Des experts allemands mettent en garde contre les liens entre le Polisario et le terrorisme sahélien et saharien

La situation dans les camps de Tindouf, outre sa complexité intrinsèque sur le plan humanitaire, est troublée par les intentions inquiétantes du Front Polisario. A la situation déjà compliquée des camps s'ajoute la volonté de recruter de nouvelles recrues à des fins terroristes, ce que révèlent des experts allemands dans un rapport publié par le média ARD. Ils désignent les camps de la région algérienne de Tindouf comme une cible pour les groupes radicaux du Sahel et du Maghreb afin de diffuser leurs idées et de recruter de nouveaux membres pour leurs organisations.
Les informations publiées par les médias allemands désignent directement l'un des hommes forts du Front Polisario, Ismail Ahmed. Lié à ISIS en Afrique et collaborateur important dans le recrutement de nouveaux membres par le biais de forums Internet, Ismail n'est pas inconnu de la justice espagnole. Fin mai, l'Audience nationale de Madrid l'a condamné à deux ans de prison - en plus de cinq ans de mise à l'épreuve - pour "radicalisation", entre autres chefs d'accusation. Récemment, il a été vu dans des vidéos de propagande dans lesquelles il envoyait des messages tels que : "Mon chemin est le Coran, qui est mon épée, c'est le même chemin que j'ai parcouru dans le passé, et c'est le même chemin que j'ai parcouru dans le passé".

Les groupes terroristes actifs dans les régions du Sahel et du Sahara effectuent un important travail de recrutement dans des régions telles que Tindouf en raison de l'instabilité et de la pauvreté qui les entourent. Il s'agit d'un terreau fertile pour les groupes radicaux qui y diffusent leurs idées, ce qui ne veut pas dire qu'il s'agit de l'objectif ultime, loin de là. En effet, le journal allemand pointe du doigt l'Occident qui, selon les observateurs, reste la cible principale de tous ces groupes : "Ces groupes ne se concentrent pas uniquement sur le contrôle des zones de la région, mais ils font tous partie de cette stratégie globale, ce qui signifie que les attaques contre l'Occident sont une priorité".
Hans-Jakob Schindler, directeur de l'organisation internationale à but non lucratif Counter Extremism Project, met précisément en garde contre cela et souligne également le danger de telles tentatives de recrutement en Europe également : "Il est encore possible d'exploiter des personnes en Europe provenant de régions en conflit, de les radicaliser et éventuellement de les motiver à commettre des attentats". C'est un travail que certains, comme Ahmed, ont l'intention de faire en Europe, ce qu'il a fait par le biais d'un numéro de téléphone allemand qu'il a utilisé pour masquer son identité.

Cette pratique est plus courante en Europe, car la communication au Sahel se limite à la messagerie Facebook. C'est ce réseau qui est le plus souvent utilisé par les terroristes pour inonder les réseaux de leurs idées extrémistes et recruter de nouveaux membres. Comme l'explique à BR24 l'organisation des anciens services de renseignement, "la communication y est très limitée. Cela signifie qu'ils n'utilisent leurs comptes Facebook que pour se connecter les uns aux autres. Ensuite, ils passent au service de messagerie Telegram ou à d'autres moyens de communication". Cela crée l'une des situations les plus préoccupantes pour les services de renseignement allemands, à savoir la connexion entre les différents groupes terroristes.
Qu'il s'agisse de Boko Haram au Nigeria, d'Al-Shabaab en Somalie ou des factions de DAESH opérant dans le Sahara et le Sahel, tous sont en contact et connaissent les mouvements des uns et des autres. Comme le souligne Hans-Jacob Schindler, l'objectif est clair : "Là où les gouvernements sont faibles, où il y a des difficultés économiques, où il y a des inégalités, il y a bien sûr un potentiel de recrutement pour les groupes terroristes". De nombreux facteurs créent un contexte propice au développement de l'activité terroriste dans des régions aussi difficiles que Tindouf, où la présence du Polisario rend la situation encore plus compliquée, si c'est possible.

Ce qu'il ne faut pas oublier, selon le psychologue Ahmad Mansour, qui est en contact fréquent avec les réfugiés de Tindouf, c'est que l'instabilité et la pauvreté ne sont pas les seuls éléments qui provoquent ce type de croisement. Il est également influencé par "la manière de comprendre l'islam qui y est pratiqué, qui conduit toujours les individus à se radicaliser", en référence à ce que le Front Polisario tente d'imposer. Tout cela tisse un réseau aussi complexe que dangereux, dont les premières victimes se trouvent dans les camps de Tindouf, où l'extrémisme se répand de plus en plus parmi ses membres.