Déclaration d'Alger : Tebboune et Macron conviennent de "renouveler" le partenariat bilatéral

Le président français Emmanuel Macron a conclu son voyage en Algérie en signant la Déclaration d'Alger avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. Avec cet accord, Macron atteint l'objectif principal de sa visite dans le pays d'Afrique du Nord : renforcer les liens avec son ancienne colonie après des années de relations tumultueuses.
Dans leur déclaration commune, les deux pays annoncent le début d'"une nouvelle ère" et jettent les bases "d'un partenariat renouvelé par une approche concrète et constructive axée sur les projets d'avenir et la jeunesse", rapporte France24.
Lors de la signature du document, Tebboune a qualifié la visite de Macron d'"excellente et réussie" et a déclaré que ce voyage avait permis un rapprochement "qui n'aurait pas été possible sans la personnalité du président français lui-même".

Pour sa part, Macron a noté qu'au cours de ses journées en Algérie, il a pu aborder "toutes les questions sensibles" entre les deux pays et s'est félicité de la signature de la Déclaration d'Alger, un accord qui, selon les mots du président français, favorisera un "dialogue permanent sur toutes les questions, y compris celles qui nous ont empêchés d'avancer".
Pendant le mandat de Macron, les relations bilatérales entre Alger et Paris ont atteint le sommet de la tension à l'automne dernier, lorsque le dirigeant français a accusé le pays du Maghreb de fomenter la haine envers la France. En réponse à ces déclarations controversées - Macron a également souligné que l'histoire algérienne ne reposait pas sur des vérités - Tebboune a décidé de retirer son ambassadeur de Paris et a fermé son espace aérien aux avions militaires français.
Cependant, les liens ont commencé à s'améliorer plus tôt dans l'année grâce à plusieurs appels téléphoniques entre les deux présidents qui ont permis à l'ambassadeur algérien de rentrer en France. Par la suite, à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie en juillet, Macron a envoyé une lettre à Tebboune dans laquelle il exprime sa volonté de "renforcer les liens déjà forts entre la France et l'Algérie".

Le voyage de Macron en Algérie et la signature de la déclaration commune interviennent peu après le départ définitif des derniers soldats français du Mali et en pleine invasion de l'Ukraine par la Russie. Ce rapprochement intervient également à un moment où les pays européens tentent de réduire leur indépendance énergétique vis-à-vis de Moscou en cherchant de nouvelles alternatives.
"Pour le moment, la France a plus besoin de l'Algérie que l'Algérie n'a besoin de la France, qui n'a pas grand-chose à offrir", a déclaré à Sud Ouest Geoff Porter, de North Africa Risk Consulting. Porter note qu'en revanche, "la Russie donne à l'Algérie presque tout ce qu'elle demande". Les relations entre Alger et Moscou ne se sont pas détériorées depuis le début de la guerre. En effet, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, s'est rendu dans ce pays d'Afrique du Nord en mai, tandis que le chef d'état-major algérien, Said Chengriha, a récemment participé à une conférence sur la sécurité internationale organisée par Moscou.
L'Algérie, tout en renforçant ses liens avec la Russie - son principal fournisseur d'armes - maintient également une coopération énergétique avec l'Europe. Comme le note Al-Arab, le gouvernement de Tebboune "se trouve face à un dilemme entre son engagement envers son alliance traditionnelle avec la Russie et son besoin de revenus d'exportation de gaz vers l'Europe".