Blinken se rend en Israël pour réclamer une aide humanitaire et une trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est en Israël ce vendredi pour faire pression en faveur de l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza avant que le Conseil de sécurité de l'ONU ne vote sur une résolution de Washington appelant à un "cessez-le-feu immédiat".
Au Qatar, les médiateurs du conflit s'efforcent également de parvenir à un accord de trêve de six semaines entre Israël et le Hamas, ainsi qu'à la libération des otages pris par le groupe islamiste palestinien et à l'augmentation de l'aide humanitaire à Gaza.
Israël maintient néanmoins son projet de lancer une attaque terrestre sur la ville de Rafah, au sud de Gaza, où s'entassent 1,5 million de personnes, pour la plupart déplacées par le conflit qui a débuté le 7 octobre.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah, située à la frontière avec l'Égypte, est nécessaire pour mettre fin au "dernier bastion" du mouvement islamiste.
Lors de sa sixième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, Blinken a déclaré depuis l'Égypte qu'une opération d'envergure contre Rafah serait "une erreur" et qu'"il y a de meilleurs moyens de faire face à la menace" du Hamas.
Les affrontements se sont poursuivis ces dernières heures, notamment dans le plus grand hôpital du territoire, l'hôpital Al Shifa, dans la ville de Gaza.
Les forces israéliennes affirment avoir tué plus de 140 combattants palestiniens et en avoir arrêté plus de 350 depuis le début de la semaine.
Une trêve "toujours possible
Blinken, qui rencontrera Netanyahu vendredi, a également noté que "les écarts se réduisent" dans les négociations en vue d'une trêve. "Il est difficile d'y parvenir, mais je pense que c'est encore possible", a-t-il déclaré.
Parallèlement à ces pourparlers, les États-Unis ont soumis au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu "lié à la libération de tous les otages restants".
La dernière version du texte, consultée par l'AFP, souligne la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous les côtés et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire".
Allié historique d'Israël, les Etats-Unis ont jusqu'à présent opposé leur veto à plusieurs résolutions de l'ONU appelant à un cessez-le-feu, estimant que celui-ci aurait profité au mouvement islamiste Hamas.
Mais face au coût humain de la guerre et à la menace de famine qui pèse sur Gaza, Washington accroît la pression sur Israël pour qu'il parvienne à une trêve et évite une offensive terrestre sur Rafah.
Prime Minister Benjamin Netanyahu is currently meeting privately, at the Kirya in Tel Aviv, with US Secretary of State Antony Blinken. An expanded meeting with the members of the War Cabinet will be held later. pic.twitter.com/G6cPPBQpBc
— Prime Minister of Israel (@IsraeliPM) March 22, 2024
Les pays de l'Union européenne ont également exhorté Israël à s'abstenir de prendre d'assaut Rafah et ont appelé à une "pause humanitaire immédiate" dans le conflit.
Ils ont été rejoints vendredi par l'Australie et le Royaume-Uni, alliés des États-Unis et d'Israël, qui ont déclaré dans un communiqué "l'urgence d'une cessation immédiate des combats à Gaza".
La Chine s'est déclarée "favorable" à ce que le Conseil de sécurité prenne "des mesures significatives" pour "mettre fin rapidement aux combats à Gaza". Pékin, membre permanent du Conseil, n'a pas précisé s'il soutiendrait le texte de Washington.
La guerre a éclaté le 7 octobre avec l'assaut surprise du Hamas sur le sud d'Israël, faisant quelque 1 160 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Quelque 250 personnes ont également été enlevées dans le sud d'Israël. Quelque 130 d'entre elles se trouvent toujours à Gaza, dont 33 seraient mortes, selon les estimations israéliennes.
En réponse à l'attaque, Israël a juré de "détruire" le Hamas et a lancé une opération aérienne et terrestre contre la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste depuis 2007.
Jusqu'à présent, 31 988 personnes ont été tuées à Gaza à la suite de cette opération, principalement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza.
We've been working for an immediate ceasefire that secures the release of hostages.
— Secretary Antony Blinken (@SecBlinken) March 21, 2024
This would create space to surge more humanitarian aid in Gaza, relieve the suffering of many people, and build the foundation for an enduring peace. pic.twitter.com/cAIojga9FG
Menace de famine
En marge du voyage de Blinken en Israël, le chef des services de renseignement israéliens, David Barnea, doit rencontrer à Doha ses homologues américain et égyptien, William Burns et Abbas Kamel, ainsi que le premier ministre qatari, Mohammed bin Abdulrahman Al Thani.
La semaine dernière, le Hamas a accepté une trêve de six semaines plutôt qu'un cessez-le-feu permanent, comme il l'avait exigé précédemment. Mais des divergences subsistent quant à l'échange d'otages du Hamas contre des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.
Un accord de trêve devrait également entraîner une augmentation de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, où les ONG et les agences des Nations unies mettent en garde contre le risque imminent de famine.
Israël impose actuellement un siège quasi total à l'enclave et surveille étroitement toute l'aide entrante, ce qui ralentit le flux, principalement en provenance d'Égypte.
"Les enfants meurent de faim. Ils sont privés de nourriture", a averti le Comité des droits de l'enfant des Nations unies, qui a réitéré son appel à un cessez-le-feu.
Plusieurs pays organisent des largages aériens de nourriture et un corridor maritime a également été ouvert entre Chypre et Gaza, mais les Nations unies rappellent que ces initiatives ne peuvent se substituer aux livraisons terrestres.