenant d'essayer "d'assurer la sécurité dans le pays", il est donc plus que probable que les élections soient reportées dans un climat marqué par l'instabilité.