La Syrie et l'Irak en alerte face au groupe terroriste Daech

Les avertissements se multiplient quant au retour possible de l'État islamique dans les deux pays 
Un parche del Daesh está adherido al uniforme de un combatiente, el día en que la Brigada Khaled, parte de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), realiza un desfile militar, después de que Bashar al-Assad de Siria fuera derrocado, en Damasco, Siria, el 27 de diciembre de 2024 - REUTERS/AMR ABDALLAH DAISH
Un écusson de Daesh est attaché à l'uniforme d'un combattant, le jour où la brigade Khaled, qui fait partie de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), organise un défilé militaire, après le renversement de Bachar al-Assad, à Damas, en Syrie, le 27 décembre 2024 - REUTERS/AMR ABDALLAH DAISH

Suite au chaos politique et à l'insécurité qui règnent depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad, selon Reuters, des sources politiques et des forces de sécurité en Syrie et en Irak, ainsi que des responsables américains, ont confirmé qu'il est très probable que l'État islamique (Daech) se prépare à intensifier ses activités dans les zones moins protégées. 

Selon ces sources, Daech identifie des cibles, distribue des armes et renforce son armée à l'aide de propagande. Certains responsables européens ont même fait part de leur inquiétude concernant des groupes qui se sont rendus, pour la première fois depuis des années, du continent européen en Syrie afin de rejoindre, semble-t-il, des organisations extrémistes.

La stratégie du groupe terroriste, également appelé Daesh, consiste à profiter du chaos politique actuel en Syrie avec Ahmed Al-Sharaa, qui cherche à devenir le nouveau dirigeant du pays. L'opposition le qualifie de traître en raison de sa volonté d'ouverture diplomatique avec l'Occident, l'accusant d'être « soumis » aux États-Unis et de mener des discussions avec Israël. 

La tension est également montée lorsque Washington a annoncé qu'il allait retirer une partie de ses troupes militaires à la mi-2025, craignant que des prisonniers de l'EI actuellement détenus par les Forces démocratiques syriennes soutenues par les États-Unis ne soient libérés. 

Un combatiente del Ejército Libre Sirio porta su arma frente a un grafiti con la leyenda Daesh en el barrio de Masaken Hanano, Alepo - REUTERS//JALAL ALHALABI
Un combattant de l'Armée syrienne libre porte son arme devant un graffiti de Daesh dans le quartier de Masaken Hanano à Alep - REUTERS//JALAL ALHALABI

Bien que peu d'attaques aient été enregistrées jusqu'à présent par rapport à l'année dernière, le groupe de renseignement SITE, qui surveille les organisations terroristes et extrémistes, a indiqué qu'une phase de violence de faible intensité, difficile à suivre, pourrait débuter dans un avenir proche. 

Selon l'ONU et l'armée américaine, le nombre de combattants actifs de l'EI oscille entre 1 500 et 3 000 et ses branches les plus dangereuses se trouvent actuellement en Afrique. 

En Irak, les forces de sécurité ont détecté une recrudescence de l'activité dans les zones montagneuses qui servaient de refuge aux militants. Elles soupçonnent l'EI d'avoir récupéré des armes abandonnées par l'ancien régime pendant la guerre civile syrienne et n'excluent pas la possibilité qu'ils entrent illégalement dans le pays.

Le colonel Abdul Amir Al-Bayati, de la 8e division de l'armée irakienne, a expliqué à Reuters que ses soupçons avaient été confirmés après l'une des tentatives d'attentat manquées. Les forces de sécurité avaient traqué un militant de l'EI qui prévoyait d'attaquer un restaurant à Daquq avec une ceinture explosive. 

Quelques jours avant l'incident, après avoir interrogé deux autres membres du groupe, ils ont découvert qu'ils avaient été envoyés par des dirigeants retranchés près de Raqqa, tandis qu'une autre partie agissait en opposition à Damas, en Syrie.

<p>Un combatiente del cuerpo gobernante sirio, que perdió un dedo durante los combates, hace un gesto junto a sus colegas en la vivienda oficial de la Cuarta División del ejército bajo el régimen de Assad, siguiendo las órdenes de evacuación de las facciones de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), después de que Bashar al-Assad de Siria fuera derrocado, en las afueras de Damasco, en Siria, el 29 de diciembre de 2024 - REUTERS/ AMR ABDALLAH</p>
Un combattant du corps dirigeant syrien, qui a perdu un doigt pendant les combats, fait un geste avec ses collègues au logement officiel de la quatrième division de l'armée sous le régime Assad, suite aux ordres d'évacuation des factions de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), après l'éviction de Bachar al-Assad, dans la banlieue de Damas, en Syrie, le 29 décembre 2024 - REUTERS/ AMR ABDALLAH

Tous les responsables ont affirmé à Reuters que les événements qui se sont produits entre 2014 et 2017, période durant laquelle Daech contrôlait violemment certaines régions de Syrie et d'Irak, ne se reproduiraient pas. En effet, leurs forces dans ces deux territoires se sont considérablement affaiblies depuis leur expulsion en 2019. 

Ils ont toutefois rappelé qu'il s'agissait d'une organisation très résistante et que la sous-estimer serait une grave erreur. Sabah Al-Nuhman, porte-parole militaire irakien, a déclaré que ce sont les opérations préventives qui permettent de les contrôler. 

Le président américain Donald Trump et le président turc Tayyip Erdogan se sont entretenus avec le chef Al-Sharaa afin de lui confier la tâche de contrôler l'EI. Mais les analystes régionaux ont exprimé leurs doutes à ce sujet en raison de la puissance militaire actuelle de la Syrie. 

Charles Lister, responsable du programme syrien à l'Institut du Moyen-Orient, a fait part de ses inquiétudes : « Le gouvernement intérimaire est à la limite de ses capacités. Il ne dispose pas des ressources humaines suffisantes pour consolider son contrôle sur l'ensemble du pays ». 

La méfiance des experts est accentuée par la situation actuelle en Syrie : attaques des partisans de Bachar Al-Assad et d'Israël, affrontements avec les groupes kurdes soutenus par la Turquie et violences sectaires.