Le Burkina Faso et le Niger quittent le G5 Sahel et en révèlent les faiblesses

L'alliance née en réponse à la menace terroriste perd deux membres et la crise née au Mali s'aggrave. Après son départ en mai, le G5 Sahel a été durement touché et plongé dans une crise qui connaît aujourd'hui ce qui pourrait être son coup de grâce. Les coups d'État au Burkina Faso et au Niger ont mis toute la région en alerte. La stabilité, qui brillait déjà par son absence au Sahel, a finalement été dynamitée par ce qui se confirme aujourd'hui comme l'abandon de l'alliance.
Le communiqué publié conjointement par les deux administrations indique que Niamey et Ouagadougou "ont décidé, en toute souveraineté, que le Burkina Faso et le Niger se retirent de tous les organes affiliés au G5 Sahel, y compris la force conjointe", avec effet immédiat. Ainsi, le groupe né avec le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad est désormais composé des deux derniers. Les deux qui quittent aujourd'hui le G5 estiment que "l'organisation est confrontée à des difficultés pour atteindre ses objectifs".

L'association, née en 2014 avec l'intention d'éradiquer le terrorisme, est aujourd'hui laissée en rade par le départ de plus de la moitié de ses membres. Tous ont subi des coups d'État dans leur histoire récente. L'arrivée de régimes militaires au Sahel a, comme on pouvait s'y attendre, mis fin au peu de stabilité que le G5 avait tenté d'apporter à la région. Une tâche qu'il a d'ailleurs accomplie en partie grâce à l'aide financière de l'Union européenne.
C'est en 2017 que, face à la montée du terrorisme au Sahel, une force militaire conjointe a été lancée. Cette démarche a également été motivée par la faiblesse manifeste des armées des cinq États. Aujourd'hui, avec plus de la moitié des membres en dehors du G5, l'idée d'une nouvelle alliance - entre les deux qui viennent de quitter le G5 et, de manière prévisible, le Mali - émerge comme une réponse à l'échec de cette tentative de bloc contre le terrorisme, qui n'a pas résisté à une série de coups d'État qui ont atteint leur apogée au Niger en juillet de cette année.

Le Burkina Faso et le Niger comprennent que l'organisation est sous "le contrôle de partenaires étrangers qui travaillent pour leurs propres intérêts en évinçant les Sahéliens". Ils estiment que le G5 défend actuellement des intérêts étrangers plutôt que ceux des pays sahéliens eux-mêmes, reprochant à l'alliance de ne pas reconnaître le droit à la souveraineté de ces derniers.
Cependant, ce départ du Burkina Faso et du Niger confirme la faiblesse d'une région qui, en plus de souffrir du terrorisme qui a motivé la création du G5, est de plus en plus menacée par des régimes militaires. Un amalgame d'États de facto contrôlés par des militaires est en train de se créer, ce qui devrait avoir pour effet de continuer à plonger nombre de ces pays dans la pauvreté et la décadence.

Même l'aide de l'UE au G5, mentionnée plus haut, n'a pas réussi à unir ces États, qui voient des ennemis dans ce qui devrait être des alliés. La situation est encore plus complexe. L'une des rares alliances censées veiller sur la situation précaire du Sahel est vouée à l'échec - si elle n'est pas déjà considérée comme telle - et les coups d'État ne font que continuer à plonger la région dans un gouffre de chaos et d'insécurité.